
Il y a un peu plus d'un an, les équipes de réanimation de l’hôpital Necker – Enfants malades AP-HP ont mis en place un hôpital de jour pluridisciplinaire dédié au dépistage et à la prise en charge du syndrome post-réanimation. Après un séjour en soins critiques, les enfants peuvent avoir des séquelles et développer ce syndrome bien connu chez l’adulte mais beaucoup moins en pédiatrie. Projet innovant pilote en pédiatrie sur le territoire national, cet hôpital de jour montre des résultats très encourageants. Il confirme le besoin de développer et d’amplifier ce type de suivi adapté, bénéfique pour les patients, les familles, les équipes soignantes et pour la prévention du syndrome dès la prise en charge en réanimation.
Le syndrome post-réanimation chez l’enfant
Lorsque le séjour en réanimation est éprouvant, la maladie sévère, ou que les techniques et thérapeutiques sont invasives, des séquelles peuvent apparaître chez l’enfant et/ou sa famille. Elles ne sont pas forcément définitives, mais il faut pouvoir les dépister, et les prendre en charge. Ces séquelles peuvent être de plusieurs ordres :
- physiques : d’ordre général (fatigue, douleurs…), neuro-musculaires ou des symptômes spécifiques d’organes (respiratoire par exemple) ;
- psychologiques (stress post traumatique, dépression, anxiété, troubles du sommeil) ;
- cognitives (retard du développement, trouble de l’attention, de la mémoire…) ;
- socio-familiales : trouble du fonctionnement familial, difficultés de retour à l’école ou de reprise du travail pour les parents, troubles psychologiques chez les parents/fratrie (stress post traumatique, anxiété, dépression, trouble du sommeil).
Un HDJ pour dépister et prendre en charge le syndrome post-réanimation
L’hôpital de jour mis en place par les équipes permet ainsi de dépister le syndrome post réanimation et d’orienter les patients et leur famille pour une prise en charge adaptée. C’est un lieu physique dédié et pluridisciplinaire, qui réunit des professionnels du service de réanimation : une assistante sociale, deux psychologues, une psychomotricienne, un kinésithérapeute, deux infirmières et trois médecins, en lien avec la cadre et la secrétaire du service.
De nombreux bénéfices pour les familles, les professionnels et la prise en charge en réanimation
Au-delà du dépistage et de la prise en charge du syndrome, l’hôpital de jour a également des vertus thérapeutiques pour les familles pendant le suivi car le séjour en soins critiques a un impact émotionnel et social fort : « Revoir ces enfants et leurs parents pendant l’HDJ a un bénéfice immédiat notamment sur les potentielles séquelles émotionnelles et psychologiques car c’est un espace qui permet aux familles la libre expression, la verbalisation de souffrances qui n’ont pas pu être exprimées pendant le séjour et on observe chez certaines familles un vrai bénéfice à ces échanges », Pr Mehdi Oualha.
Pour les professionnels, ces consultations sont une nouvelle opportunité de se former et permet de mettre en place des mesures préventives et correctives pour éviter la survenue du syndrome, en adaptant la prise en charge dès le séjour en soins critiques : « C’est une compétence complémentaire dans notre façon d’aborder le patient en soins critiques : ça complète nos compétences et nous permet d’appréhender différemment les familles et les patients pendant le séjour. Donc il y a également une vertu en termes de formation, d’acquisition de compétences, voire d’expertises. C’est aussi une bonne formation pour les jeunes médecins qui assistent aux consultations », Pr Mehdi Oualha.