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Cancers du poumon survenant chez des personnes vivants avec le VIH & intérêt d’une stratégie STOP and GO dans le traitement des cancers bronchiques à petites cellules.

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Itw du Pr Jacques Cadranel : Cancer du poumon & VIH - Etude CHIVA
AP-HP
Par le Pr Jacques Cadranel, chef du service de pneumologie de l’hôpital Tenon, AP-HP

Sous embargo jusqu’au samedi 4 juin 2016 18h30 heure française

Etude IFCT 1001 CHIVA : une étude de phase 2 évaluant l’intérêt d’un doublet associant carboplatine-pémetrexed en traitement de 1ère ligne des cancers du poumon survenant chez des personnes vivants avec le VIH

Cancers du poumon chez les personnes vivant avec le VIH : une maladie particulièrement agressive 

Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer chez les personnes vivant avec le VIH, avant même le syndrome de Kaposi et les lymphomes directement associés à la maladie. 

  • Chez ces patients, le pronostic est encore plus péjoratif que celui rapporté dans la population générale 
  • Et ce d’autant plus que bien souvent, ils n’ont pas accès aux essais cliniques évaluant les nouveaux médicaments en oncologie thoracique. 

Jusqu’alors, aucun essai prospectif multicentrique n’ayant évalué les traitements du cancer du poumon dans cette population, plusieurs traitements pouvaient être proposés à ces patients, mais sans traitement de référence spécifiquement recommandé. 

Dans le cadre de l’AP-HP et dans l’optique d’une meilleure coordination des soins du VIH, le centre de référence CancerVIH dont le responsable national est J.P. Spano (groupe Hospitalier la Pitié-Salpêtrière), coordonne depuis maintenant plus de 2 ans, une RCP* nationale sur la prise en charge des personnes  vivant avec le VIH atteints d’un cancer ; des études précoces spécifiquement dédiées au cancer chez les personnes vivant avec le VIH devraient être mises en place prochainement dans le service du Pr JP Spano. 

IFCT 1001 CHIVA, 1ère étude internationale menée chez les personnes vivant avec le VIH atteintes d’un cancer du poumon 

L’étude CHIVA portée par l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique et coordonnée par le Dr Armelle Lavolé, oncopneumologue à l’Hôpital Tenon (AP-HP), est la première étude, prospective, multicentrique ayant recherché à définir un traitement de référence pour le traitement de 1ère ligne des personnes vivant avec le VIH atteintes d’un cancer bronchique non à petites cellules à prédominance non épidermoïde. 
Le traitement consistait en une chimiothérapie par un doublet de platine contenant du carboplatine et du pémetrexed, option plus adaptée à ces patients, le carboplatine  présentant un risque moins élevé de toxicité rénale et d’interactions médicamenteuses avec les traitements anti rétroviraux. Les patients recevaient 4 cycles de chimiothérapie par carboplatine-pémetrexed et ceux dont la maladie était contrôlée à la fin du traitement, recevaient ensuite un traitement de maintenance par pémétrexed. 

Parmi les paramètres analysés, le contrôle de la maladie après 4 cycles de traitement constituait le critère principal de cette étude et une analyse précise de la toxicité était prévue. 

Doublet de platine à base de carboplatine en traitement de 1ère ligne : des résultats intéressants 

Au total, 61 patients, âgés en moyenne de 52 ans, étaient inclus dans cette étude,  93,4% d’entre eux étaient fumeurs ou d’anciens fumeurs et 96% d’entre eux recevaient un traitement antirétroviral. 
La tolérance à ce protocole de traitement était satisfaisante et rassurante avec :

  • Une incidence et une sévérité des évènements indésirables comparables à celles rapportés chez les patients non porteurs du VIH traités par le même protocole de chimiothérapie 
  • Et l’absence d’infection rapportée dans cette population particulièrement à risque. 
  • Un contrôle de la maladie après les 4 cycles de chimiothérapie était observé chez environ la moitié des patients (51%), chiffre supérieur à l’hypothèse envisagée avant le début de l’étude. 
  • En revanche, comme cela était prévisible en raison de l’agressivité de la maladie dans ces contextes, la médiane de survie sans progression n’était que de 3,6 mois (alors qu’elle se situe aux environs de 6 mois dans la population générale)
  • et la survie globale était en moyenne de 7,6 mois. 

 

Cette étude menée en traitement de 1ère ligne dans le cancer de poumon chez les personnes vivant avec le VIH est une première dont les résultats permettent aujourd’hui de proposer un traitement adapté et validé ; elle constitue aussi un point de départ pour mettre en place des programmes d'essais thérapeutiques auxquels participeront le centre de référence ONCOVIH, l'ANRS et les inter groupes comme par exemple l'IFCT pour le cancer bronchique et le LYSA pour les lymphomes. 

 

Etude IFCT 1102 BUCiL : une étude de phase 2 évaluant l’intérêt d’une stratégie STOP and GO dans le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules   

Vers un nouveau concept de traitement 

Cette étude française, supervisée par l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique, à laquelle un certain nombre d’investigateurs de l’AP-HP ont participé, originale de par son schéma de traitement, a été coordonnée par Pr. J. Bennouna (ICO, Nantes) ; celui-ci, très impliqué dans la prise en charge des cancers bronchiques et en oncologie digestive, a proposé d’évaluer comme c’est déjà fait dans les cancers colorectaux, la faisabilité de réintroduire du cisplatine en traitement de 2ème ligne après progression.  Administré à des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules et remplissant les indications des AMM, le traitement de 1ère ligne consistait en 3 cures associant une chimiothérapie par cisplatine-pémetrexed et du bévacizumab suivi d’une maintenance par bévacizumab ; puis, une réintroduction du cisplatine associé au pémétrexed était prévue au moment de la progression suivie d’une double maintenance par pémétrexed-bévacizumab. 
L’objectif était d’optimiser l’utilisation de ces trois molécules en réduisant à 3 cycles la première ligne de traitement pour diminuer le risque de toxicité et d’améliorer l’efficacité en réintroduisant le sel de platine à la progression et en proposant ensuite une double maintenance par pémétrexed-bévacizumab. 

Des résultats de survie globale inégalés dans cette population 

Parmi les 113 patients inclus dans cette étude et éligibles, 65/113 (57,5%) ont pu recevoir le traitement de 2ème ligne et 37/65 (56,9%) patients, l’ensemble de la deuxième séquence thérapeutique à pleine dose. La survie sans progression en 2ème ligne était en moyenne de 6,6 mois, supérieure aux chiffres habituellement rapportés. Les résultats obtenus avec ce protocole original qui a permis un maintien sous traitement sur une période d’environ 11 mois, indiquent une médiane de survie globale de l’ordre de 18 mois, supérieure aux données rapportées jusque-là avec les protocoles classiques de traitement. Par ailleurs, aucune toxicité inattendue n’était rapportée.  

Prochaine étape : un essai de phase 3 pour confirmer ces résultats 

Bien que préliminaires et obtenus sur un nombre de patients limité, les résultats très prometteurs de cette étude suggèrent l’intérêt d’une stratégie de ce type chez les patients éligibles à deux lignes de chimiothérapie. Ces données prometteuses suggèrent l’intérêt de poursuivre le développement de cette stratégie thérapeutique dans un essai de phase 3 afin de confirmer ces résultats. 

*RCP : Réunion de Concertation Pluridisciplinaire

Réunion au cours de laquelle des professionnels de santé de différentes disciplines (oncologues, infectiologues, pneumologues…) discutent des dossiers des patients pour décider de la meilleure prise en charge à proposer à chaque personne.
Assistance publique Hôpitaux de Paris