Les équipes du service de chirurgie thoracique de l’hôpital Cochin-Port Royal AP-HP, du Centre de Recherche Epidémiologie et Statistiques d’Université Paris Cité et de l’Inserm, coordonnées par le Pr Marco Alifano, le Dr Elisa Daffré et le Pr Raphaël Porcher, ont analysé les données de 62 633 patients opérés d’un cancer pulmonaire grâce à la base de données multicentrique prospective EPITHOR [1].
Elles ont déterminé que la survie globale à long terme après résection du cancer du poumon « non à petites cellules » (NSCLC) peut être prédite par un score composite facile à construire et à utiliser en tenant compte à la fois des facteurs liés à l'hôte et à la tumeur.
Les résultats de ces travaux ont fait l’objet d’une publication le 19 décembre 2022 dans The Lancet Regional Health - Europe.
Le cancer pulmonaire reste la cause principale de décès liée au cancers dans le monde entier et une des premières causes de mortalité tout court [2].
La prise en charge des patients atteints d’un cancer du poumon repose classiquement sur le diagnostic histologique et l’évaluation du stade tumoral lors de sa présentation initiale. Un tiers environ de patients sont opérables au moment du diagnostic, la chirurgie restant le traitement de choix dans les formes localisées.
La morbi-mortalité des interventions chirurgicales a significativement baissé ces dernières années, mais les taux de guérison à long-terme des malades opérés restent sub-optimaux, malgré l’arrivée de nouvelles modalités de prise en charge multidisciplinaires intégrant à la chirurgie les chimiothérapies, les immunothérapies et les thérapeutiques dites ciblées (ciblant des altérations spécifiques de l’ADN tumoral).
L’équipe de recherche a cherché à établir un nomogramme [3] facile à utiliser pour prédire les résultats à long terme et identifier les patients à haut risque.
Elle a étudié les données cliniques, chirurgicales et anatomopathologiques de tous les patients inclus dans EPITHOR, opérés entre 2003 et 2020 d'un cancer bronchique non à petites cellules dans une intention curative.
62 633 patients (43 551 hommes et 19 082 femmes) ont été inclus.
Le critère de jugement principal était la survie globale jusqu'à 5 ans, en évaluant la signification pronostique des variables disponibles à l'aide de la modélisation de Cox [4], dans l'ensemble de données, chez les hommes et chez les femmes séparément, et effectué une validation temporelle, pour construire deux nomogrammes spécifiques au sexe.
AU 28 février 2022, il y avait eu 24 997 décès sur une durée médiane de suivi de 6,4 ans.
La durée médiane de survie était de 9,2 ans.
Sur la base de ces données, les auteurs ont pu construire un score pronostique et des nomogrammes (spécifiques aux hommes et aux femmes) de prédiction de risque à long-terme, démontrant que les facteurs de l’hôte et ceux de la maladie participent ensemble à déterminer l’avenir.
Les auteurs concluent que score et nomogrammes pourraient être utiles dans le développement de futurs essais de prise en charge périopératoire personnalisée du cancer du poumon résécable en termes de traitements périopératoires et de stratégies de suivi.
[1] Base de données épidémiologie en chirurgie thoracique, Epithor a été créé en 2002 à l'initiative de chirurgiens généralistes thoraciques en France. Il est basé sur une base de données remplie de manière prospective, approuvée par la Société française de chirurgie thoracique et cardiovasculaire. Actuellement, 111 centres contribuent à la base de données qui regroupe la majorité des actes chirurgicaux pratiqués dans les services de chirurgie thoracique français.
[2] https://www.wcrf.org/cancer-trends/lung-cancer-statistics
[3] Tableau ou représentation graphique utilisés en nomographie et constitués par un système de points ou de lignes cotés et reliés entre eux.
[4] classe de modèles de survie en statistique
Référence : Marco Alifano, Elisa Daffré, Laurent Brouchet, Pierre Emmanuel Falcoz, Françoise Le Pimpec Barthes, Pierre Benoit Pages, Pascal Alexandre Thomas, Marcel Dahan, Raphael Porcher The Lancet Regional Health - Europe