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Détection du cancer : Le Professeur Patrizia Paterlini-Bréchot nommée finaliste du Prix de l'inventeur Européen 2019 pour ses travaux

Publié le Communiqués de presse

La chercheuse en oncologie Patrizia Paterlini-Bréchot a été nommée parmi les trois finalistes de la catégorie « Recherche » du Prix de l'inventeur européen 2019 de l'Office européen des brevets (OEB) pour avoir mis au point une méthode de filtrage du sang qui permet un dépistage précoce du cancer.

Son invention permet aux médecins de détecter les cellules cancéreuses dans un échantillon de sang bien avant qu'une tumeur ne puisse être détectée grâce aux méthodes classiques d'imagerie médicale. Une détection qui intervient avant même que le patient ne développe des métastases, un stade de propagation où 90 % des patients perdent leur combat contre la maladie.

« La détection précoce du cancer est essentielle pour pouvoir le traiter à temps », a déclaré le Président de l’OEB, António Campinos, lors de l'annonce des finalistes du Prix de l’inventeur européen 2019. Il souligne : « les méthodes de diagnostic précoce du cancer ouvrent un nouveau chapitre dans la lutte contre cette maladie en permettant aux médecins de détecter les tout premiers stades d'une tumeur. L'histoire de Patrizia Paterlini-Bréchot démontre combien il est important de déposer des brevets dans un secteur tel que la recherche qui peut sauver et améliorer des vies ».

Les lauréats de cette nouvelle édition du Prix de l’inventeur européen décerné chaque année par l'OEB seront annoncés lors d'une cérémonie à Vienne, le 20 juin prochain.

La volonté d'accompagner aux mieux les patients

On estime à 18,1 millions le nombre de cancers diagnostiqués dans le monde en 2018 et à 9,6 millions le nombre de personnes ayant succombé à la maladie l'an dernier. Certains cancers sont particulièrement difficiles à diagnostiquer : le cancer du poumon, par exemple, n'est détecté à un stade précoce que dans 15 % des cas. Trouver une méthode efficace et non contraignante pour diagnostiquer les cancers le plus tôt possible permettrait de sauver des millions de vies chaque année. Cela a été l’objectif de toute la carrière de la chercheuse italienne.

Patrizia Paterlini-Bréchot a étudié la médecine à l'université de Modène et de Reggio d'Émilie, où elle s'est spécialisée en hématologie et oncologie. Après avoir exercé en tant que cancérologue à Bologne, elle a réalisé que la meilleure manière d'aider les patients sur le long terme était de se consacrer à la recherche biomédicale. Elle s'est installée à Paris en 1988 pour se former à la biologie moléculaire, et a décroché en 1993 son doctorat dédié aux bases fondamentales de l'oncogenèse à l'université Paris-Sud. Aujourd'hui, Patrizia Paterlini-Bréchot est professeure de biologie cellulaire et moléculaire et d'oncologie à l'université Paris Descartes. Praticienne des hôpitaux de Paris, elle dirige aussi une équipe de recherche à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et est la conseillère scientifique d'une entreprise qu'elle a fondée.

Alors qu'elle était jeune médecin, l'un des patients de Patrizia Paterlini-Bréchot, qui souffrait d'un cancer à un stade avancé, est décédé les jours qui ont suivi sa première consultation. Le fait de n'avoir rien pu faire pour empêcher cela l'a totalement bouleversée. Si bien qu'elle a décidé de consacrer sa carrière à diminuer le nombre de victimes du cancer et améliorer la vie des patients. Une décision qu'elle explique dans son livre Tuer le cancer (2017). Interrogée à ce sujet, elle répond : « les gens pensent le plus souvent que le cancer se déclare soudainement et qu'il se propage très rapidement, mais c'est faux. Au cours de ces dernières décennies, nous avons appris que le processus de formation des métastases est très lent et qu'il peut durer des années ».

Sauver des vies grâce au dépistage précoce

Patrizia Paterlini-Bréchot a décidé de profiter de cette « lenteur » pour combattre la maladie. Elle a orienté ses recherches sur la manière de détecter les cellules tumorales circulantes (CTC). Ces cellules, qui se sont détachées de la tumeur initiale, voyagent à travers le corps dans le sang et peuvent être identifiées plusieurs années avant même que les métastases ne se développent. Elles sont un sujet de recherche depuis les années 90 en raison de leur rôle dans la propagation du cancer.

La présence de CTC dans le sang est un signe clair de tumeur et que le patient présente des risques de développer des métastases. Plus tôt elles sont détectées, plus vite il est possible de traiter le patient avec succès. Outre cet aspect, il a fallu relever d'autres défis. En effet, les CTC sont à la fois extrêmement rares et très mobiles dans le sang. Forte de son expertise en oncologie et en hématologie, Patrizia Paterlini-Bréchot a eu l'idée de filtrer verticalement le sang pour isoler les CTC qui sont plus grosses que la plupart des autres cellules circulant dans le sang. « Nous avons téléphoné à toutes les banques de sang de l'époque pour leur demander si elles disposaient d'une méthode de filtration verticale du sang » raconte-t-elle. « Personne n'a pu nous aider. On nous a dit que c'était impossible, car le problème avec le sang, c'est qu'il coagule très vite et qu'il contient énormément de cellules : on peut retrouver jusqu'à 100 millions de globules blancs et 50 milliards de globules rouges dans seulement 10 millilitres de sang. Cela obstrue tous les tamis et tous les filtres ».

Patrizia Paterlini-Bréchot et son équipe n'ont pas baissé les bras. Ils ont testé plus de 700 manières différentes de filtrer des échantillons de sang avant de finalement trouver la méthode adéquate pour isoler les CTC. C'est en 2000 que l'inventrice a partagé les résultats de son nouveau procédé – nommé ISET® (Isolation by Size of Tumour cells) – dans des revues scientifiques, avant de déposer une demande pour le premier d'une longue série de brevets européens.

Un filtrage innovant pour un meilleur diagnostic

La méthode de Patrizia Paterlini-Bréchot consiste à prélever, diluer puis déposer le sang dans une petite fiole en plastique contenant un filtre en polycarbonate ultrafin, qui va fonctionner comme un filtre à café. La fiole est ensuite déposée dans une sorte de centrifugeuse qui va générer une légère aspiration permettant au sang de passer à travers le filtre.

Tandis que les cellules les plus petites vont passer à travers les pores du filtre, les cellules tumorales, s'il y en a, vont être retenues parce qu'elles sont plus grosses. Une manipulation qui peut être réalisée en seulement 15 minutes environ. Elle est si précise qu'elle peut détecter une seule CTC dans un échantillon de 10 millilitres de sang, soit parmi près de 50 milliards de cellules sanguines. Les oncologues peuvent ensuite étudier au microscope les cellules capturées par le filtre afin de déterminer s'il s’agit bien de cellules cancéreuses et ainsi effectuer d’autres analyses en conséquence.

Les patients peuvent alors passer d'autres examens pour déterminer la teneur et la durée du traitement à recevoir, et cela bien avant l'apparition des métastases. Dans un essai clinique sur le cancer du poumon, le test ISET a détecté des CTC chez des patients un à quatre ans avant que des nodules pulmonaires cancéreux ne soient visibles par tomodensitométrie. Le dispositif pourrait donc permettre aux médecins, après avoir ciblé les patients à risque (par exemple les fumeurs pour le cancer des poumons), d'intervenir très tôt.

Étant donné que les médicaments anticancéreux ciblent les cellules tumorales, l’isolement des CTC peut également aider les spécialistes à évaluer l'efficacité du traitement, puisqu'un traitement efficace est un traitement qui les fait disparaître. Autre avantage, le procédé peut être utilisé pour détecter pratiquement tous les types de cancers solides (qui se développent dans des organes « solides ») et même certaines formes de leucémie.

Une médecine préventive innovante en cancérologie

Pour diffuser son invention, Patrizia Paterlini-Bréchot a fondé Rarecells Diagnostics en 2009. L'entreprise est une spin-off de l'université Paris-Descartes, de l'INSERM et de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et détient la licence exclusive des brevets du test ISET, qu'elle distribue et élabore. Le contrat de licence stipule que les redevances doivent revenir aux institutions publiques qui détiennent les brevets. Une des motivations principales de Patrizia Paterlini-Bréchot, qui estime que la recherche doit bénéficier à tous.
C'est aussi la raison pour laquelle les brevets sont une priorité pour son équipe. « La seule manière pour que la recherche puisse améliorer la vie des gens réside dans la commercialisation des innovations qui en sont issues. Et les brevets sont essentiels dans ce processus », souligne-t-elle.

Le marché mondial du dépistage des CTC était estimé à 8,2 milliards d’euros en 2017 et devrait atteindre 24,9 milliards en 2023. Patrizia Paterlini-Bréchot est une véritable pionnière sur ce marché. Son test ISET est disponible en France depuis février 2017 pour un coût qui avoisine les 500 euros, pour l'instant par encore couvert par l'assurance maladie. La profession médicale a besoin d'autres essais cliniques pour établir les lignes directives à suivre, des essais qui nécessitent d'importants financements. Néanmoins, le procédé a déjà été validé par plus de 70 études scientifiques indépendantes menées sur plus de 2 000 patients atteints de différents types de cancer, et sur quelque 600 personnes non touchées par la maladie.

Le travail continue. En effet, le prochain défi de Patrizia Paterlini-Bréchot est de trouver comment identifier la partie du corps dont un cancer est originaire, car cela en faciliterait le dépistage. Son plus grand souhait est que l'ISET devienne un examen de routine et que son invention puisse bénéficier à tous.

« Finalement, je crois que j'ai eu raison de me tourner vers la recherche », dit-elle. « Comme ça, je peux aider beaucoup de personnes à la fois, je peux améliorer leurs vies et la prolonger. Si j'étais restée médecin, je n'aurais pu aider qu'une seule personne après l'autre, mais pas toutes ».

À propos du Prix de l'inventeur européen

Le Prix de l'inventeur européen est l'une des compétitions européennes les plus prestigieuses de sa catégorie. Lancé par l'Office Européen des Brevets (OEB) en 2006, ce prix annuel récompense, individuellement ou en équipe, les inventeurs dont les innovations ont apporté des réponses aux grands défis de notre temps. Les finalistes et les lauréats sont sélectionnés par un jury indépendant constitué d'autorités internationales issues du monde universitaire, des affaires, de la politique, des sciences et de la recherche. Il examine les innovations à l'aune de leur contribution au progrès technologique, au développement social, à la croissance économique et à la création d'emplois en Europe. Le Prix est décerné dans cinq catégories lors d'une cérémonie qui aura lieu à Vienne le 20 juin prochain. Par ailleurs, les internautes peuvent choisir le gagnant du Prix du public parmi les 15 finalistes en votant en ligne sur le site web de l'OEB dans la période précédant la cérémonie. Le vote est ouvert jusqu'au 16 juin 2019.

A propos de l’AP-HP : L’AP-HP est le premier centre hospitalier universitaire d’Europe, organisé autour des 7 Universités de Paris et de la région Ile-de-France. Elle est étroitement liée à tous les grands organismes de recherche (CNRS, INSERM, CEA, INRA, Institut Pasteur, etc.) dans le cadre d’unités mixtes de recherche de ses 10 groupes hospitaliers. Elle compte trois Instituts Hospitalo-Universitaires d’envergure mondiale. Acteur majeur de la recherche appliquée et de l’innovation en santé, le CHU de Paris a créé un maillage de structures d’appui à l’organisation de la recherche et à l’investigation : 14 unités de recherche clinique, 17 centres d’investigation clinique, 4 centres de recherche clinique et 2 centres pour les essais précoces, 12 plateformes de collections biologiques, 2 sites intégrés de recherche sur le cancer, un entrepôt de données de santé recueillant les données de soins des 8 millions de patients vus chaque année. Les chercheurs de l’AP-HP signent annuellement près de 10 000 publications scientifiques et plus de 4 450 projets de recherche sont aujourd’hui en cours de développement, à promotion académique ou industrielle, nationaux, européens et internationaux. Détentrice d’un portefeuille de plus de 500 brevets, de bases de données et de matériels biologiques uniques, l’AP-HP valorise les travaux de recherche remarquables des biologistes et cliniciens chercheurs de ses hôpitaux. Près de la moitié des innovations brevetées sont licenciées à des entreprises du monde entier et sont à l’origine de la création de près de 60 jeunes entreprises.   http://www.aphp.fr  

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