Alors que le secteur de la santé contribue à l’émission de plus de 5% des gaz à effet de serre (GES) générés sur le sol français[1], l’AP-HP s’engage activement en lançant une mesure ambitieuse des émissions de GES engendrées par ses activités. Cette mesure permettra la construction de plans d’actions afin de fixer une trajectoire de réduction de l’empreinte carbone cohérente.
La méthodologie utilisée par l’AP-HP, qui s’appuie sur celle du Bilan carbone©, est ambitieuse et inédite par deux aspects : les émissions prises en compte et le mode de calcul.
L’obligation réglementaire impose uniquement une estimation des émissions directes produites sur site comme les gaz anesthésiques, les fuites de fluides frigorigènes et le gaz utilisé et des émissions indirectes liées à l’énergie comme la production d’électricité et de réseau de chaleur urbain (scopes 1 et 2). L’AP-HP a décidé d’intégrer au calcul un périmètre plus large comprenant tous les flux entrants et sortants, c’est-à-dire l’ensemble des émissions indirectes ayant lieu en amont ou aval (Scope 3).
Le périmètre des émissions prises en compte est donc inédit car toutes les activités et tous les sites sont inclus dans le projet : les 39 hôpitaux de l’AP-HP mais aussi son siège, la blanchisserie, le service des ambulances, le centre de la formation et du développement des compétences (incluant les instituts de formation en soins infirmiers et les autres écoles), l’agence générale des équipements et produits de santé AP-HP - AGEPS, l’hospitalisation à domicile HAD- AP-HP.
Dans le secteur de la santé, les facteurs d’émissions disponibles sont restreints, notamment sur le cœur d’activité de l’hôpital que sont les achats de médicaments. Ainsi, le seul facteur d’émissions disponible est un facteur d’émissions monétaire : il précise la quantité de gaz à effet de serre générés pour 1€ dépensé dans l’achat de médicaments.
L’AP-HP a souhaité aller plus loin, et a donc fait le choix d’estimer les émissions de gaz à effet de serre précises par médicament pour une soixantaine de références.
Cette estimation prend en compte la production de la substance active, la production des excipients, le transport depuis l’Asie, la production du packaging et la formulation.
Grâce à cette méthodologie, l’AP-HP aura une vision plus fine des émissions de GES associées à la consommation de médicaments et des marges de manœuvre à sa disposition.
Parallèlement, en lien avec la Commission médicale d’établissement, l’AP-HP a lancé des travaux exploratoires destinés à disposer d’estimations des émissions de GES par parcours patient en analysant l’impact de plusieurs segments comme l’imagerie médicale, le traitement, le bloc opératoire, la stérilisation par exemple. L’objectif est de permettre aux professionnels de l’AP-HP de disposer d’informations plus précises leur permettant d’évaluer les émissions de GES liées à leurs activités quotidiennes et de les réduire si d’autres options sont possibles opérationnellement.
Ces travaux donneront lieu à plusieurs publications scientifiques courant 2022.
L’AP-HP contribue par ailleurs à une approche collective du sujet en partageant ses travaux avec le think thank « The Shift Project » et participe ainsi à l’écriture du rapport final « Décarbonons la santé ».
[1] Selon le rapport intermédiaire « Décarbonons la santé » du think thank français The Shift Project paru le 15 juin 2021