L’étude KEYNOTE-177 est un essai international de phase III qui a été coordonné par le Pr Thierry André, chef du service d’oncologie médicale de l’hôpital Saint-Antoine à l’AP-HP. Cette étude dont l’objectif était de démontrer les effets d’un traitement d’immunothérapie par inhibiteur de PD-1, le pembrolizumab, chez des patients atteints d’un cancer du colorectal métastatique Micro Satellite Instable (MSI), met en évidence une amélioration significative de la survie sans progression avec une médiane doublée dans le bras expérimental, de 16,5 mois versus 8,2 mois dans le groupe comparateur ayant reçu une chimiothérapie. Des données complémentaires présentées au congrès de l’ESMO (European Society of Medical Oncology) démontrent un impact bénéfique du pembrolizumab (vs chimiothérapie) sur la qualité de vie sous traitement. Ces résultats confirment et valident l’intérêt du pembrolizumab en traitement de 1ère ligne chez les patients porteurs d’un cancer du colorectal métastatique Micro Satellite Instable.
Cette étude, KEYNOTE-177, a été sélectionnée par le comité scientifique de l’ESMO pour être présentée en communication orale le samedi 19 septembre.
L’essai international de phase III, KEYNOTE-177, en traitement de 1ère ligne dans les cancers du côlon MSI
L’essai KEYNOTE-177 est un essai international de phase III qui a évalué en traitement de 1ère ligne l’intérêt d’un traitement d’immunothérapie, le pembrolizumab (inhibiteur de PD-1) versus traitement standard, la chimiothérapie ± bévacizumab ou cétuximab, chez des patients atteints d’un cancer du colorectal métastatique MSI.
Les résultats d’efficacité et de tolérance rapportés au dernier congrès de l’ASCO ont rapporté une amélioration significative de la survie sans progression avec un doublement de la médiane dans le groupe Pembrolizumab, de 16,5 mois versus 8,2 mois dans le groupe chimiothérapie, soit une réduction de 40% du risque de progression sous pembrolizumab (versus chimiothérapie ; HR=0,60 [0,45-0,80] ; p=0,002). Le profil de tolérance s’est révélé plus favorable sous pembrolizumab avec 22% d’évènements indésirables de grade 3 ou 4 versus 66% sous chimiothérapie.
Amélioration de la survie globale et qualité de vie
Les progrès réalisés au cours de ces dernières années ont permis des améliorations significatives de la survie globale chez les patients atteints de cancer. Dans ces contextes, la qualité de vie est devenue un critère important qui nécessite d’être évalué dans les essais cliniques.
L’évaluation de la qualité de vie est complexe et nécessite des échelles et des scores spécifiques, évalué par des questionnaires que les patients remplissent avant et pendant le traitement. Ces questionnaires ont été élaborées afin de mesurer le plus objectivement possible la qualité de vie et ses différents domaines.
L’évaluation de la qualité de vie dans l’étude KEYNOTE-177
La qualité de vie dans l’essai KEYNOTE-177, critère secondaire pré spécifié, a été évaluée à 18 semaines et pendant toute la période de traitement à l’aide de trois échelles :
- Le questionnaire QLQ-C30 de l'EORTC qui est un questionnaire spécifique pour les patients atteints de cancer, qui contient cinq échelles fonctionnelles (fonctionnement physique, social, cognitif et émotionnel), trois échelles de symptômes (fatigue, douleur et nausées/vomissements), une échelle globale d'état de santé et de qualité de vie et six échelles individuelles incluant les symptômes les plus fréquemment rencontrés par les patients atteints de cancer.
- L’échelle EuroQoL 5 Dimensions 3 Levels est un instrument utilisé pour mesurer l’état de santé des patients en utilisant cinq dimensions : la mobilité, les soins personnels, les activités habituelles, la douleur/inconfort, l’anxiété et la dépression.
- Le questionnaire EORTC QLQ-C29 est un module complémentaire spécifique qui évaluer les symptômes associés au cancer colorectal.
Le pembrolizumab : un impact bénéfique sur la qualité de vie
Il est tout d’abord important de souligner que dans cette étude, la compliance des patients pour le remplissage des questionnaires a été satisfaisant, de 93% à l’inclusion et de 88% et 77% à 18 semaines dans les groupes Pembrolizumab et Chimiothérapie, respectivement.
A 18 semaines, une amélioration significative de la qualité de vie évaluée par les scores globaux des échelles EORTC QLQ-C30 (p=0,0002) et EQ-5D-VAS (p=0,0016) est rapportée, avec un impact bénéfique sur la grande majorité des différents domaines explorés. Les délais avant dégradation de la qualité de vie, de l’état fonctionnel physique, de la vie sociale et de la fatigue sont aussi significativement améliorés dans le groupe pembrolizumab (versus chimiothérapie).
Conclusion
Les données de cette étude internationale de phase III, KEYNOTE-177, confirment chez des patients atteints d’un cancer colorectal métastatique MSI, que le pembrolizumab administré en traitement de 1ère ligne permet d’améliorer la survie sans progression versus chimiothérapie, avec un effet bénéfique significatif démontré aussi sur la qualité de vie.
Références
Communication orale à l’ESMO le samedi 19 septembre 2020 - Proferred Paper : GI, colorectal
Abstract 396O mis en ligne sur le site de l’ESMO le samedi 19 septembre 2020
Health-Related Quality of Life (HRQoL) in Patients (pts) Treated With Pembrolizumab (pembro) vs Chemotherapy as First-Line Treatment in Microsatellite Instability-High (MSI-H) and/or Deficient Mismatch Repair (dMMR) Metastatic Colorectal Cancer (mCRC): Phase 3 KEYNOTE-177 Study
Thierry André, Mayur Amonkar, Josephine Norquist, Kai-Keen Shiu, Tae Won Kim, Benny Vittrup Jensen, Lars Henrik Jensen, Cornelis J. A. Punt, Denis Smith, Rocio Garcia-Carbonero, Isabel Sevilla, Christelle De La Fouchardière, Fernando Rivera, Elena Elez, Luis A. Diaz, Takayuki Yoshino, Eric Van Cutsem, Ping Yang, Mohammed Farooqui, Dung T. Le