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Deux formes distinctes de myocardites fulminantes associées à l’infection par le SARS-CoV-2

Publié le Communiqués de presse

Des équipes du service de médecine intensive-réanimation de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, en collaboration avec des chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université, au Centre d'Immunologie et des Maladies Infectieuses (CIMI-Paris) ont étudié la survenue d’atteintes cardiaques (myocardites fulminantes) associées à l’infection par le SARS-CoV-2.

Cette étude montre que l’utilisation des critères de syndrome inflammatoire multisystémique (MIS) permet d’identifier deux phénotypes ayant des présentations bio-cliniques et des pronostics différents. Elle identifie des biomarqueurs diagnostiques et de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.

Les résultats de cette étude, coordonnée par le Dr Marc Pineton de Chambrun, le Dr Guillaume Hékimian et le Pr Guy Gorochov, feront l’objet d’une publication le 26 juillet 2022 au sein de la revue The Journal of the American College of Cardiology (JACC).

La myocardite fulminante est une maladie rare et grave touchant principalement des individus jeunes. Elle est responsable d’une inflammation et d’une dysfonction myocardique associées à une mortalité importante.

L’infection par le virus SARS-Cov-2 peut entraîner des myocardites fulminantes, s’intégrant le plus souvent dans un syndrome inflammatoire multisystémique, initialement décrit chez l’enfant (MIS-C, [1]) puis chez l’adulte (MIS-A, [2]). Les traitements recommandés sont les corticostéroïdes et les immunoglobulines intraveineuses.

Cependant, certains adultes atteints de myocardites fulminantes ne présentent pas les critères diagnostiques de MIS-A établis par le Center for Disease Control and Prevention (fièvre prolongée, rash, conjonctivite, atteinte neurologique, digestive, thrombopénie et syndrome inflammatoire marqué) [3], suggérant qu’il existerait plusieurs phénotypes de myocardites fulminantes liées à la Covid-19.

Afin de mieux caractériser les myocardites fulminantes associées à l’infection par le virus SARS-CoV-2 chez l’adulte, l’équipe de recherche a mené une étude rétrospective.

38 patients répondant ou non aux critères du MIS-A admis en soins critiques à l’Institut de Cardiologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP pour une myocardite fulminante secondaire à une infection par le virus SARS-CoV-2 entre mai 2020 et juin 2021.

Le groupe de patients qui ne présentaient pas les critères du MIS-A (groupe MIS-A-) avait une infection SARS-CoV-2 plus récente (délai médian de survenue après le début des symptômes Covid-19 : 3 jours), une PCR SARS-CoV-2 plus fréquemment positive, une myocardite plus grave nécessitant plus fréquemment le recours à l’assistance circulatoire extracorporelle par ECMO veinoartérielle4, et une mortalité hospitalière plus importante. Chez l’autre groupe de patients présentant ces critères (MIS-A-+), la défaillance cardiaque survenait de manière retardée (délai médian de survenue après la Covid-19 prouvée : 32 jours) et était moins sévère, le virus était typiquement indétectable à ce stade et le pronostic meilleur.

Ces deux phénotypes étaient par ailleurs associés à des profils immunologiques différents. Les réponses innées interféron alpha (précocement impliqué dans la réponse antivirale) et interleukine(IL)-8 (chimiokine qui permet le recrutement des polynucléaires neutrophiles) étaient fortement augmentées chez patients MIS-A-, en comparaison aux MIS-A+.

Les patients MIS-A+ présentaient des taux sanguins particulièrement élevés d’IL-22 et d’IL-17. Ces cytokines jouent un rôle physiologique important au niveau des barrières muqueuses et cutanées et sont produites par les lymphocytes Th17. L’IL-17 est une cytokine pro-inflammatoire impliquée dans plusieurs maladies inflammatoires chroniques.

En résumé, la myocardite MIS-A- survient au même moment que la réponse immunitaire précoce contre la réplication virale. Un point intéressant : 54% de patients MIS-A- exprimaient des anticorps particuliers (les anticorps anti-ARN polymérase III), qui ont déjà été associés à des myocardites fulminantes virales récidivantes [5]. En comparaison, les formes MIS-A+ sont associées à une réponse lymphocytaire spécifique de type Th17, retardée et exacerbée. Les cibles de cette réponse Th17, et la possibilité de réactions croisées entre virus et antigènes myocardiques restent à déterminer.

Cette étude montre donc que les myocardites fulminantes associées à la Covid-19 représentent une entité hétérogène recouvrant 2 phénotypes de patients qui diffèrent par des critères cliniques, immunobiologiques et pronostiques. Elle suggère que l’IL-17, IL-22, l’interféron et les anticorps anti ARN polymérase III pourraient être utilisés comme biomarqueurs pour distinguer ces deux phénotypes.

Les vaccins contre la Covid-19 seraient également associés à un risque de myocardite et de péricardite [6]. Même si ces effets secondaires cardiologiques sont très rares [5], il serait important de déterminer si ces biomarqueurs pourraient aussi aider à les diagnostiquer précocement. Enfin, les inhibiteurs de l’IL-17, qui sont actuellement disponibles sur le marché, semblent une piste thérapeutique intéressante chez les patients MIS-A+.

 

1.              Dufort EM, Koumans EH, Chow EJ, Rosenthal EM, Muse A, Rowlands J, et al. Multisystem Inflammatory Syndrome in Children in New York State. N Engl J Med. 23 juill 2020;383(4):347‑58.

2.              Hékimian G, Kerneis M, Zeitouni M, Cohen-Aubart F, Chommeloux J, Bréchot N, et al. Coronavirus Disease 2019 Acute Myocarditis and Multisystem Inflammatory Syndrome in Adult Intensive and Cardiac Care Units. Chest. 8 sept 2020;

3.              CDC. Multisystem Inflammatory Syndrome (MIS) [Internet]. Centers for Disease Control and Prevention. 2020 [cité 19 déc 2021]. Disponible sur: https://www.cdc.gov/mis/mis-a/hcp.html

4.               L’ECMO (ExtraCorporelle Membrane Oxygénation) est une des techniques d’assistance circulatoire utilisée en urgence pour sauver les malades en grand choc cardiogénique.

En cas de dysfonction sévère du cœur, on relie le cœur à cette machine qui assure tout ou partie de la circulation sanguine.

5.              Pineton de Chambrun M, Charuel JL, Hékimian G, Lifermann F, Mathian A, Cohen-Aubart F, et al. Severe Viral Myopericarditis With Autoantibodies Directed Against RNA Polymerase III. Ann Intern Med. 7 avr 2020;172(7):502‑4.

6. Anders H, Køber L. Lancet 11 june 2022 COVID-19 mRNA vaccination and myocarditis or pericarditis. Disponible sur  https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)00842-X/fulltext

d myocard

Référence: Petra Barhoum, Marc Pineton de Chambrun, Karim Dorgham, Mathieu Kerneis, Sonia Burrel, Paul Quentric, Christophe Parizot, Juliette Chommeloux, Nicolas Bréchot, Quentin Moyon, Guillaume Lebreton, Samia Boussouar, Matthieu Schmidt, Hans Yssel, Lucie Lefevre, Makoto Miyara, Jean-Luc Charuel, Stéphane Marot, Anne-Geneviève Marcelin, Charles-Edouard Luyt, Pascal Leprince, Zahir Amoura, Gilles Montalescot, Alban Redheuil, Alain Combes, Guy Gorochov, Guillaume Hékimian.Phenotypic Heterogeneity of Fulminant COVID-19-Related Myocarditis in Adults.  The Journal of the American College of Cardiology (JACC).

DOI : https://doi.org/10.1016/j.jacc.2022.04.056

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