
Chaque année, le 4 mars, se tient la journée mondiale de lutte contre l’obésité. D’après la dernière étude de l’observatoire français d’épidémiologie de l'obésité (2024), environ 18 % des adultes de métropole et des DROM-COM sont atteints d’obésité, soit près de 10 millions de personnes en France. À l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur huit vit désormais avec cette maladie chronique complexe qui impacte la santé globale. Le point sur l'action de l'AP-HP en matière de prise en charge, comme de lutte contre les préjugés, ainsi que sur des initiatives mises en place à l'occasion de cette journée dédiée.
Les centres spécialisés obésité : organisation et missions
Enjeu de santé public majeur, l'obésité nécessite une réponse structurée pour permettre à tous un accès au juste soin :
- une prise en charge graduée : selon la sévérité et la complexité de la maladie, elle mobilise différents acteurs du soin, des professionnels de proximité (soins de premier recours), jusqu’aux centres spécialisés d’obésité (CSO, troisième recours).
- une coordination territoriale : fin 2024, les quatre CSO d’Île-de-France ont fait l’objet d’une nouvelle identification : ils sont désormais tous portés par des établissements de l’AP-HP, en charge de l’animation de chacune des 4 filières territoriales :
- filière Nord : Hôpital Louis-Mourier AP-HP, hôpital Bichat - Claude-Bernard AP-HP, hôpital Avicenne AP-HP, hôpital Jean-Verdier AP-HP, hôpital Robert-Debré AP-HP ;
- filière Est : Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, centre hospitalier intercommunal de Créteil, hôpital Armand-Trousseau AP-HP ;
- filière Ouest : Hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, hôpital Ambroise-Paré AP-HP, centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en –Laye, hôpital François Quesnay, hôpital Necker-enfants malades AP-HP, hôpital Cochin - Port-Royal AP-HP ;
- filière Sud : Hôpital Antoine-Béclère AP-HP, hôpital Bicêtre AP-HP.
L’animation des filières territoriales par les CSO se traduit notamment par la tenue régulière de réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) mais aussi des journées annuelles territoriales et une journée annuelle régionale, commune aux quatre CSO et ouverte à tous. Les CSO organisent également des « Flash Infos », disponibles en replay, qui traitent de grands sujets de l’obésité présentés par des acteurs territoriaux de la prise en charge.
À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’obésité, les quatre CSO d'Île-de-France, le REPOP (réseau pour la prise en charge et la prévention de l'obésité pédiatrique) d’Île-de-France et l’association Poids Plumes ont organisé un ciné débat sur le film d’animation "La Vie en Gros".
Des journées de sensibilisation ont également été organisées aux hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et d’Avicenne, respectivement les 4 et 6 mars.
Prise en charge de l'obésité à l'AP-HP
Dans ses quatre centres, l’AP-HP prend en soins de manière pluriprofessionnelle les patients en situation d’obésité sévère et/ou complexe, en leur proposant des parcours de soins innovants et adaptés à leurs besoins spécifiques : le patient adulte bénéficie d’une prise en charge médicale, diététique et psychologique, tout au long de son parcours et parfois de thérapeutiques médicamenteuses ou chirurgicales. Il devient acteur de sa prise en soins, notamment grâce à l’éducation thérapeutique et à l’activité physique adaptée. Les associations de patients trouvent également toute leur place dans ces parcours individualisés dont l’objectif est d’améliorer de manière durable l’état de santé global et la qualité de vie.
Un suivi régulier et prolongé est recommandé, visant à préserver les habitudes de vie favorables au maintien des objectifs et à surveiller l’évolution de l’état de santé des personnes. Il se met en place de manière articulée avec les acteurs des autres niveaux de recours, en ville et dans les SMR notamment.
>> CSO : centres spécialisés obésité en Île-de-France
Lutter contre les préjugés sur l'obésité
Au-delà des soins, la perception de l’obésité reste un enjeu majeur. L’étude Medinut, menée auprès de 2 248 étudiants français (médecine, biologie, littérature), montre que si l’antipathie envers les personnes en situation d’obésité reste faible (5,9 % avec un préjugé explicite), la croyance dans la contrôlabilité du poids est plus marquée (20,6 % des étudiants pensent que l’obésité est avant tout une question de volonté) et la peur de prendre du poids est très répandue (55,9 %).
Des moyens efficaces pour déconstruire les idées reçues
Les préjugés influencent la qualité des soins, mais des interventions éducatives peuvent contribuer à les atténuer !
L'écoute du podcast Le Serment d’Augusta, qui traite de la stigmatisation liée à l’obésité, a permis de réduire de moitié la proportion d’étudiants ayant un préjugé explicite sur la contrôlabilité du poids (12 % contre 24 % ; p < 0,01).
De même, un stage en service de nutrition semble favoriser une diminution des préjugés explicites (15,6 % contre 21,5 %), avec une tendance statistiquement significative (p = 0,06).
Changer le regard sur l’obésité est essentiel pour améliorer la prise en charge et le bien-être des patients. Les podcasts éducatifs apparaissent comme des outils prometteurs en plus de l’immersion clinique pour lutter contre la stigmatisation de l’obésité.