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ESMO 2020 - L’immunothérapie : efficace aussi dans les sarcomes de Kaposi

Publié le Communiqués de presse

Le Dr J. Delyon et le Pr C. Lebbé qui travaillent au sein du service de dermatologie de l’hôpital Saint-Louis, AP-HP, ont conduit un essai national de phase II dont l’objectif était d’évaluer l’intérêt d’un traitement par immunothérapie chez des patients atteints d’une maladie de Kaposi. Les premiers résultats de cet essai, présentés en communication orale au congrès de l’ESMO (European Society for Medical Oncology), sont prometteurs avec un taux de meilleure réponse objective dépassant les 70%.

La maladie de Kaposi est une maladie proliférative chronique rare, apparentée aux sarcomes. Différentes formes de la maladie sont décrites : la forme classique chez les personnes âgées originaires de certaines régions (ex : bassin méditerranéen), la forme endémique qui se développe essentiellement en Afrique subsaharienne et qui touche enfants et adultes, mais aussi la forme du transplanté qui survient chez des patients ayant bénéficié d’une greffe d’organe traités par immunosuppresseurs et la forme épidémique en cas d’infection VIH non contrôlée, mettant en évidence le lien entre immunité et développement de ce type de sarcome. Jusque-là, les patients atteints de forme classique ou endémique nécessitant un traitement systémique étaient traités par interféron ou chimiothérapie.

Un fort rationnel en faveur d’un traitement par immunothérapie

La faible immunité rapportée chez les patients qui développent une maladie de Kaposi constitue une première raison d’envisager un traitement par immunothérapie, traitement qui permet d’amplifier la réponse immunitaire antitumorale. La deuxième raison est liée au fait que le sarcome de Kaposi est une maladie liée à une infection par l'herpès virus humain 8 (HHV8). Or, on sait maintenant que l’immunothérapie est efficace dans le traitement d’autres cancers liés à des virus comme le carcinome à cellules de Merkel, l’expression d’antigènes viraux contribuant à rendre les cellules tumorales très immunogènes et donc plus facilement reconnues par le système immunitaire. Quelques cas publiés de patients atteints d’un sarcome de Kaposi et traités par immunothérapie avaient suggéré l’intérêt de ce type d’approche (Delyon et al., Annals of Oncol 2018).

Une étude française de phase II

Il s’agit d’un essai de phase II, multicentrique (hôpital Saint-Louis, AP-HP- hôpital Avicenne, AP-HP et hôpital Lyon-Sud), à un bras, qui a évalué l’efficacité du pembrolizumab (anti-PD-1) chez des patients atteints de sarcome de Kaposi dans une forme classique ou endémique. Cette étude s’est déroulée en deux étapes : une première étape au cours de laquelle 8 patients recevaient le traitement et le taux de réponse obtenu conditionnait la poursuite de l’étude (2ème étape). Le taux de meilleure réponse objective était le critère principal de cette étude.

La première étape de cette étude ayant permis l’obtention d’un nombre suffisant de réponses, la deuxième étape a pu être enclenchée et l’étude poursuivie.

Au total, 17 patients ont été inclus et ont été traités pendant 6 mois par pembrolizumab. Environ la moitié des patients présentaient une forme classique de sarcome de Kaposi et l’autre moitié une forme endémique. La majorité des patients présentaient exclusivement une atteinte cutanée (forme la plus fréquente dans la maladie de Kaposi classique et endémique) et une atteinte ganglionnaire et osseuse était rapportée chez 12% des patients. Au total, 71% des patients avaient déjà reçu un traitement systémique antérieur par interféron et/ou chimiothérapie.

Les premiers résultats de cet essai démontrent l’efficacité du pembrolizumab avec un taux de meilleure réponse objective de 71%, avec 2 patients (12%) en réponse complète et 10 patients (59%) en réponse partielle. D’autres données d’efficacité sont en cours d’analyse, parmi lesquelles la durée de la réponse objective, et seront communiquées ultérieurement.

La tolérance du traitement a été conforme à celle attendue pour le pembrolizumab, 12 patients (71%) ayant présenté au moins un effet secondaire lié au traitement, dont un (6%) de grade 3. Deux patients (12%) ont arrêté le traitement de façon définitive pour toxicité (décompensation cardiaque, pancréatite ; tous deux résolutifs sans traitement corticoïde ni immunosuppresseur). 

Conclusion

Cette étude est le 1e essai rapporté évaluant l’intérêt d’un traitement par anti-PD1 chez des patients souffrant de maladie de Kaposi classique ou endémique. Les taux de meilleure réponse objective, de 71%, témoignent de l’efficacité de cette approche d’immunothérapie, avec des réponses parfois profondes et des améliorations cliniques majeures. Les données complémentaires de cette étude, parmi lesquelles la durée de la réponse objective, et la confirmation avec la publication des résultats d’autres études, sont très attendues.

S’agissant d’une maladie rare avec un faible nombre de patients, un essai de phase III, comparatif, n’est pas envisageable. Cependant, si ces résultats sont confirmés dans d’autres essais, cette approche d’immunothérapie pourra être proposée aux patients souffrant d’une maladie de Kaposi classique ou endémique, dans des situations qui requièrent un traitement systémique.

Références

Communication orale à l’ESMO le vendredi 18 septembre 2020 : session Mini Oral : Melanoma and other skin tumors

Abstract 1077MO mis en ligne sur le site de l’ESMO le vendredi 18 septembre 2020

J. Delyon, M Resche-Rigon, M Renaud, J Le Goff, S Dalle, V Heidelberger, L Da Meda, V Allain, L Toullec, G Carcelain, S Mourah, S Caillat-Zucman, M Battistella, C Lebbe - PD1 blockade with pembrolizumab in classic or endemic Kaposi sarcoma : a multicenter phase 2 study.

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