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Une session unique dédiée aux syndromes myéloprolifératifs

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avec l’intervention du Pr. J.J. Kiladjian, du centre d'investigations cliniques de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP)

Les syndromes myéloprolifératifs et leurs traitements

Les syndromes myéloprolifératifs qui sont des maladies tumorales de la moelle osseuse caractérisés par une production en excès de cellules sanguines, qui peuvent induire différents types de maladie : polyglobulie de Vaquez, thrombocytémie essentielle, splénomégalie myéloïde appelée aussi myélofibrose primitive. La présence de cellules sanguines en quantités anormales peut provoquer des complications vasculaires, au niveau des vaisseaux sanguins, comme des thromboses (caillots de sang dans les vaisseaux sanguins), des accidents vasculaires cérébraux et/ou des infarctus du myocarde. Les syndromes myéloprolifératifs sont des maladies chroniques qui évoluent au long cours pendant de nombreuses années. Sur le long terme, ces maladies de la moelle osseuse peuvent se transformer en maladies plus sévères et plus agressives appelées myélofibroses* et leucémies aiguës**.

Les objectifs principaux des traitements utilisés actuellement dans les syndromes myéloprolifératifs sont, d’une part de réduire le risque de complications, notamment les thromboses, et d’autre part, de diminuer le risque d’évolution vers la myélofibrose et les leucémies aigues. Jusqu’à présent, deux grands types de traitements étaient utilisés :

  • Les traitements dits antiagrégants plaquettaires comme l’aspirine à faibles doses qui permettent de diminuer le risque de formation de thromboses (caillots)
  • Des traitements apparentés à des médicaments de chimiothérapie qui diminuent le nombre de cellules dans le sang mais sans effet nets sur le risque de transformation à long terme (myélofibrose, leucémies aigues).

Dans certaines situations très particulières, chez les patients atteints de myélofibrose, une greffe de moelle osseuse peut être proposée.

Au congrès américain de cancérologie, zoom sur des thérapies ciblées*** pour diminuer le risque de thrombose et de transformation à long terme

Récemment, des progrès importants ont été réalisés avec la mise au point et le développement de thérapies ciblées* (ruxolitinib) dans le traitement des syndromes myéloprolifératifs. Cette nouvelle voie a été ouverte notamment grâce à la mise en évidence chez environ la moitié des patients présentant un syndrome myéloprolifératif, d’anomalies biologiques appelées mutation de JAK2, qui présentes sur les cellules sanguines, sont responsables de leur prolifération anormale dans la moelle osseuse et dans le sang.

Ces nouveaux traitements ont fait l’objet d’une session spécifique au congrès américain de cancérologie au cours de laquelle le Pr J.J. Kiladjian a présenté l’ensemble des travaux auxquels son équipe et lui ont largement participé.

Ainsi, récemment l’efficacité démontrée de deux traitements, le ruxolitinib et l’interféron alpha, dans les syndromes myéloprolifératifs.

  • Le traitement par interféron alpha (traitement très utilisé aussi dans le traitement des hépatites virales) permet de réduire le nombre de cellules tumorales porteuses de cette mutation de JAK2 et est indiqué dans le traitement des polyglobulies de Vaquez.
  • Des essais cliniques ont été menés avec succès au cours de ces dernières années avec le ruxolitinib, nouveau traitement qui cible les cellules tumorales porteuses d’une mutation de JAK2 ; ces études ont permis de démontrer l’efficacité remarquable de cette molécule, dans différents types de syndrome myéloprolifératif, notamment les polyglobulies résistantes au traitement standard et surtout les myélofibroses pour lesquelles, il n’existait jusque-là aucun traitement particulièrement actif. Dans deux essais cliniques, américain et européen, menés chez des patients souffrant de myélofibrose, les résultats ont montré que le ruxolitinib, 1er inhibiteur de JAK2, est remarquablement efficace sur les symptômes (grosse rate, amaigrissement, fièvre, douleurs), et qu’il permet d’allonger la survie des patients. Ces données très significatives ont  amené l’agence européenne du médicament et l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) à autoriser la mise sur le marché du ruxolitinib dans le traitement symptomatique (splénomégalie, signes généraux) de la myélofibrose primitive. Plus récemment, son efficacité a également été démontrée dans la polyglobulie de Vaquez et de la thrombocytémie essentielle chez les patients résistants ou ayant des effets indésirables du traitement conventionnel par chimiothérapie, donnant lieu à une extension de son autorisation de mise sur la marché dans cette indication.
  • Le profil de tolérance de ces deux médicaments, interféron alpha et ruxolitinib, est globalement satisfaisant. Les principaux effets secondaires observés avec le ruxolitinib sont des effets hématologiques (diminution des globules rouges, des globules bancs et /ou des plaquettes) liés au mode d’action du médicament et la survenue d’infections inattendues, mais ces infections restent rares et l’information et la surveillance rapprochée des patients recevant ce traitement permet de les détecter précocement.

Les prochains enjeux dans le traitement des syndromes myéloprolifératifs 

Le recul obtenu aujourd’hui avec le traitement par interféron alpha après plusieurs années de suivi permet maintenant d’envisager un arrêt du traitement lorsque la maladie n’est plus détectable et ce avec un risque de rechute qui semble modéré. Les études menées avec le ruxolitinib étant plus récentes, le recul est moins important ; mais son utilisation dans les myélofibroses depuis plus de 7 ans chez certains patients montre qu’une diminution des effets bénéfiques peut être observée après 4 à 5 ans d’utilisation chez environ un patient sur deux ; c’est la raison pour laquelle des essais cliniques sont en cours actuellement avec de nouveaux traitements, nouveaux inhibiteurs de JAK2. L’association de différents traitements devrait permettre dans l’avenir, non seulement d’agir efficacement sur les symptômes et de réduire le risque de transformation mais surtout d’aboutir à une véritable guérison de la maladie.

 

* Les myélofibroses sont des maladies au cours desquelles les cellules sanguines (globules rouges, globules blancs et plaquettes) deviennent de moins en moins nombreuses au sein de la moelle osseuse, qui est envahie par du tissu fibreux.

** Les leucémies aigues sont caractérisées par la présence de cellules sanguines anormales, cancéreuses, qui prolifèrent de façon anarchique dans la moelle osseuse et dans le sang.

*** Thérapie ciblée : traitement capable de cibler dans certaines situations bien précises, les cellules cancéreuses ou leur environnement et de bloquer leur fonctionnement

 

 

 

 

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