L’équipe du Centre National de Référence des Cytopénies Auto-Immunes de l’Adulte (CERECAI) de l’hôpital Henri-Mondor AP-HP, de l’Inserm et de l’Université Paris-Est Créteil, en collaboration avec l’Institut-Necker-Enfants-Malades (INEM), coordonnée par le Pr Bertrand Godeau et le Pr Matthieu Mahévas, a évalué l’arrêt des agonistes du récepteur de la thrombopoïétine (AR-TPO) chez des patients atteints de purpura thrombopénique immunologique (PTI).
Les résultats démontrent pour la première fois que ce traitement, considéré comme suspensif dans le purpura thrombopénique immunologique, permet d’induire des rémissions après leur arrêt dans 50% des cas après une exposition prolongée chez les patients en réponse complète.
Cette étude, à promotion AP-HP, financée par le PHRC, a fait l’objet d’une publication le 9 mars 2023 dans la revue Blood.
Les agonistes du récepteur de la thrombopoïétine (AR-TPO) sont largement utilisés en deuxième ligne de traitement pour le Purpura Thrombopénique Immunologique (PTI)1.
Ces molécules stimulent la production de plaquettes dans la moelle osseuse. Du fait de ce mécanisme d’action, leur effet était considéré comme purement suspensif.
Des données récentes, principalement rétrospectives, suggéraient cependant, de manière inattendue, qu’une proportion de patients pouvait interrompre le traitement sans rechuter après plusieurs mois d’exposition aux AR-TPO.
L’équipe de recherche a étudié les effets de l’arrêt du traitement dans cette étude prospective multicentrique.
Le critère d'évaluation principal était la proportion de patients atteignant un réponse maintenue (plaquettes > 30 G/L sans manifestation hémorragique) et soutenue au bout de 24 semaines sans autres médicaments spécifiques au PTI.
Au total, 48 patients avec un PTI persistant ou chronique, suivis dans 20 centres en France participant au réseau du Centre de Référence des Cytopénies Auto-Immune de l’adulte (CERECAI) ont été inclus dans l’étude. Ces patients étaient en réponse complète (plaquettes > à 100 G/L) depuis plusieurs mois sous AR-TPO (Romiplostim ou Eltrombopag) sans traitement intérférant l’analyse de la réponse lors de leur introduction. Après une stratégie de diminution progressive des doses d’AR-TPO standardisée, 56.2% des patients étaient toujours en réponse à 24 semaines après l’arrêt des AR-TPO et 52 % à un an.
Pour les rechuteurs, la rechute survenait rapidement avec un délai médian de 4 semaines, mais sans manifestation hémorragique sévère. La reprise du traitement permettait d’obtenir une nouvelle réponse dans la majorité des cas.
Sur le plan immunologique, ce travail met en évidence que la surexpression du marqueur d’activation CD69 sur les lymphocytes T-CD8 avant l’arrêt du traitement est prédictif d’une future rechute.
Cette étude soutient fortement une stratégie d’arrêt du traitement par AR-TPO chez des patients avec un PTI chronique avec une réponse complète stable et persistante sous traitement.
[1] trouble de la coagulation provoqué par une diminution du nombre de plaquettes (thrombocytes)
[2] Sustained response off-treatment, ; ici une numération plaquettaire > 30 x 109/L et une absence de saignement
Référence : Stephanie Guillet, Etienne Crickx, Imane Azzaoui, Pascal Chappert, Emmanuelle Boutin, Jean-François Viallard, Etienne Riviere, Delphine Gobert, Lionel Galicier, Marion Malphettes, Stéphane Cheze, Francois Lefrere, Sylvain Audia, Bernard Bonnotte, Olivier Lambotte, Nicolas Noel, Olivier Fain, Guillaume Moulis, Mohamed Hamidou, Mathieu Gerfaud-Valentin, Jean-Pierre Marolleau, Louis Terriou, Nihal Martis, Anne-Sophie Morin, Antoinette Perlat, Thomas Le Gallou, Frédérique Roy-Peaud, Ailsa Robbins, Jean-Christophe Lega, Mathieu Puyade, Thibault Comont, Nicolas Limal, Laetitia Languille, Anissa Zarour, Marine Luka, Mickaël Mathieu Ménager, Thibaut Belmondo, Sophie Hue, Florence Canoui-Poitrine, Marc Michel, Bertrand Godeau, Matthieu Mahevas. Blood