Les données actualisées de l’essai français, académique, randomisé de phase II, promu par l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT) et coordonné par les Pr Arnaud Scherpereel, du centre hospitalier régional universitaire de Lille, et Gérard Zalcman, chef du service d’oncologie thoracique de l’hôpital Bichat AP-HP, confirment l’intérêt de l’immunothérapie dans le traitement des patients atteints d’un mésothéliome pleural avancé et pré traité. Les résultats de cette étude, à laquelle ont participé deux centres de l’AP-HP – à l’hôpital Bichat dans le service du Pr Gérald Zalcman ; à l’hôpital Tenon dans le service de pneumologie du Pr Jacques Cadranel – font l’objet d’une présentation à la « Poster Session » le lundi 30 septembre 2019.
Avec 850 à 1000 nouveaux cas par an, le mésothéliome pleural fait partie des tumeurs dites « rares », pour lesquels les essais cliniques sont complexes à mener. Au-delà du traitement de 1ère ligne (association d’une chimiothérapie et d’un antiangiogénique), l’efficacité des traitements après progression de la maladie, en 2ème ou 3ème ligne, restait jusque-là peu satisfaisante. Au vu des premiers résultats prometteurs observés avec l’immunothérapie, l’IFCT a initié un essai de phase 2 randomisé, MAPS-2, dans le mésothéliome pleural en traitement de 2ème ou 3ème ligne afin d’évaluer les effets de deux protocoles d’immunothérapie : une monothérapie (nivolumab seul) versus l’association de deux molécules d’immunothérapie avec des mécanismes d’action différents (nivolumab+ipilimumab). Ces traitements étaient administrés jusqu’à progression de la maladie. Le critère principal de cette étude était le taux de contrôle de la maladie à douze semaines. Cet essai a inclus 125 patients porteurs d’un mésothéliome pleural en progression après une ou deux lignes de traitement. Les premiers résultats ont fait l’objet d’une communication orale au 54ème congrès américain de cancérologie (American society of clinical oncology annual meeting – ASCO) en 2017 et d’une publication*.
Les données actualisées de cet essai confirment les résultats précédemment observés sur le critère principal, avec des taux de contrôle de la maladie de 44,4% sous nivolumab (N) et de 50% avec l’association nivolumab-ipilimumab (N-I), des médianes de survie sans progression de respectivement 4 et 5,6 mois et des médianes de survie globale de respectivement 11,9 et 15,9 mois. Avec un recul médian de 32 mois, 25,4% des patients traités par nivolumab et 31,7% de ceux traités par l’association nivolumab-ipilimumab étaient toujours en vie après deux ans de traitement.
Alors que le mésothéliome évolue généralement lentement, une analyse complémentaire des données a mis en évidence dans cette population l’existence d’hyperprogressions (progressions très rapides des lésions cibles, phénomène décrit avec les traitements d’immunothérapie dans d’autres types de cancers), chez 4,8 à 8,8% des patients selon la définition utilisée. Elles semblent un peu plus fréquentes sous nivolumab seul qu’avec l’association nivolumab-ipilimumab. Un impact significatif de ces hyperprogressions a été mis en évidence sur la survie globale dans le groupe traité par nivolumab avec une médiane de survie globale de 1,6 mois versus 4,4 mois en cas de progression plus classique. En revanche, il n’a pas été rapporté de pseudoprogression dans cet essai.
Cette étude académique française menée sur le mésothéliome pleural non opérable confirme l’efficacité de l’immunothérapie (nivolumab seul et association nivolumab-ipilimumab) avec des taux de contrôle de la maladie à 12 semaines supérieurs à 40%, inégalés jusque-là dans cette population de patients et plus d’un quart des patients survivant à deux ans. Peu fréquentes, des hyperprogressions peuvent survenir en début de traitement : de ce fait, en pratique, les patients recevant une immunothérapie doivent en être informés et faire l’objet d’un suivi rapproché et rigoureux, avec un scanner à six semaines, afin de pouvoir bénéficier d’un changement de traitement en cas de progression anormalement rapide de la maladie.
* Pour en savoir plus : ASCO 2017 - Traitements d’immunothérapie dans le traitement du mésothéliome pleural : des données prometteuses [Présentation orale]
Source:
Second or 3rd line Nivolumab (Nivo) versus Nivo plus Ipilimumab (Ipi) in Malignant Pleural Mesothelioma (MPM) patients: long-term results of the IFCT-1501 MAPS2 randomized phase 2 trial with a focus on hyperprogression (HPD). 1841Ob - Lecture time: 10:27 - 10:39
G. Zalcman, J. Mazieres, L. Greillier, S. Brosseau, S. Lantuejoul, P. Dô, O. Bylicki, I. Monnet, R.Corre, C. Audigier-Valette, M. Locatelli-Sanchez, O. Molinier, F. Guisier, T. Urban, D. Planchard, C. Ligeza-Poisson, E. Amour, F. Morin, D. Moro-Sibilot, A. Scherpereel, sous l’égide de l’IFCT (Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique)