Des équipes de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, de l’Université Paris-Sud, de l’Inserm, et du centre de référence pour les neuropathies amyloïdes familiales et autres neuropathies périphériques rares (NNERF)*, coordonnées par le Pr David Adams, se sont intéressées à l’évaluation de la survie à long terme des patients atteints de neuropathie amyloïde familiale traités par transplantation hépatique.
Leurs travaux, publiés dans Journal of the American College of Cardiology, ont permis de développer un modèle prédictif rapide et simple d’utilisation. L'identification des patients à haut risque ainsi permise doit inciter à la prudence dans le choix de la transplantation hépatique et doit conduire à considérer des stratégies thérapeutiques alternatives.
Le risque de décès après transplantation hépatique pour les patients avec neuropathie amyloïde familiale peut dorénavant être estimé en moins d’une minute grâce à un calculateur en ligne mis à la disposition des praticiens de tous les centres prenant en charge cette pathologie dans le monde.
La neuropathie amyloïde familiale à transthyrétine (NAF) est une maladie génétique rare affectant principalement les nerfs périphériques et le cœur. Elle est due à une mutation du gène de la transthyrétine, une protéine synthétisée notamment par le foie. Il s’agit de la plus grave des neuropathies héréditaires de l’adulte, multi-handicapante et mortelle, très souvent par atteinte cardiaque.
La transplantation hépatique, ou greffe du foie, est le traitement de référence de cette maladie qui concerne plus de 500 patients adultes en France et 10 000 dans le monde. Proposée précocement, elle peut stopper la progression de la maladie.
A ce jour, plus de 2 000 patients ont été transplantés dans le monde. Compte tenu de la pénurie de greffon, l’identification des candidats à haut risque de décès après transplantation hépatique est un enjeu majeur.
Les équipes de cardiologie du Pr Slama et du Dr Algalarrondo de l’Hôpital Antoine-Béclère, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris/Université Paris-Sud, et les équipes de neurologie du Dr Theaudin et du Dr Cauquil de l’Hôpital Bicêtre, AP-HP/Université Paris-Sud, ont étudié les cas de 215 patients pris en charge au sein du centre de référence NNERF* et ayant bénéficié d’une transplantation hépatique réalisée par les équipes des Pr Didier Samuel et Denis Castaing et du Dr Teresa Antonini du Centre Hépato-Biliaire de l’Hôpital Paul-Brousse, AP-HP/Université Paris-Sud.
Au cours du suivi, 84 décès ont été enregistrés, le plus souvent d’un problème cardiaque. Un modèle pronostique prédisant la probabilité individuelle de décès au cours des 5 premières années après transplantation hépatique a été développé sur la base de l’analyse de 53 paramètres.
Cinq facteurs péjoratifs significatifs ont ainsi été identifiés :
- des troubles de la marche nécessitant une canne,
- une hypotension orthostatique (diminution de la pression artérielle lors du passage de la position couchée à debout),
- une difficulté respiratoire à l'effort,
- un paramètre de l’électrocardiogramme,
- l’épaisseur de la paroi entre les ventricules à l’échographie cardiaque.
Pour le Pr David Adams, « l’identification de patients à haut risque représente une avancée majeure et devrait permettre d’alerter les praticiens vis-à-vis de l’option de transplantation hépatique et d’orienter les patients vers des traitements alternatifs : médicaments anti-amyloïdes disponibles ou en essai clinique ou double transplantation foie et cœur ».
Source :
Prediction of Long-Term Survival After Liver Transplantation for Familial Transthyretin Amyloidosis.
Algalarrondo V et al, J Am Coll Cardiol. 2015 Nov 10;