L’équipe du service de rhumatologie de l’hôpital Bicêtre AP-HP, de l’Université Paris-Saclay et de l’Inserm, coordonnée par le professeur Xavier Mariette dans le cadre du projet Européen ABIRISK (coordonné par le professeur Marc Pallardy, Faculté de pharmacie de l’Université Paris-Sacay) a étudié l’effet des anticorps anti-biomédicaments sur la réponse clinique au traitement biologique dans la polyarthrite rhumatoïde. Les résultats de cette étude ont été publiés le 12 juillet 2023 dans la revue JAMA Network Open.
La polyarthrite rhumatoïde est la plus fréquente des maladies systémiques auto-immunes. Elle touche 0,5 % de la population générale. Les traitements biologiques introduits il y a plus de 20 ans ont transformé le pronostic de cette maladie en évitant les destructions articulaires. Actuellement, dix traitements biologiques différents sont disponibles pour les patients en échec d’un traitement de première ligne par méthotrexate.
Malheureusement, seuls 40 à 60% des patients poursuivent leurs traitements au bout de deux ans, car leurs effets s’estompent pour des raisons qui restent mal comprises.
L’équipe de recherche a étudié les effets de l’apparition d’anticorps dirigés contre ces biomédicaments, afin de déterminer s’ils pouvaient être à l’origine de la diminution de la réponse clinique.
230 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ont été inclus dans 27 centres et quatre pays, entre mars 2014 et juin 2016. Ils ont été traités par anti-TNF (adalimumab, etanercept ou infliximab), rituximab ou tocilizumab. La réponse clinique a été évaluée au bout de 12 mois selon la réponse EULAR (European Alliance of Associations for Rheumatology)1.
Des anticorps anti-biomédicaments détectés avec une technique sensible apparaissent chez 38,2% des patients traités avec l’anti-TNF, 50% avec le rituximab, 20% avec le tocilizumab et 6.1% avec l’etanercept.
Il existe une relation inverse entre ces anticorps anti-biomédicaments et la réponse clinique. Cette association inverse concerne les anti-TNF mais aussi le tocilizumab et le rituximab. En revanche, un co-traitement par méthotrexate diminue d’environ 50 % la survenue d’anticorps anti-biomédicaments.
Ainsi, l’apparition d’anticorps anti-biomédicaments peut être une cause fréquente d’épuisement d’effet des traitements biologiques dans la polyarthrite rhumatoïde. Les auteurs suggèrent d’effectuer cette recherche en cas de non-réponse ou d’épuisement de réponse au traitement biologique. En cas de positivité, un autre médicament de la même classe pourra être proposé plutôt que de changer de mode d’action.
[1] critères pour évaluer une insuffisance d’efficacité clinique et structurelle
Référence : Samuel Bitoun*, Signe Hässler*, David Ternant$, Natacha Szely$, Aude Gleizes$, Christophe Richez, Martin Soubrier, Jérome Avouac, Olivier Brocq, Jérémie Sellam, Niek de Vries, Tom Huizinga, Elizabeth Jury, Jessica Manson, Claudia Mauri, Andrea Matucci, Salima Hacein-Bey Abina, Denis Mulleman, Marc Pallardy, Philippe Broët and Xavier Mariette on behalf of the ABIRISK consortium JAMA Network Open.
*co-first authors
$co-second authors