Cette étude randomisée, nationale, multicentrique, qui implique des équipes de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, de Sorbonne Université et de l’Inserm, est financée par le ministère des solidarités et de la santé et promue par l’AP-HP (PHRC COVID-19, 2020). Elle est coordonnée par le Pr Zahir Amoura, chef du service de médecine interne 2, maladies auto-immunes et systémiques de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière – AP-HP.
L’objectif est d’inclure dans l’étude 1 633 personnels soignants médicaux et non médicaux travaillant dans un établissement de santé (médecins, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, brancardiers, manipulateurs radio, étudiants en santé …), non-fumeurs (ou anciens fumeurs ayant arrêté depuis plus de 12 mois), n’ayant pas d’antécédent de COVID-19 et travaillant au contact de patients (qu’ils soient ou non atteints de COVID-19).
Les inclusions viennent de démarrer dans les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et Charles-Foix – AP-HP. Elles ont vocation à s’étendre sur le territoire national dans 15 centres hospitaliers, dont le Groupe Hospitalier de la Région de Mulhouse et Sud-Alsace et le centre hospitalier de Gonesse ces prochains jours. Les personnels soignants médicaux et non médicaux des établissements de santé à proximité peuvent également participer à l’étude.
La durée de traitement par patchs de nicotine pendant l’étude est de 4 à 5 mois, et la durée totale de suivi dans l’étude de 6 à 7 mois.
L’épidémie de COVID-19 représente un défi thérapeutique majeur. La haute contagiosité du SARS-COV2 et la durée longue de la maladie ont conduit à un afflux massif sans précédent de patients dans les services de médecine et de réanimation. Selon les connaissances actuelles, il n’existe pas encore de traitement qui prévienne l’infection, notamment dans les populations exposées comme les personnels soignants, ni l’évolution de la maladie vers une forme grave.
Les données récentes évoquent le rôle majeur de la nicotine dans l’effet observé et laissent anticiper un possible bénéfice de l’utilisation des substituts nicotiniques :
- les données épidémiologiques françaises montrent un taux de fumeurs actifs significativement plus faible dans la population COVID-19 que dans la population générale.
- ces données ont été aussi confirmées et renforcées par différentes études dont une étude montrant que l'utilisation de substituts nicotiniques chez les fumeurs est associée à une baisse significative du risque d’hospitalisation pour COVID-19.
De nombreux arguments suggèrent que la nicotine serait responsable de cet effet protecteur en inhibant la pénétration et la propagation du virus dans les cellules (grâce à une action de la nicotine sur les récepteurs d’entrée du SARS-COV2 (récepteurs ACE2)). Elle pourrait ainsi avoir un rôle prophylactique (prévention) sur l’infection COVID19.
Pour rappel, quelles que soient ces hypothèses, le tabagisme est la première cause de mort évitable encore en 2020 et rien ne permet d’espérer un rapport risque/bénéfice positif du tabagisme dans la lutte contre le COVID-19. Le tabac tue beaucoup plus qu’il ne protège.
Afin d’apporter des éléments de réponse quant au rôle de la nicotine et avant toute utilisation en routine, des essais randomisés prospectifs sont indispensables.
Par ailleurs, la tolérance des patchs de nicotine a largement été étudiée :
- chez des non-fumeurs : 35 publications ont présenté l’utilisation de patchs de nicotine (parfois à de très fortes doses) dans le traitement de certaines pathologies (neurologiques ou intestinales) avec une tolérance satisfaisante (grâce à une augmentation progressive de la dose et son adaptation au moindre signe de surdosage). Aucune conduite addictive n’a été rapportée (ceci étant expliqué par une diffusion de la nicotine de manière continue par les patchs, sans pic de nicotinémie (les pics étant à l’origine de l’effet addictif de la cigarette) et par une décroissance progressive contrôlée),
- chez des fumeurs et anciens fumeurs (utilisation pour le sevrage tabagique), dans des populations très variées y compris à risque (cardiovasculaire ou neurovasculaire) ou vulnérables (grossesse). Ces nombreuses publications ont également montré la sécurité d’utilisation et l’absence de syndrome de manque (pour les mêmes raisons).
L’objectif de cette étude, randomisée, en double aveugle est d’évaluer l’efficacité des patchs de nicotine en termes de prévention de l’infection COVID-19 chez des soignants. En acceptant de participer, les soignants seront répartis selon un tirage au sort dans l’un des deux groupes : patchs de nicotine ou patchs de placebo. Ni les participants, ni les médecins en charge de leur suivi dans la recherche ne seront informés de la nature des patchs reçus.
L’évaluation de l’efficacité se fera à travers des examens cliniques, biologiques et des questionnaires. Le suivi de la tolérance se fera sur une application (VIK PROM disponible sur Android et IOS).
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