La biologie moléculaire permet de réaliser des progrès importants dans la compréhension des mécanismes impliqués dans les gliomes et d’envisager le développement d’approches thérapeutiques adaptées. L’identification d’anomalies moléculaires particulières qui touchent le gène FGFR3, impliquées dans la croissance tumorale, a conduit plusieurs équipes françaises dont celle du Pr Marc Sanson, au sein de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, à réaliser une étude descriptive de ces formes de gliomes.
Avec une incidence de 2500 à 3000 nouveaux cas par an en France, les gliomes diffus sont des tumeurs cérébrales qui constituent une maladie très hétérogène. Des anomalies moléculaires touchant des gènes impliqués dans la voie du FGF (Fibroblast Growth Factor), facteur de croissance tumorale, et en particulier le gène du FGFR3 (Fibroblast Growth Factor Receptor 3) ont été identifiées pour ces tumeurs.
L’objectif de cette étude française rétrospective était de rapporter les caractéristiques cliniques, moléculaires et radiologiques des gliomes présentant un gène de fusion* FGFR3-TACC3, gène récemment identifié par l’équipe américaine de A. Iavarone en 2012.
Le séquençage, c’est à dire l’analyse moléculaire du génome, de 1112 gliomes a permis d’identifier 50 tumeurs porteuses de ce gène de fusion FGFR3-TACC3. Il s’agit donc de formes rares de gliomes observées dans 3 à 4% des cas.
Cette altération moléculaire est également retrouvée dans d’autres types de cancer avec une incidence comparable, dans les cancers de la vessie, les cancers bronchiques épidermoïdes et les cancers du col de l’utérus. Elle est mutuellement exclusive, c’est à dire qu’elle est le plus souvent isolée et non associée à d’autres anomalies moléculaires majeures, comme les mutations IDH1 et IDH2 fréquentes dans les autres gliomes, ou l’amplification d’EGFR fréquente dans les glioblastomes.
Il s’agit également de tumeurs très vascularisées qui présentent un profil histologique et radiologique particulier. Elles sont caractérisées aussi par une importante activité mitochondriale et l’activation de la phosphorylation oxydative. Sur le plan clinique, le pronostic de ces tumeurs est plus favorable que les autres formes de gliome avec une médiane de survie globale plus longue, de 40,1 mois (versus 19 mois).
L’identification de ce gène de fusion chez les patients atteints de gliome permet d’envisager des essais cliniques évaluant l’intérêt de thérapies ciblées spécifiques inhibant la voie de signalisation FGFR3, actuellement en cours.
*Gène de fusion : nouveau gène issu de la fusion de deux fragments de gènes
Références
Oral Abstract Session à l’ASCO le vendredi 1er juin 2018 à 14h45 heure locale (23h45, heure de Paris) intitulée « Actionable targets involving FGF receptors in gliomas : molecular specificities, spatial distribution, clinical outcome and radiological phenotype ».
Abstract 2005
https://meetinglibrary.asco.org/record/162754/abstract