Les équipes des services de Chirurgie digestive oncologique et bariatrique, de Nutrition et d'Informatique médicale, biostatistiques et santé publique de l’hôpital européen Georges-Pompidou et d’Université Paris Cité, coordonnées par le Dr Claire Rives-Lange, le Pr Sébastien Czernichow et le Dr Anne-Sophie Jannot ont étudié l’impact de la chirurgie bariatrique sur la grossesse et les diagnostics néonataux et infantiles.
Cette étude s’appuyait sur les données de la base nationale médico-administrative du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).
Elle a fait l’objet d’une publication le 9 novembre 2022 dans le JAMA Surgery.
Les femmes enceintes souffrant d’obésité sont plus à risque de fausses couches précoces, de diabète gestationnel, de malformations fœtales, d’hypertension gravidique, de macrosomies, de césarienne, et d'accouchements prématurés1,2.
La chirurgie bariatrique est l'option thérapeutique la plus efficace dans la prise en charge de l'obésité sévère. La plupart des patients qui bénéficient de cette chirurgie sont des femmes en âge de procréer. Peu d’essais prospectifs contrôlés sont présents dans la littérature scientifique, concernant le devenir des grossesses et enfants après chirurgie.
L’objectif de cette étude était d’évaluer les bénéfices et risques d’une telle procédure sur la grossesse et la santé de l’enfant.
L'équipe de recherche a comparé la prématurité, le poids à la naissance et les fréquences des diagnostics obstétricaux, néonataux et de l’enfant au cours des deux premières années de vie avant et après chirurgie bariatrique maternelle.
53 813 femmes ayant eu une chirurgie bariatrique (bypass gastrique ou sleeve gastrectomie) et un accouchement, sur la période de janvier 2012 à décembre 2018 ont été incluses. Parmi ces femmes, 3 686 ont eu une grossesse avant et une grossesse après chirurgie bariatrique et ont ainsi pu être leurs propres contrôles.
L’étude a notamment mis en évidence une diminution significative du taux de macrosomes (-12,6%), d'hypertension gravidique (OR : 0,16, IC 95% [0,10 ; 0,23]) et de diabète gestationnel (OR : 0,39 [0,34 ; 0,45]).
Elle a en revanche montré un sur-risque de retard de croissance intra utérin (+4,4%) et pour la première fois, d'hospitalisation pour insuffisance respiratoire (OR : 2,42 [1,76 ; 3,36]), dans les premiers mois de vie, associée au diagnostic de bronchiolite aigue.
D'autres études sont nécessaires pour mieux évaluer les avantages et les risques à moyen et à long terme associés à la chirurgie bariatrique sur l’état de santé des enfants.
Référence : Claire Rives-Lange, Tigran Poghosyan, Aurelie Phan, Alexis Van Straaten, Yannick Girardeau, Jacky Nizard, Delphine Mitanchez, Cécile Ciangura, Muriel Coupaye, Claire Carette, Sébastien Czernichow, Anne-Sophie Jannot, Jama Surgery.
[1] Poston L, Caleyachetty R, Cnattingius S, et al. Preconceptional and maternal obesity: epidemiology and health consequences. Lancet Diabetes Endocrinol. 2016;4(12):1025-1036.
[2] Catalano PM, Shankar K. Obesity and pregnancy: mechanisms of short term and long term adverse consequences for mother and child. BMJ. 2017;356:j1.