Une équipe de chercheurs des hôpitaux AP-HP Paul-Brousse et Saint-Louis, de l’Université Paris-Saclay, d’Université de Paris et de l’Inserm, coordonnée par le Pr Cyrille Feray du centre hépato-biliaire de l’hôpital Paul-Brousse AP-HP, a revisité le rôle du HLA en transplantation du foie. Ses travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Annals of Internal Medicine le 23 août 2021.
Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH), aussi appelé antigène HLA chez l’humain (Human Leukocyte Antigen), composé de protéines, permet au système immunitaire de faire la différence entre le soi et le non-soi. Plus le CMH est riche, plus la réponse immunitaire du sujet sera forte. De manière naturelle, le rôle du CMH est de rejeter les virus ou les cancers, mais il joue aussi un rôle majeur dans la tolérance ou le rejet d’une greffe. Il est connu depuis longtemps que plus les CMH d’un donneur et d’un receveur sont compatibles, moins il y a de rejet.
Le but de cette étude a été de tester s’il était possible de prédire le rejet d’une greffe non en se fondant sur la compatibilité des CMH du donneur et du receveur mais simplement en déterminant la complexité du CMH du donneur. Cette dernière est évaluée par la mesure de la divergence évolutive du HLA, ou HLA Evolutionary Divergence (HED). Il s’agit d’une mesure simple à calculer quantifiant les différences peptidiques entre deux allèles HLA, qui reflète la richesse de l’immunopeptidome.
L’étude a porté sur une cohorte de 1154 adultes et 113 enfants ayant reçu une greffe du foie entre 2004 et 2018. Des biopsies du foie permettant d‘évaluer l’état de l’organe ont été réalisées un, deux, cinq et dix ans après la transplantation et en cas de dysfonctionnement hépatique. Chez les adultes comme chez les enfants, le HED du donneur a pu être associé à l’occurrence ou non d’un un rejet aigu ou chronique de la greffe, mais pas à d’autres lésions histologiques. Dans les deux populations, le HED du donneur était indépendant de la compatibilité HLA et bien plus prédictif que cette dernière.
Pour la première fois, un biomarqueur dépendant du donneur et indépendant du receveur peut prédire un rejet de greffe et donc aider à la sélection des donneurs et orienter le traitement immunosuppresseur.
Référence :
Donor HLA Class 1 Evolutionary Divergence Is a Major Predictor of Liver Allograft Rejection, Cyrille Féray, MD, PhD; Jean-Luc Taupin, MD, PhD; Mylène Sebagh, MD, PhD; Vincent Allain, MD, PhD; Zeynep Demir, MD; Marc-Antoine Allard, MD, PhD; Christophe Desterke, MD, PhD; Audrey Coilly, MD, PhD; Faouzi Saliba, MD; Eric Vibert, MD, PhD; Daniel Azoulay, MD, PhD; Catherine Guettier, MD,PhD; Arthur Chatton, MD, PhD; Dominique Debray, MD; Sophie Caillat-Zucman, MD, PhD*; and Didier Samuel, MD, PhD*
DOI : https://doi.org/10.7326/M20-7957
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