Le traitement des stades précoces de CBNPC reposait jusque-là sur la chirurgie avec dans certains cas une chimiothérapie administrée en périopératoire, avant ou après chirurgie. L’IFCT a conduit l’essai IONESCO dont l’objectif était d’évaluer l’intérêt d’un traitement par immunothérapie avant chirurgie chez des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules localisé ou localement avancé. Les premiers résultats de cet essai avaient démontré l’efficacité de cette stratégie de traitement avec un taux de réponse histologique majeure de 18,6%. Cette année, le Professeur Marie Wislez du service de Pneumologie de l’hôpital Cochin AP-HP présente en communication orale au congrès de l’ESMO des données qui démontrent pour la première fois avec l’immunothérapie que le taux de cellules tumorales résiduelles viables après traitement est associé au pronostic de la maladie à long terme, évalué sur la survie sans récidive et la survie globale.
L’immunothérapie : une nouvelle approche thérapeutique développée dans les stades précoces de cancer bronchique non à petites cellules
Depuis quelques années, l’immunothérapie a révolutionné la prise en charge des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) métastatiques ; s’est posée la question de son efficacité à des stades plus précoces de la maladie en situation périopératoire.
IONESCO : une étude française promue par l’IFCT (Institut Français de Cancérologie Thoracique)
IONESCO est une étude française de phase II, multicentrique, dont le but était d’évaluer chez 80 patients la faisabilité d’un traitement par immunothérapie, le durvalumab, inhibiteur de PD-L1, en situation néoadjuvante à raison de 3 injections toutes les 2 semaines, avec une chirurgie réalisée dans les 2 à 14 jours suivant la dernière perfusion de durvalumab. Pour être inclus dans cette étude, les patients devaient présenter un CBNPC localisé avec une tumeur d’une taille supérieure à 4 cm, un stade Ib à IIIa non N2, et ce, quelle que soit l’histologie.
Les résultats présentés au dernier congrès de l’ESMO, en 2020, avaient rapporté chez les 50 patients inclus un taux de résection complète, R0, de 89%, témoignant de la faisabilité de la chirurgie après un traitement par immunothérapie, et un taux de réponse histologique majeure de 18,6%.
Le taux de cellules tumorales résiduelles viables après un traitement d’immunothérapie en situation périopératoire: un marqueur pronostique indépendant
Il a été démontré chez les patients traités par une chimiothérapie à base de platine que la réponse histologique est un facteur corrélé à la survie sans récidive et à la survie globale, mais cette association n’avait pas été étudiée jusque-là chez les patients traités par immunothérapie.
L’analyse ancillaire dont les résultats sont présentés cette année par le Professeur Marie Wislez du service de Pneumologie de l’hôpital Cochin AP-HP met en évidence pour la première fois une corrélation significative entre le pourcentage de cellules tumorales résiduelles viables après un traitement par immunothérapie (durvalumab) administré avant la chirurgie et le pronostic de la maladie évalué sur la survie sans récidive (HR=1,71) et la survie globale (HR=1,64).
Conclusions et perspectives
Les résultats de l’essai IONESCO rapportent, chez des patients traités par durvalumab avant chirurgie, un taux de réponse histologique de 18,6% et mettent en évidence pour la première fois avec l’immunothérapie une association significative entre le taux de cellules tumorales résiduelles viables et le pronostic à long terme en termes de survie sans récidive et de survie globale. Cette corrélation démontrée avec un traitement d’immunothérapie en monothérapie (durvalumab) devra être étudiée avec les nouveaux protocoles à l’étude en situation périopératoire qui associent une chimiothérapie à l’immunothérapie.
Références
Communication orale à l’ESMO le samedi 18 septembre 20201- Mini oral session - Non-metastatic NSCLC and other thoracic malignancies (17h30-18h30)
Abstract 1151MO - Pathological response is an independent factor of overall survival and disease-free survival after neoadjuvant durvalumab in resectable non-small cell lung cancer (NSCLC) in the IFCT-1601 IONESCO phase II trial. Marie Wislez (Paris, France)