Mis à jour le 23/12/2025

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Choc cardiogénique sévère sous ECMO : une étude écarte l’intérêt du lévosimendan précoce pour améliorer le pronostic des patients

Sous la coordination du Pr Alain Combes, les équipes du service de médecine intensive – réanimation de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, de Sorbonne Université et de l’Inserm, ont mené un essai clinique pour évaluer l’intérêt de l’administration précoce d’un médicament de l’insuffisance cardiaque, le lévosimendan, chez des patients en choc cardiogénique sévère sous ECMO. Contrairement à ce que suggéraient des études rétrospectives, l’administration précoce de ce traitement n’a pas amélioré le pronostic des malades. Les résultats de cette étude ont été publiés le 1er décembre 2025 dans le JAMA.

Le choc cardiogénique sévère est une forme extrême d’insuffisance cardiaque aiguë, survenant dans les suites d’un infarctus du myocarde, d’une myocardite fulminante ou d’une chirurgie cardiaque compliquée. L’ECMO, une technique de sauvetage de dernier recours par oxygénation par membrane extracorporelle, est fréquemment utilisée dans cette situation pour suppléer temporairement le cœur et permettre sa récupération. Cependant, plus l’assistance se prolonge, plus les complications sont nombreuses : infections, hémorragies, œdème pulmonaire ou formation de caillots dans le cœur.

Le lévosimendan, un médicament dit inodilatateur, améliore temporairement la contractilité du muscle cardiaque et est couramment utilisé pour aider les patients à se sevrer plus rapidement de l’ECMO. Toutefois, le niveau de preuve restait jusqu’ici limité. 

L’essai clinique LEVOECMO, promu par l’AP-HP et financé par un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC APHP-P170914J), est le premier essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo à évaluer cette stratégie d’administration précoce. Mené entre 2021 et 2024 dans 11 services de réanimation français, 205 patients présentant un choc cardiogénique sévère mais potentiellement réversible ont été inclus. Les principales causes de choc cardiogénique parmi ces patients étaient un choc post-chirurgie cardiaque (39%), l’infarctus du myocarde (27%) et la myocardite fulminante (14%).

L’objectif principal était de mesurer le délai jusqu’au sevrage réussi dans les 30 jours suivant les inclusions. Les résultats montrent que les taux de sevrage réussi ont été identiques dans les deux groupes (68,3%) et n’ont pas eu d’impact sur l’amélioration du pronostic des patients.

En revanche, une augmentation des arythmies ventriculaires (troubles du rythme cardiaque graves) a été observée chez certains patients ayant reçu du lévosimendan.

Les résultats de cet essai apportent ainsi un nouvel éclairage sur les pratiques actuelles en ne plaidant pas en faveur de l’utilisation systématique du lévosimendan pour faciliter le sevrage de l’ECMO chez les patients en choc cardiogénique sévère.

 

Pour en savoir plus : lire le communiqué de presse

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