L’équipe du service de Réanimation médicale adulte de l’hôpital Raymond Poincaré AP-HP, de l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines - Université Paris-Saclay et de l’Inserm, en lien avec le George Institute for Global Health de Sydney (Australie) et l’Université de Californie San Francisco, a étudié le rôle des corticostéroïdes dans la prise en charge des patients en choc septique. Les résultats de cette étude, coordonnée par les Pr Djillali Annane, Anthony Delaney et Romain Pirracchio, ont fait l’objet d’une publication le 22 mai 2023 dans le NEJM Evidence.
Le sepsis1 touche 55 millions de personnes dans le monde et cause 11 millions de décès par an.
La littérature a montré des effets contradictoires sur la mortalité2,3,4, et n’a pas déterminé le rôle des corticostéroïdes dans la prise en charge des patients en choc septique.
Dans cette étude, l’équipe de recherche a regroupé les données d’études conduites entre 1998 et 2019 incluant 7882 patients adultes atteints de choc septique et ayant reçu de l'hydrocortisone par voie intraveineuse à une dose quotidienne maximale de 400 mg pendant au moins 72 heures, ou un placebo.
Les données individuelles sur les patients ont pu être obtenues pour 17 études, et 7 d’entre elles ont fourni des données sur la mortalité à 90 jours.
Le critère de jugement principal était la mortalité toutes causes confondues à 90 jours.
Les résultats secondaires ont inclus la mortalité en réanimation et à la sortie de l'hôpital, à 28 et 180 jours, et le nombre de jours sans nécessité de recourir à des médicaments vasopresseurs pour garantir la fonction cardiovasculaire, à un ventilateur, et le nombre de jours sans défaillance vitale d’organe.
L'hydrocortisone n'est pas associée à une diminution significative de la mortalité quelle qu'en soit la cause 90 jours après le traitement chez l'adulte en choc septique (réduction relative du risque de décès de -7%), mais présente d'autres avantages pour le patient.
Elle était associée à une augmentation significative, en moyenne de 1,24 jours, du nombre de jours sans nécessité de médicaments vasopresseurs.
L’étude suggère également que l’association de fludrocortisone, un corticoïde avec une forte action sur la régulation de l’eau et du sodium, à l’hydrocortisone permettrait de réduire la mortalité (réduction relative du risque de décès de -18%).
C’est la première fois que l’intérêt de l’hydrocortisone pour le traitement des patients avec choc septique a pu être étudié par l’analyse des données individuelles des principaux essais randomisés publiés à ce jour. Les résultats suggèrent que même si l'effet de l'hydrocortisone sur la mortalité est modeste, il peut réduire l'exposition des patients à d'autres médicaments et prévenir leurs complications.
[1] état aigu de dysrégulation de la réponse de l’organisme à une infection (bactérienne, virale, fongique ou parasitaire) entraînant la perte de fonction des organes et un risque vital pour le patient.
[2] Annane D, Renault A, Brun-Buisson C, et al. Hydrocortisone plus fludrocortisone for adults with septic shock. N Engl J Med 2018; 378:809-818. DOI: 10.1056/NEJMoa1705716.
[3] Venkatesh B, Finfer S, Cohen J, et al. Adjunctive glucocorticoid therapy in patients with septic shock. N Engl J Med 2018;378:797- 808. DOI: 10.1056/NEJMoa1705835
[4] Annane D, Bellissant E, Bollaert PE, et al. Corticosteroids for treating sepsis in children and adults. Cochrane Database Syst Rev 2019;12:CD002243. DOI: 10.1002/14651858.CD002243.pub4
Reference : Romain Pirracchio, Djillali Annane, Andre K. Waschka, Francois Lamontagne, Yaseen M. Arabi, Pierre-Edouard Bollaert, Laurent Billot, Bin Du, Josef Briegel, Jeremy Cohen, Simon Finfer, Anthony Gordon, Naomi Hammond, Herve Hyvernat, Didier Keh, Ling Liu, Gianfranco Umberto Meduri, Liliana Mirea, John A. Myburgh, Charles L. Sprung, Neijla Tilouche, Surat Tongyoo, Balasubramanian Venkatesh, Ruiqiang Zheng,Anthony Delaney, NEJM Evidence