Une équipe de l’Institut de Myologie a développé, en collaboration avec une équipe Sorbonne Université - INSERM et du service de Pneumologie, Médecine Intensive et Réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, co-dirigée par le Pr Thomas Similowski, des chercheurs du CNRS de l’Université Paris-Saclay et du centre hospitalier universitaire de Nimègue (Hollande), une méthode non-invasive pour évaluer la fonction du diaphragme, muscle principal de la respiration. Cette nouvelle méthode peut constituer une alternative aux méthodes de référence invasives, qui reposent sur l’utilisation de sondes introduites dans l’oesophage et l’estomac des patients. Ces travaux, publiés dans la revue Journal of Applied Physiology, ouvrent la voie à un meilleur diagnostic et suivi de la dysfonction du diaphragme, fréquemment à l’origine d’une insuffisance respiratoire chronique ou aigüe.
Avec 24 000 contractions quotidiennes, le diaphragme est le muscle principal de la respiration. A chaque inspiration, il s’abaisse et s’aplatit ce qui provoque une augmentation du volume de notre thorax permettant à l’air de rentrer dans nos poumons. Lorsqu’il se relâche, il reprend progressivement sa position initiale. Comprendre la structure et le fonctionnement de cet organe est vital car son dysfonctionnement, quelle qu’en soit l’origine, peut causer des troubles respiratoires. A ce jour, la seule méthode de référence pour l'évaluation de la fonction diaphragmatique repose sur la mesure de la pression transdiaphragmatique (utilisant des sondes oesophagiennes et gastriques), une technique peu utilisée car invasive et qui nécessitent un haut niveau d’expertise. Mais l’évaluation de la fonction du diaphragme est primordiale dans de nombreuses situations cliniques, chez les patients sous ventilation artificielle ou atteints de maladies neuromusculaires (comme les myopathies).
C’est pourquoi, Damien Bachasson, chercheur dans le laboratoire de Physiologie et Evaluation Neuromusculaire de l’Institut de Myologie (hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP), et ses collaborateurs ont développé une méthode non-invasive d’évaluation par imagerie échographique. Ces travaux, dont la preuve de concept a été réalisée chez 15 volontaires sains, ont permis de valider l’efficacité et la précision de cette nouvelle approche. « Pour nous, cette étude est la pierre angulaire d’une nouvelle ère pour l’exploration du diaphragme chez les patients. Les données issues de ce travail collaboratif sont très précieuses et nous permettent d’envisager l’utilisation de ces approches dans les maladies neuromusculaires et au-delà, dans le cadre de la recherche d’abord, puis dans les soins courants. » explique Damien Bachasson.
Désormais, les équipes s’attèlent à étudier sa faisabilité et son potentiel chez des personnes en réanimation afin d’obtenir de meilleures prédictions sur le succès de l’extubation. En parallèle, des projets de recherche sur l’utilisation de ces méthodes dans les maladies neuromusculaires sont également en cours de préparation.
Sources:
Damien Bachasson1, Martin Dres2, Marie-Cécile Niérat2, Jean-Luc Gennisson3, Jean-Yves Hogrel1, Jonne Doorduin4, Thomas Similowski2
Affiliations : 1 Institute of Myology, Neuromuscular Investigation Center, Neuromuscular Physiology Laboratory, Paris, France ; 2AP-HP, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix, Service de Pneumologie, Médecine Intensive et Réanimation, (Département “R3S”), F-75013, Paris, France ; Sorbonne Université, INSERM, UMRS1158 Neurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique, F-75005 Paris, France ; 3 Imagerie par Résonance Magnétique Médicale et Multi-Modalités (IR4M), CNRS UMR8081, Université Paris-Saclay, Orsay, France ; 4 Department of Neurology, Donders Institute for Brain, Cognition and Behaviour, Radboud University Medical Center, Nijmegen, The Netherlands
https://doi.org/10.1152/japplphysiol.01060.2018