L’unité d’addictologie STOCAD de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, dirigée par Bruno Millet, professeur à la faculté de Médecine Sorbonne Université reçoit les premiers patients depuis octobre 2018 dans le cadre de l’étude QICa, « QIgong Craving Addictions » (Plet N., Baumelou A., 2016).
Promu par l’AP-HP, c’est le premier Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) national dédié au qigong, une gymnastique issue de la médecine traditionnelle chinoise.
Cette étude multicentrique, randomisée et contrôlée vise à mesurer son effet dans la réduction du risque de rechute liée à une envie irrépressible de consommer, ou « craving », chez 186 patients alcooliques et souffrant de polyaddictions en cours de sevrage.
C’est dans le cadre de ces recherches que des médecins, psychanalystes, psychomotriciens, kinésithérapeutes et anthropologues se sont réunis le 20 mars 2019 pour échanger sur la place de ces médecines complémentaires plurimillénaires dans le traitement des addictions.
Le risque de rechute après un sevrage alcoolique est de 50% à trois mois. Parallèlement, des techniques de médecine traditionnelle chinoise, comme le qigong, sont progressivement intégrées dans la prise en charge de certaines pathologies, et notamment des addictions.
L’unité d’addictologie STOCAD (pour « Stimulation cérébrale dans les troubles obsessionnels compulsifs et addictions ») de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et le Dr Philippe Podevin, médecin addictologue, inclut 30 à 40% des patients participant au PHRC QiCa.
D’une durée de trois ans, il s’agit de la première étude nationale financée par le ministère en charge de la Santé, mesurant les effets du qigong dans l’aide au maintien du sevrage et dans la réduction du « craving », soit cette envie irrésistible de consommer responsable de la rechute des patients alcooliques.
Quatre hôpitaux – hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP ; hôpital l’Archet à Nice, Dr Cherikh et Dr Truchi ; CHU de Montpellier (hôpital Saint-Eloi), Dr Hélène Donnadieu-Rigole ; et hôpital Suburbain à Bordeaux-le Bouscat, Dr Emars ; avec la collaboration du Pr Auriacombe (steering comitee) – participent à l’inclusion de 186 patients.
Sous la direction scientifique du Dr Nathalie Plet, et la coordination du Pr Alain Baumelou du Centre intégré de médecine traditionnelle chinoise de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et Sorbonne Université, porteur du projet, l’étude fait appel à une méthodologie mixte, à la fois médicale et psychologique. Elle repose à la fois sur des mesures biologiques (prélèvements sanguins) et des examens cliniques.
Après tirage au sort, les patients, suivis sur une période de neuf semaines, reçoivent :
> soit la prise en charge habituelle ;
> soit treize séances de qigong durant neuf semaines, dispensées à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP dans le Centre intégré de médecine traditionnelle chinoise. Certains patients bénéficient également d’un temps d’écoute.
Les résultats de cette étude permettront de mesurer, à partir d’une échelle visuelle analogique (comme celle utilisée pour l’évaluation de la douleur), l’intensité du craving chez les patients inclus, et ainsi de mieux définir les effets du qigong dans le contrôle de leurs pulsions de consommation et le maintien de leur sevrage alcoolique.
>> En savoir plus sur le programme de la conférence du 20 mars 2019