Les équipes des services de radiologie interventionnelle et d’urologie de l’hôpital Européen Georges-Pompidou HEGP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité ont comparé les effets à moyen terme de l’embolisation des artères prostatiques à ceux d’un traitement médical chez les patients atteints d'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Cet essai, coordonné par le Pr Marc Sapoval et le Pr Nicolas Thiounn, a été financé par le PHRC. Ses résultats ont fait l’objet d’une publication le 26 juin 2023 dans la revue The Lancet Regional Health – Europe.
En vieillissant, la prostate grossit de manière naturelle, non cancéreuse, c’est ce qu’on appelle l’Hyperplasie Bénigne de la Prostate ou HBP. Cette maladie est aussi appelée adénome de la prostate. Lorsqu’elle comprime le canal urinaire (urètre), l’HBP provoque des troubles plus ou moins invalidants de la fonction urinaire.
Elle touche plus de 50% des hommes de plus de 60 ans. Les traitements médicamenteux disponibles permettent d’améliorer les symptômes des patients, au prix d’un risque élevé d’effets secondaires et donc d’abandon1.
L’embolisation des artères prostatiques (EAP) consiste à utiliser la voie naturelle des vaisseaux sanguins pour atteindre la prostate sans chirurgie. Après avoir repéré les artères prostatiques, le radiologue Interventionnel y injecte des petites particules de la taille d’un grain de sable, bouchant ainsi les artères nourricières de la prostate. La glande prostatique va rétrécir progressivement par manque de sang ce qui a pour effet de réduire les symptômes urinaires associés.
L’objectif de l’étude PARTEM était de comparer les effets jusqu’à 2 ans de ce traitement mini-invasif par rapport au traitement médicamenteux chez des patients porteurs d’un adénome supérieur à 50 g.
Les investigateurs ont inclus 90 patients dans 10 hôpitaux français entre septembre 2016 et février 2020. Tous les patients présentaient des symptômes urinaires gênants mesurés à l’aide du questionnaire IPSS (International Prostatic Symptom Score)2, malgré un traitement par alpha-bloquants seul.
Par tirage au sort (randomisation), la moitié des patients (44) a été traitée par une EAP et l’autre moitié (43) par l’association dutastéride 0,5 mg / tamsulosine 0,4 mg par jour (médicament combiné).
Après 9 mois, la réduction des symptômes a été plus importante dans le groupe EAP que dans le groupe médicament combiné, et la différence était significative tant cliniquement que statistiquement. Une différence en faveur de l’EAP a également été observée sur les symptômes sexuels. La procédure, réalisable lors d’une hospitalisation de jour, n'a eu que des effets secondaires mineurs dans les suites immédiates.
Cet essai randomisé positionne donc l’embolisation prostatique comme une alternative crédible à un traitement médicamenteux combiné, chez les patients porteurs d’un adénome de taille modérée à grosse, résistant à un traitement initial par alpha-bloquants.
[1] C.G. Roehrborn, P. Siami, J. Barkin, et al. The effects of combination therapy with dutasteride and tamsulosin on clinical outcomes in men with symptomatic benign prostatic hyperplasia: 4-year results from the CombAT study.
[2] Score de 0 à 35 constitué de 7 questions sur les difficultés mictionnelles et d'une question sur la qualité de vie, l’IPSS permet d'évaluer les troubles urinaires liés à l'hyperplasie de la prostate.
Référence : Marc Sapoval, Nicolas Thiounn, Aurélien Descazeaud, Carole Déan, Alain Ruffio, Gaële Pagnoux, RicardonCodas Duarte, Grégoire Robert, Francois Petitpierre, Gilles Karsenty, Vincent Vidal, Thibaut Murez, Hélène Vernhet-Kovacsik, Alexandre de la Taille, Hicham Kobeiter, Romain Mathieu, Jean-Francois Heautot, Stéphane Droupy, Julien Frandon, Nicolas Barry Delongchamps, Virginie Korb-Savoldelli, Isabelle Durand Zaleski, Helena Pereira, Gilles Chatellier for the PARTEM study group. The Lancet Regional Health – Europe.