L’équipe du centre de référence des maladies vasculaires du foie, coordonnée par le Dr Aurélie Plessier, du service d’Hépatologie de l’hôpital Beaujon AP-HP, d’Université Paris Cité et de l’Inserm UMR 1149, a étudié l’impact du rivaroxaban dans la thrombose de la veine porte non cirrhotique.
Cette étude, à promotion AP-HP et financée par un PHRC national1, a fait l’objet d’une publication le 22 novembre 2022 dans le NEJM Evidence.
La thrombose de la veine porte (TVP) correspond à la survenue récente d’un thrombus dans la veine porte et/ou dans les branches portales droite ou gauche. La thrombose de la veine porte complique le plus souvent une cirrhose. En dehors de la cirrhose, de multiples facteurs de risque sont identifiés.
Les principales complications de la TVP sont les hémorragies gastro-intestinales dues à l’hypertension portale et la récidive de thrombose veineuse.
Notamment, la TVP non cirrhotique est associée dans 60 à 70% des cas à un ou plusieurs facteurs de risque associés de thrombose, facteurs de risque prothrombotique majeurs, ou facteurs de risque prothrombotiques faibles à modérés.
L’objectif de cet essai contrôlé randomisé était d’évaluer l’efficacité du rivaroxaban 15mg/jour pour prévenir la récidive d’évènements thromboemboliques ou le décès chez les patients ayant un antécédent de TVP non cirrhotique et sans facteur de risque majeur de thrombose.
111 patients atteints de TVP chronique non cirrhotique sans les principaux facteurs de risque de thrombose ont été inclus entre septembre 2015 et janvier 2020, dans huit centres en France ayant une expérience dans la prise en charge des maladies vasculaires du foie.
Les patients recevaient soit du rivaroxaban 15mg/jour, soit aucun traitement anticoagulant.
Le critère d’évaluation principal était la survie sans thrombose à deux ans. Les critères d’évaluation secondaires comprenaient la survenue de thromboses et d’évènements hémorragiques majeurs.
Les données de l’étude ont montré qu’après un suivi médian de 11,8 mois, l’ensemble (100%) des patients traités par rivaroxaban n’avaient pas développé de thrombose. En revanche, dans le groupe contrôle qui ne recevait pas de traitement anticoagulant le taux de thrombose était de 19,71% patients années.
Ainsi, l’administration de rivaroxaban 15 mg/jour diminuait l'incidence des thromboses veineuses sans augmenter la fréquence des hémorragies majeures chez les patients ayant un antécédent de TVP non cirrhotique et sans facteur de risque majeur de thrombose.
La présence de D-dimère2 inférieur à 500ng/ml un mois après l'arrêt de l'anticoagulation prédisait un faible risque de récidive à deux ans.
1Programme Hospitalier de Recherche Clinique (P110150)
2marqueur biologique d’activation de la coagulation
Référence : Aurélie Plessier, Odile Goria, Jean Paul Cervoni, Isabelle Ollivier, Christophe Bureau, Armelle Poujol-Robert, Anne Minello, Pauline Houssel-Debry, Pierre Emmanuel Rautou, Audrey Payancé, Giovanna Scoazec, Onorina Bruno, Michele Corbic, Francois Durand, Valérie Vilgrain, Valérie Paradis, Larbi Boudaoud, Emmanuelle de Raucourt, Carine Roy, Nathalie Gault et Dominique Valla. NEJM Evidence