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ESMO 2021 - Un nouveau facteur pronostique indépendant dans les cancers coliques de stade III : le tumor budding

Publié le Communiqués de presse

Debora Basile, oncologue italienne ayant effectué une mobilité d’un an dans le service d’oncologie digestive de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP (chef de service Professeur Julien Taieb), présente cette année au congrès de l’ESMO, une communication orale sur l’intérêt pronostique du tumor budding dans les cancers coliques. Ce travail a été dirigé par le Professeur Magali Svrcek, du service d’anatomie et cytologie pathologiques de l’hôpital Saint-Antoine AP-HP. 

Le tumor budding est défini par la présence de cellules tumorales isolées ou de petits amas n’excédant pas 4 cellules tumorales situés au niveau du front d’invasion de la tumeur. La détermination du tumor budding a longtemps été rendue difficile par son absence de standardisation. En 2016, une conférence internationale de consensus (ITBCC2016 pour International Tumor Budding Conference Consensus 2016) en a défini précisément les critères selon 3 catégories : Bd1 (faible), Bd2 (intermédiaire) et Bd3 (élevé). L’équipe du Professeur Magali Svrcek a réalisé, à partir des données de la cohorte IDEA France qui regroupe plus de 2000 patients atteints d’un cancer colique de stade III, une nouvelle analyse translationnelle, en utilisant les critères ITBCC2016 ; cette étude met en évidence une association significative entre la catégorie de tumor budding (Bd1 versus Bd2-3) et le pronostic de la maladie évalué par la survie sans récidive et la survie globale. Ces données suggèrent la nécessité de réaliser de façon systématique une analyse du tumor budding chez tous les patients présentant un cancer colique de stade III.

De nouveaux critères anatomo-pathologiques pour affiner le pronostic des cancers coliques de stade III, stratifier les patients et adapter au mieux le traitement

La cohorte française de l’essai international IDEA, qui a inclus plus de 2000 patients atteints d’un cancer colique de stade III, est très bien caractérisée d’un point de vue anatomo-pathologique (implémentation récente de l’item « dépôts tumoraux » en particulier).

Pour rappel, IDEA est une étude prospective de phase III, internationale, de non infériorité qui a été menée auprès de 12 834 patients atteints d’un cancer colique de stade III et dont l’objectif était de démontrer qu’une durée de 3 mois de chimiothérapie adjuvante à base d’oxaliplatine n’était pas inférieure à 6 mois en termes d’efficacité antitumorale.

Les résultats de cet essai, bien que négatifs, ont toutefois permis de personnaliser le type et la durée de la chimiothérapie adjuvante en fonction de critères pathologiques, avec mise en évidence de sous-groupes de patients à bas risque (i.e pT3N1) ou à haut risque (pT4 et/ou N2). Cependant, même dans le groupe des patients à bas risque, environ 20% des patients recevant une chimiothérapie adjuvante récidiveront de leur maladie.

Par conséquent, il est apparu nécessaire de développer un algorithme spécifique pour établir l'intensité et la durée du traitement adjuvant chez les patients ayant un cancer colique de stade III afin de réduire la proportion de patients exposés aux toxicités potentielles de la chimiothérapie et, à l’inverse, ne pas sous-traiter les patients à haut risque de récidive. C’est dans cette optique que des analyses translationnelles complémentaires ont été réalisées au sein de la cohorte IDEA France et ont déjà permis d’identifier deux nouveaux critères associés au pronostic de la maladie, qui sont l’immunoscore et les dépôts tumoraux (1,2).

Un critère anatomopathologique d’intérêt dans le cancer colorectal : le tumor budding

Les caractéristiques histologiques d’une tumeur au niveau de son front d’invasion, là où la tumeur est la plus infiltrante dans l’organe, reflètent son agressivité. C’est le cas en particulier du “tumor budding” (ou “bourgeonnement tumoral” en français), qui est défini par la présence de cellules tumorales isolées ou groupées en amas n’excédant pas quatre cellules tumorales au niveau du front d’invasion de la tumeur.

Depuis 2016, les critères ITBCC2016 élaborés au cours d’une conférence internationale de consensus définissent trois catégories de tumor Budding (TB) : Bd1 (0 à 4 buds : TB faible), Bd2 (5 à 9 buds : TB intermédiaire) et Bd3 (>10 buds : TB élevé) (3). Le tumor budding, qui est considéré comme la traduction sur le plan morphologique  du processus de transition épithéliomésenchymateuse impliqué dans la dissémination métastatique est un marqueur pronostique déjà décrit pour les cancers coliques pT1 (pour l’aide à la décision d’une chirurgie complémentaire après polypectomie) et de stade II, où la présence de Bd de haut grade (Bd3) représente un facteur de mauvais pronostic qui doit être pris en compte dans la décision de traitement adjuvant(4). En revanche, l’impact pronostique du tumor budding dans les cancers coliques de stade III a surtout été évalué dans des séries rétrospectives.

Le tumor budding, un facteur pronostique indépendant dans les cancers coliques de stade III

La communication présentée cette année au congrès de l’ESMO par Debora Basile qui travaille dans l’équipe du Professeur Magali Svrcek à l’hôpital Saint-Antoine AP-HP concerne les résultats d’une analyse translationnelle menée à partir des données de la cohorte IDEA France afin d’évaluer la valeur pronostique du tumor budding dans cette population de patients atteints d’un cancer colique de stade III. Les prélèvements (lames d’hématéïne éosine) de 1048 patients ont été analysés.

Les catégories Bd1, Bd2 et Bd3 ont été observées chez 39%, 28% et 33% des patients, respectivement.

  • Les catégories Bd2 et Bd3 étaient significativement associées à la présence d’emboles vasculaires (p=0,0005) et d’engainements périnerveux (p=0,0009).
  • Le pronostic des patients Bd1 versus les populations poolées de Bd2 et Bd3 était significativement différent en termes de survie sans récidive (p=0,0008) et de survie globale (p=0,0015), avec des taux de survie sans récidive à 3 ans de 79,5% dans le groupe Bd1 (versus 67,2% dans le groupe Bd2-3) et des taux de survie globale à 5 ans de 89,2% pour les Bd1(versus 80,8% pour les Bd2-3).
  • Ce rôle pronostique du tumor budding a été confirmé en analyse multivariée ajustée sur l'âge, le sexe, le groupe de risque (faible : T1-3/N1, élevé : T4 et/ou N2), le grade de la tumeur, l'obstruction/perforation et la durée du traitement (3 versus 6 mois) pour la survie sans récidive (HR = 1,421; p=0,0029) et la survie globale (HR = 1,627 ; p=0,0016).
  • Combinée avec la classification pTN, la catégorie Bd améliorait significativement la manière de pronostiquer la maladie.
  • Une tendance à la limite de la significativité en faveur d’une meilleure survie sans récidive chez les patients du groupe Bd2-3 ayant reçu 6 mois de chimiothérapie (p=0,0729) a été aussi observée.

Conclusions et perspectives

Ces données suggèrent pour la première fois, dans une grande série de patients issus d'un essai randomisé de phase 3, que le tumor budding, déjà exploré dans les cancers coliques de stades pT1 et T2, est un facteur pronostique indépendant dans les cancers coliques de stade III en termes de survie sans récidive et de survie globale. De ce fait, le tumor budding devrait être analysé de façon systématique selon les critères ITBCC2016 chez tous les patients atteints de cancer colorectal.

La durée de la chimiothérapie en fonction du niveau de tumor budding nécessite d’être mieux explorée dans des études prospectives stratifiées selon les catégories Bd1 versus Bd2+3. 

(1)F PagèsT AndréJ Taieb et al. Prognostic and predictive value of the Immunoscore in stage III colon cancer patients treated with oxaliplatin in the prospective IDEA France PRODIGE-GERCOR cohort study. Ann Oncol. 2020;31(7):921-929

(2)Jean-François Delattre, Romain Cohen, Julie Henriques et al. Prognostic Value of Tumor Deposits for Disease-Free Survival in Patients With Stage III Colon Cancer: A Post Hoc Analysis of the IDEA France Phase III Trial (PRODIGE-GERCOR). J Clin Oncol. 2020;38(15):1702-1710

(3)Alessandro LugliRichard KirschYoichi Ajioka et al. Recommendations for reporting tumor budding in colorectal cancer based on the International Tumor Budding Consensus Conference (ITBCC) 2016. Mod Pathol. 2017;30(9):1299-1311

(4)Hideki UenoMegumi IshiguroEiji Nakatani et al. Prospective Multicenter Study on the Prognostic and Predictive Impact of Tumor Budding in Stage II Colon Cancer: Results From the SACURA Trial. J Clin Oncol. 2019;37(22):1886-1894

Références

Communication orale à l’ESMO le samedi 18 septembre 2021 : Mini Oral session : Gastrointestinal tumours, colorectal (17h30-18h25)

Abstract 388MO - Tumor budding, an important prognostic factor in stage III colon cancer patients treated with oxaliplatin-based chemotherapy. Debora Basile (Paris, France).

 

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