French English
Menu
  • Rechercher un nom de médecin, un service
  • Rechercher un contenu
Select the desired hospital

Epidémiologie et pronostic des patients sans domicile admis en réanimation

Publié le Page vue 623 fois. Communiqués de presse

Les médecins du service de réanimation médicale et le service social de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) en collaboration avec l’UPMC et l’Inserm, ont étudié l’épidémiologie et le pronostic des personnes sans domicile admises en réanimation. Ils se sont fondés sur l’analyse des séjours hospitaliers des personnes admises dans le service de réanimation médicale de l’hôpital Saint-Antoine, AP-HP, durant une période de douze ans et demi (soit près de 10 000 séjours entre juillet 2000 et décembre 2012). Les résultats de cette étude ont été publiés le 19 mars 2015 dans la revue Critical Care Medicine, Il s’agit de la première publication internationale sur le sujet.

Parmi les 9774 admissions considérées dans cette étude, 421 (4,3%) concernaient des personnes sans domicile. Quatre critères de précarité ont été analysés chez ces personnes : leur lieu de vie, leurs ressources financières, leur couverture sociale et leur entourage social ou familial. 69%  des personnes sans domicile vivaient dans la rue, les autres étaient hébergées dans des lieux d’urgence, chez un tiers, vivaient dans un foyer ou un hôtel. La moitié des personnes sans domicile n’avait pas de couverture sociale, 56% n’avaient aucune ressource financière, et plus de 90% n’avaient aucun entourage social ou familial. Dans une analyse incluant ces quatre critères de précarité, l’âge, le sexe et la sévérité à l’admission en réanimation, le fait de vivre dans la rue était associé à une mortalité hospitalière accrue.

En comparaison avec les séjours des personnes ayant un domicile, les séjours des personnes sans domicile concernaient plus souvent des hommes (89% versus 57%), des personnes plus jeunes (âge médian de 49 ans versus 62 ans), et le motif principal d’admission était différent. En particulier, une personne sans domicile sur trois était admise pour coma alors que la proportion correspondante chez les personnes ayant un domicile était de une sur cinq. Du fait de ces différences observées entre les deux populations et afin de comparer leur prise en charge et leur pronostic, chaque séjour d’une personne sans domicile a été apparié à quatre séjours de patients avec domicile en tenant compte de l’âge, du sexe, du motif et de la date d’admission en réanimation. L’analyse multivariée des séjours appariés a montré que la proportion de décès en réanimation et à l’hôpital était similaire dans les deux populations. En revanche, parmi les survivants à la réanimation, la durée moyenne de séjour des personnes sans domicile était significativement plus longue que celle des patients ayant un domicile de près d’un jour en réanimation (6,5 jours contre 5,6 jours) et de plus de quatre jours lorsque la totalité du séjour hospitalier était considérée (19,1 jours versus 14,7 jours).

« Fruit d’une collaboration étroite entre soignants, travailleurs sociaux et chercheurs, cette étude montre que les personnes sans domicile admises en réanimation bénéficient du même niveau de soins et ont le même pronostic que celles ayant un domicile » explique le Pr Bertrand Guidet, chef du service de réanimation médicale de l’hôpital Saint-Antoine, AP-HP, qui a coordonné ces travaux. «Cette étude met également en évidence que les personnes sans domicile ont des durées de séjour significativement plus longues, ce qui engendre des surcoûts pour les services les prenant en charge. Par opposition aux travaux américains qui rapportent une réduction de l’intensité des soins et une surmortalité chez les personnes sans couverture sociale admises en réanimation, les résultats de cette étude soulignent que le principe d’universalité du système de santé français s’accompagne effectivement d’une égalité des chances, quelle que soit l’origine sociale des personnes, même dans des situations d’une extrême gravité. Ils mettent aussi en exergue la nécessité d’une modification des règles actuelles de tarification des séjours qui ne prennent pas en compte le surcoût associé à la précarité. »

La chaire Hospinnomics de l’Hôtel Dieu, qui réunit l’AP-HP et l’École d’Économie de Paris, a été saisie par le directeur général de l’AP-HP afin de déterminer comment la tarification à l’activité pourrait prendre en charge cette spécificité.

Source
Critical Care Medicine, DOI : 10.1097/CCM.0000000000000944
Homeless Patients in the ICU: An Observational Propensity-Matched Cohort Study.
Naïke Bigé1,2, Gilles Hejblum3,4,5, Jean-Luc Baudel1, Annie Carron6, Sophie Chevalier7, Claire Pichereau1,2, Eric Maury1,3,4, Bertrand Guidet1,3,4
1Service de Réanimation Médicale, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France ; 2Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, UPMC Univ Paris 06, Sorbonne Universités, Paris, France ; 3U1136, INSERM, Paris, France ; 4UMR_S 1136, UPMC Univ Paris 06, Sorbonne Universités, Paris, France ; 5Unité de Santé Publique, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France ; 6Service Social Hospitalier, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France ; 7Département de l’Information Médicale, Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France.

Références des études américaines
Danis M, Linde-Zwirble WT, Astor A, et al. How does lack of insurance affect use of intensive care? A population-based study. Crit Care Med 2006;34(8):2043-2048.
Fowler RA, Noyahr LA, Thornton JD, et al. An official American Thoracic Society systematic review: the association between health insurance status and access, care delivery, and outcomes for patients who are critically ill. Am J Respir Crit Care Med 2010;181(9):1003-1011.
Lyon SM1, Benson NM, Cooke CR, et al. The effect of insurance status on mortality and procedural use in critically ill patients. Am J Respir Crit Care Med 2011;184(7):809-815. doi: 10.1164/rccm.201101-0089OC.

Revue générale Française sur le sujet : à paraitre dans la revue REANIMATION
N Bigé, JL Baudel, A Caron, C Pichereau, S Bourcier, V Dubée, A Galbois, H Ait Oufella, E Maury, M, B Guidet. Précarité et réanimation : épidémiologie et pronostic. Réanimation 2015 (sous presse)).
 

Les coordonnées du service presse

CONTACTER LE SERVICE DE PRESSE DE L'AP-HP

En semaine, merci d’adresser vos demandes par mail à l’adresse service.presse@aphp.fr avec vos coordonnées téléphoniques, nous vous rappellerons dès que possible. Le WE vous pouvez joindre l’astreinte presse au 01 40 27 30 00. Compte-tenu de la situation sanitaire et en cohérence avec les consignes relatives aux visites des patients hospitalisés, nous privilégions les entretiens/interviews dans les bureaux et salles de réunion, en dehors des services de soins

Responsable du pôle presse et réseaux sociaux :

Alizée Barbaro-Feauveaux

Attachée de presse :

Miena Alani

Chargé de communication presse et réseaux sociaux :

Théodore Lopresti


Directrice de la communication et du mécénat de l'AP-HP :

Isabelle Jourdan

Assistance publique Hôpitaux de Paris