French English
Menu
  • Rechercher un nom de médecin, un service
  • Rechercher un contenu
Select the desired hospital

Vers un traitement adapté et personnalisé dans les cancers colorectaux de stade III

Mis à jour le . Page vue 651 fois. Signaler ce contenu

Une étude internationale coordonnée par le Pr Julien Taïeb, chef du service d’hépato-gastro-entérologie et d’oncologie digestive de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, AP-HP, université Paris Descartes.

Retrouvez également sur les explications en vidéo du Pr Julien Taïeb 

En résumé

Il s’agit d’une grande étude internationale menée auprès de 4000 patients, atteints d’un cancer colorectal de stade III, avec une forte implication des centres français et coordonnée par le Pr Julien Taïeb. Les résultats de cette analyse montrent une association entre l’existence de certaines mutations, appelées mutations de BRAF et mutations de KRAS, et l’évolution de la maladie, ces deux mutations augmentant le risque de décès,  de rechute, et de décès après la rechute. Pour la pratique, ces données suggèrent l’intérêt dans le futur de rechercher systématiquement ces deux mutations chez les patients atteints d’un cancer colorectal de stade III, pour favoriser une approche plus personnalisée du traitement et augmenter les chances de guérison.

Les traitements du cancer colorectal

Le traitement du cancer colorectal, cancer qui touche le colon et/ou le haut rectum, dépend du stade de la maladie. Alors que les tumeurs dites in situ peuvent être retirées au cours d’une simple coloscopie, les cancers de stade I et II, d’une taille plus importante doivent être retirées au cours d’une intervention chirurgicale.

Les tumeurs de stade III sont des cancers qui se sont développés au-delà du colon et/ou du rectum, dans les ganglions voisins. Leur traitement repose comme pour les stades II sur la chirurgie mais une chimiothérapie (appelée aussi chimiothérapie adjuvante) est aussi recommandée après l’intervention chirurgicale, pendant plusieurs mois, pour augmenter les chances de guérison en limitant le risque de rechute. La chimiothérapie utilisée dans le traitement du cancer colorectal à ce stade de la maladie associe deux médicaments, le 5-fluoro-uracile ou 5-FU et l’oxaliplatine. Les tumeurs de stade IV sont des cancers métastatiques qui se sont développés à distance de la tumeur initiale, par exemple, au niveau du foie, du poumon ou des os. 

Des travaux menés auprès d’une large population d’environ 4000 patients : la France, 1er pays recruteur

Deux grandes études, européenne et américaine, ont été menées afin d’évaluer l’efficacité d’une nouvelle thérapie ciblée*, chez environ 4000 patients atteints d’un cancer colorectal de stade III, avec une participation particulièrement importante de la France dans l’étude européenne : 1er pays recruteur, une centaine de centres français ayant participé à l’étude et environ 750 patients inclus.

Bien que les résultats de la thérapie ciblée aient été décevants, ces deux études ont permis d’obtenir et d’analyser les caractéristiques biologiques, notamment l’existence de certaines mutations, de l’ensemble des tumeurs retirées lors de la chirurgie, et ce sont les résultats de cette analyse que le Pr J. Taïeb a présenté cette année au congrès américain de cancérologie.

Des données de qualité, de grandes avancées dans la connaissance de ces cancers

Les résultats de cette analyse sont d’autant plus intéressants qu’il s’agit d’une étude qui a été réalisée avec des critères de qualité à partir de dossiers particulièrement bien renseignés, une population de patients très importante d’environ 4000 patients, sur 2 continents aux pratiques médico-chirurgicales différentes, et un suivi très rapproché des patients qui ont été vus  tous les 2 mois pendant plusieurs années.

Alors que l’existence et le rôle de deux anomalies biologiques, mutations de KRAS et de BRAF, étaient connus pour les cancers colorectaux de stade IV, les cancers avec métastases, leur rôle n’était pas connues pour les stades plus précoces de la maladie, notamment les stades III (cf. ci-dessus).

Comme le rapporte le Pr J. Taïeb, cette étude a permis d’une part, de mettre en évidence que ces deux types de mutations, mutations de KRAS et de BRAF, sont aussi présentes chez les patients présentant un cancer colorectal de stade III et d’autre part, que leur existence influence le pronostic et l’évolution de la maladie (dans la population des patients « microsatellites stables » qui représentent 90% des patients atteints d’un cancer de stade III).

- Une mutation de BRAF est rapportée dans 7 à 10% des cas et une mutation de KRAS dans environ 40% des cas.

- Et très clairement, chez les patients qui présentent un cancer colorectal avec l’une de ces deux mutations, le risque de rechute est plus important qu’en l’absence de mutation, et la survie après la rechute et la survie globale sont moins longues.

Ces résultats sont très importants car ils signifient qu’en pratique, il va falloir dans le futur rechercher l’existence de ces mutations chez tous les patients, afin de mieux adapter nos traitement et proposer peut-être aux patients qui présentent ces mutations (KRAS ou BRAF), un traitement plus intensif pour augmenter les chances de guérison.

* Thérapie ciblée : traitement capable de cibler, dans certaines situations bien précises, les cellules cancéreuses ou leur environnement et de bloquer leur fonctionnement

 

A voir aussi

Assistance publique Hôpitaux de Paris