Des membres de l’unité de cardio-oncologie du groupement hospitalo-universitaire AP-HP.6* et de Sorbonne Université, co-dirigés par les Dr Stéphane Ederhy et Dr Joe-Elie Salem, ont traité le cas d’une patiente ayant développé une myocardite grave qui ne répondait pas au traitement par corticoïdes et qui a favorablement évolué sous abatacept. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication le 12 juin 2019 dans la revue New England Journal of Medicine.
L’immunothérapie est un type de traitement anticancéreux (nobélisé en 2018) qui consiste à utiliser notre système immunitaire pour combattre le cancer. Néanmoins, en fonction des immunothérapies utilisées et dans un nombre limité de cas (entre 0.25 et 1.25% des sujets traités), le système immunitaire activé va attaquer le cancer mais aussi certains de nos organes vitaux conduisant possiblement au décès.
C’est dans ce cadre que les équipes ont récemment identifié des manifestations toxiques cardiovasculaires induites par ces immunothérapies. Il s’agit de myocardites (atteintes du muscle cardiaque qui ne peut plus assurer son rôle de pompe permettant la circulation du sang), des épanchements péricardiques et des vascularites (inflammations des parois de vaisseaux sanguins).
En général, ces toxicités surviennent dans les premiers mois après l’introduction du traitement, voire après une seule injection. Concernant les myocardites induites par ces traitements, elles sont associées à des taux de mortalité particulièrement élevés (50%). Actuellement, ces cas de myocardites sont traités par de fortes doses de corticoïdes mais il arrive, toutefois, que leur efficacité soit incomplète.
C’est sur le cas d’une patiente ayant développé une myocardite grave qui ne répondait pas au traitement par corticoïdes, que les équipes ont proposé un traitement par abatacept comme alternative au traitement habituel. L’abatacept, médicament immunosuppresseur, est un agoniste CTLA4 qui, sur le principe de son mécanisme d’action, pourrait être un antidote quand ces toxicités graves cardiaques surviennent sous immunothérapie.
Si le cas de cette patiente ayant évolué favorablement sous abatacept est encourageant, il est désormais essentiel de confirmer cette prise en charge à l’occasion d’un essai dédié, que les investigateurs sont en train d'élaborer à l'échelle nationale.
En savoir plus : lien vers la publication dans le NEJM
* AP-HP.6 nom provisoire et qui regroupe les hôpitaux du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière - Charles-Foix et les hôpitaux du groupe hospitalier Est parisien (Saint-Antoine, Tenon, Armand-Trousseau, Rothschild, La Roche-Guyon).