Les histoires familiales fourmillent dans le sport comme en témoignent de multiples et célèbres générations de haut niveau, en France et ailleurs dans le monde. Une étude dirigée par Juliana Antero, chercheure à l’IRMES, et Jean-François Toussaint, IRMES-INSEP, Université Paris Descartes & Hôtel-Dieu AP-HP, et publiée dans la revue Frontiers in Physiology, a étudié l’héritabilité de la haute performance sportive, dont l’importance n'avait jamais été quantifiée auparavant.
Ce travail posait la question suivante : avoir une championne ou un champion dans la famille augmente-t-il ses propres chances de réaliser un nouvel exploit ?
Pour y répondre les chercheurs ont mesuré la probabilité de décrocher une médaille Olympique parmi les 125 000 athlètes ayant participé aux Jeux d’été et d’hiver depuis 1896.
Ils ont ainsi confirmé 5661 liens de parenté entre ces olympiens et mis en évidence que les nièces ou neveux, les enfants ou petits-enfants, les frères ou sœurs et les jumeaux ou jumelles d'anciens médaillés olympiques ont plus de chances d’obtenir une médaille à l’issue des Jeux que les athlètes sans lien de famille.
Leur probabilité d’être médaillé est d’autant plus grande que
- la relation génétique avec un ancien médaillé est importante (jumelles/jumeaux > sœurs/frères > filles/fils > nièces/neveux > petits-enfants) ;
- le temps séparant leur participation aux Jeux est faible ;
- leur discipline sportive est proche voire identique.
De plus, l’avantage des liens de parenté augmente actuellement, à mesure que l’on s’approche des limites humaines.
La performance est ainsi le résultat d’une interaction entre les prédispositions génétiques et les conditions environnementales. Les impacts socio-culturels ont en effet été évalués par l’intervalle des probabilités selon la similarité des disciplines pratiquées ou l’écart temporel entre les générations.
Ces analyses révèlent l’importance de la contribution génomique à l'héritabilité d'une médaille olympique (mesurée à 20,5% chez les athlètes de ce niveau), même si l’on ne connaît pas encore l’ensemble des gènes ou des clusters responsables.
Elles montrent enfin que cet effet, volontaire ou non, ne cesse de se renforcer au cours de l’histoire olympique.
Source:
A medal in the Olympics runs in the family: a cohort study of performance heritability in the Games history
Juliana Antero, Guillaume Saulière, Adrien Marck, Jean-François Toussaint Frontiers in Physiology, Octobre 2018,
doi: 10.3389/fphys.2018.01313 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6157334/