
L’ASCO a organisé cette année une session éducationnelle en Hématologie à propos de la prise en charge des leucémies aigues myéloïdes (LAM) qui constitue un groupe de maladies très hétérogène, sur le plan génétique, pronostique et thérapeutique. Le Pr Nicolas Boissel, chef du service clinique des maladies du Sang et des unités Adolescents et Jeunes Adultes, à l’hôpital Saint-Louis, AP-HP, fera au cours de cette session un état des lieux sur le traitement de certaines formes de LAM, les LAM CBF.
Les formes CBF de LAM : un pronostic favorable et des guérisons fréquentes sous traitement
L’incidence des leucémies aigues myéloïdes (LAM) en France est d’environ 3000 nouveaux cas par an. Les LAM CBF ou LAM à Core-Binding Factor, formes particulières de LAM, représentent 20 à 25% des LAM de l’enfant, 10 à 15% des LAM chez l’adulte jeune de moins de 60 ans et 5% des LAM chez l’adulte au-delà de 60 ans, et il s’agit de formes de pronostic le plus souvent favorable.
Le traitement de ces formes chimiosensibles repose sur une chimiothérapie qui associe deux molécules, une anthracycline et de l’aracytine, protocole qui permet d’obtenir des taux de rémission de plus de 90% et qui évite le plus souvent le recours à une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques en première intention contrairement à d’autres formes de LAM.
Récemment, le gemtuzumab ozogamicine, anticorps monoclonal couplé à une chimiothérapie, a été développé avec succès en France dans l’étude de phase III randomisée, ALFA-0701, en association à la chimiothérapie de référence. Le bénéfice du gemtuzumab ozogamicine est principalement observé dans les formes de LAM à bon pronostic et notamment dans les LAM CBF, avec des taux de survie à 5 ans qui passent de 55% à 77,5% dans une méta-analyse européenne et américaine. Les principales toxicités du gemtuzumab ozogamicine sont hépatique et hématologique.
Ce médicament a obtenu une AMM européenne et de nouvelles questions se posent maintenant sur le dosage et l’utilisation optimale de cette molécule dans cette population de patients afin d’obtenir une meilleure balance bénéfice-risque.
Des anomalies génétiques spécifiques et des thérapeutiques plus ciblées
L’étude des cohortes pédiatriques et adultes françaises a permis d’identifier des profils particuliers de mutations géniques associées à ces LAM.
Ainsi, trois quart de ces leucémies présentent des anomalies touchant des voies de signalisation pour lesquelles des thérapeutiques ciblées de type inhibiteurs de tyrosine kinase sont en cours d’évaluation.
La maladie résiduelle, un marqueur de la réponse au traitement
Dans ces formes de LAM, il existe des outils de biologie moléculaire qui permettent de suivre précisément la maladie résiduelle, c’est-à-dire la persistance de cellules malignes dans le sang ou la moelle osseuse. La maladie résiduelle permet d’évaluer précocement la sensibilité de la maladie au traitement. A la fin des traitements, une simple prise de sang permet d’anticiper une éventuelle rechute de la maladie et de reprendre les traitements sans attendre.
Des rechutes qui restent sensibles à la chimiothérapie, traitement de référence
Les rechutes qui surviennent au cours des LAM CBF restent généralement sensibles au traitement antérieur, ce qui permet d’espérer des guérisons même en cas de récidive de la maladie.
Références
Education Session à l’ASCO le Samedi 2 Juin à 8h00, heure locale (15h, heure de Paris) intitulée « Acute Myeloid Leukemia : The Good, the Bad, and the Ugly”.