Mis à jour le 10/02/2025
Hémoglobinurie paroxystique nocturne : deux études internationales ouvrent de nouvelles perspectives dans la prise en charge
Le centre de référence des aplasies médullaires acquises et constitutionnelles coordonné par le Pr Peffault de Latour avec le soutien du centre d’investigations cliniques de l’Hôpital Saint-Louis – AP- HP dirigé par le Pr Kiladjian (AP-HP, Université de Paris) a contribué à l'évaluation de nouveaux inhibiteurs du complément (inhibiteurs proximaux) plus puissants, dans le traitement de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne. Les résultats de ces travaux coordonnés par le Pr Régis Peffault de Latour (AP-HP, Université de Paris) ont fait l’objet de deux publications dans le New England Journal of Medicine le 18 mars 2021 et le Lancet Haematology le 22 mars 2021 vont contribuer à améliorer la prise en charge des patients atteints de cette maladie rare.
L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est une maladie rare des cellules sanguines qui touche principalement l’adulte jeune. Elle est caractérisée par une destruction des globules rouges dans la circulation. Elle impacte la vie quotidienne car elle nécessite des transfusions régulières et peut également être responsable de thromboses graves qui peuvent entraîner le décès.
Les patients ont gagné en qualité de vie depuis 2005 grâce à l’utilisation de l’Eculizumab (Soliris ®), anticorps monoclonal inhibiteur du complément, qui a permis une forte réduction des transfusions et des complications thrombotiques. Malgré ce traitement, la qualité de vie des patients reste néanmoins altérée avec, pour nombre d’entre eux, la persistance d’une anémie qui nécessite toujours des transfusions.
Ces deux études internationales multicentriques ont porté sur l’évaluation de nouveaux inhibiteurs du complément plus puissants (inhibiteurs dits proximaux).
La 1ère étude publiée dans le New England Journal of Medicine le 18 mars 2021 a permis de démontrer une supériorité du Pegcetacopan (anti-C3, voie sous cutanée, Laboratoire Apellis) par rapport au traitement de référence par Eculizumab (Soliris®). Cette étude randomisée de phase 3 a montré une augmentation de près de 4 points d’hémoglobine dans le bras Pegcetacopan par rapport au groupe contrôle avec obtention d’une indépendance transfusionnelle chez près de 85% des patients (versus 15% pour le groupe contrôle) après 16 semaines de traitement. Cela en fait le nouveau traitement de référence des patients ayant une HPN de forme hémolytique avec une réponse sub-optimale à l’Eculizumab (Soliris ®).
Dans la seconde étude, publiée dans le Lancet Haematology le 22 mars 2021,10 patients, tous transfusés sous Eculizumab (Soliris®), ont reçu en association à ce traitement un autre inhibiteur proximal du complément (anti-facteur D, Laboratoire Novartis) qui a l’avantage d’être pris par voie orale. Les 10 patients sont tous devenus indépendants des transfusions et, sur la période de l’étude, 7 patients ont pu arrêter le traitement standard en gardant leur réponse hématologique sous anti-facteur D seul.
Les conclusions de ces travaux ouvrent des perspectives majeures dans la prise en charge thérapeutique des patients atteints d’HPN ainsi que pour d’autres maladies impliquant des dérégulations du complément.