
Les anticorps bispécifiques dirigés spécifiquement contre deux cibles différentes, les cellules tumorales et les cellules immunitaires, constituent une nouvelle approche thérapeutique dans le traitement des cancers en en particulier dans celui des hémopathies malignes.
Développé dans le myélome multiple, l’elranatamab est un anticorps bispécifique qui cible les lymphocytes T CD3+ et les plasmocytes tumoraux exprimant le récepteur BCMA. Le Pr Mohamad Mohty (hôpital Saint-Antoine AP-HP et unité INSERM UMRS, Paris), qui a participé à l’étude de phase II internationale MagnetismMM-3, en présente cette année les données les plus récentes en communication orale au congrès de l’ASCO. Dans la population des 123 patients atteints d’un myélome multiple en rechute ou réfractaire n’ayant pas reçu de traitement antérieur anti-BCMA et inclus dans cette étude, le taux de réponse objective était de 61% et le taux de de maladie résiduelle négative chez les patients en réponse complète de 89,7%. La tolérance a été gérable avec une diminution de l’incidence des évènements indésirables de grade 3 ou 4 quand le rythme d’administration de l’elranatamab est passé à 1 injection toutes les 2 semaines (au lieu d’une administration hebdomadaire). Ces données très prometteuses autorisent la poursuite du développement de cette nouvelle molécule en monothérapie et en association à d’autres traitements dans le myélome multiple.
Les anticorps bispécifiques, une nouvelle arme thérapeutique dans le myélome multiple.
Dans le myélome multiple, le récepteur BCMA, est une protéine exprimée à la surface des cellules tumorales. L’elranatamab est un anticorps bispécifique (anti-CD3 et anti-BCMA) avec une double action puisqu’il cible sélectivement, d’une part, les lymphocytes T exprimant le récepteur CD3 et d’autre part, les plasmocytes malins c’est-à-dire les cellules tumorales qui expriment le BCMA. Cette molécuale agit en activant les lymphocytes T CD3+ contre les plasmocytes malins exprimant le BCMA.