En utilisant les données de la cohorte ComPaRe Covid long (https://compare.aphp.fr), des chercheurs de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris et d’Université Paris Cité, coordonnés par le Dr Viet-Thi Tran ont décrit l’évolution de 53 symptômes du Covid long, au cours de sa première année, chez 968 patients avec une infection confirmée biologiquement.
Cette étude est la première au monde à reconstruire l’histoire précise de chaque symptôme au cours du temps. Elle montre notamment 12 mois après le début des symptômes, 85% des patients qui avaient eu des symptômes persistants rapportaient encore des symptômes de Covid long.
Les résultats de l’étude ont fait l’objet d’une publication dans Nature Communications, le 05 avril 2022.
En mars 2022, environ 471 millions de personnes ont été infectées par le virus SARS-CoV2 responsable de la COVID-19. Selon les études, environ 10-15% de ces patients vont avoir des symptômes persistant plusieurs semaines, voire plusieurs mois et souffrent de « Covid long ». Les symptômes les plus fréquemment rapportés sont la fatigue, les céphalées (i.e., mal de tête) et des troubles de la concentration de type « brouillard mental ».
Jusqu’à ce jour, les études s’intéressant au Covid long ont principalement porté sur le suivi de patients après une infection aigue par le SARS-CoV2. Elles informaient donc surtout sur le risque de développer un Covid long et d’avoir des symptômes persistants.
En revanche, très peu d’études ont suivi des patients avec un Covid long afin d’étudier l’évolution des symptômes dans cette population spécifique et la durée de cette maladie.
Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs menée par le Dr Viet-Thi Tran (Université Paris Cité / Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) a utilisé les données de 968 patients de la cohorte ComPaRe Covid long. Ces données ont permis de reconstruire l’évolution, jour par jour, des symptômes de la maladie. Les participants avaient une infection confirmée par le SARS-CoV2 et au moins un symptôme ayant persisté 2 mois. Ils pouvaient avoir rejoint la cohorte à n’importe quel moment de leur maladie (au moment de la maladie aigue, 6 mois après, etc.).
Les patients inclus dans la cohorte étaient invités à renseigner, tous les 60 jours, sur la plateforme ComPaRe la présence de 53 symptômes de la maladie précédemment identifiés (Tran VT, Clin Inf Dis, 2022).
En utilisant des modèles statistiques complexes tenant compte du moment où les patients étaient inclus dans la cohorte et de la durée de leur suivi, les chercheurs ont montré que, 12 mois après le début des symptômes, 85% des patients qui avaient eu des symptômes persistants rapportaient encore des symptômes de Covid long.
Les chercheurs ont également noté que la maladie changeait au cours du temps.
- Pour 27/53 des symptômes étudiés, la prévalence (i.e., le nombre de personnes rapportant ce problème) diminuait progressivement au cours du temps. Parmi ces symptômes, on notait par exemple la toux, les troubles de l’odorat et les troubles du goût. La prévalence de ce dernier symptôme passait, par exemple de 40% des patients avec un Covid long, 2 mois après le début de la maladie, à environ 20% des patients, 12 mois après le début de la maladie.
- Pour 18/53 des symptômes étudiés, la prévalence ne changeait pas au cours du temps. Ainsi, la prévalence de la fatigue restait stable au cours du temps.
- Pour 8/53 symptômes, la prévalence augmentait au cours du temps, signant l’apparition de nouvelles manifestations de la maladie. Parmi ces symptômes, on notait, par exemple, la perte de cheveux.
Le rythme des symptômes et des « crises » des patients évoluait, avec un espacement progressif des crises au cours du temps.
Un an après le début des symptômes, 60% des patients rapportaient un impact très important de la maladie sur leur vie personnelle, professionnelle et sociale.
Cette étude est la première à décrire la dynamique, jour après jour, des symptômes du Covid long. Ces résultats permettent d’éclairer la physiopathologie de la maladie. Ils permettent d’identifier, parmi l’ensemble des manifestations complexes et hétérogènes du Covid long, celles qui sont davantage liées aux séquelles de la maladie aigue (dont les symptômes diminuent au cours du temps) et celles liées à d’autres mécanismes, que ceux-ci soient immunologiques, psychosomatiques, ou encore inexpliqués. De nouveaux travaux sont en cours au sein de la cohorte ComPaRe Covid long pour identifier des marqueurs (autant biologiques que cliniques) de l’évolution des patients vers une trajectoire de symptômes donnés.
À l’occasion de cette publication, ComPaRe lance donc un appel à la participation à l’ensemble des patients souffrant de Covid long (que l’infection par le SARS-CoV2 soit confirmée ou non). En participant à la recherche médicale via le site sécurisé https://compare.aphp.fr, les patients contribuent à faire avancer la recherche médicale publique sur leur maladie et partagent leur expérience.
Créée en 2017 par l’AP-HP, ComPaRe, la Communauté de Patients pour la Recherche rassemble aujourd’hui plus de 50 000 patients volontaires partout en France. Ils contribuent à faire avancer la recherche sur leur(s) maladie(s) chronique(s) en répondant régulièrement aux questionnaires en ligne des chercheurs, sur la plateforme sécurisée https://compare.aphp.fr. Les patients participent à la cohorte générale et/ou à l’une des quatorze cohortes dédiées au diabète, à la maladie de Verneuil, au vitiligo, à la lombalgie chronique, aux maladies rénales, aux vascularites, à l’hypertension artérielle, à l’endométriose, aux neurofibromatoses ou au syndrome de Marfan. |
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