Des équipes des services de pédiatrie de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP, de l’unité de recherche clinique et du service de microbiologie de l’hôpital Avicenne AP-HP, des universités de Sorbonne Paris Nord et Sorbonne Université ainsi que de l’Inserm, ont analysé dans une étude multicentrique le rôle des très jeunes enfants dans la transmission du SARS-CoV-2 au sein de crèches restées ouvertes pour accueillir les enfants des travailleurs essentiels, principalement des soignants, pendant la période du 1er confinement.
Ces travaux qui ont fait l’objet d’une publication dans la revue The Lancet Child and Adolescent Health le 8 février 2021 montrent que le virus circulait peu en crèche dans les conditions particulières appliquées lors du premier confinement (confinement strict du reste de la population, possibilité de petits groupes d’enfants et de renforcement des mesures barrières), y compris dans un groupe d’enfants considéré comme plus à risque (nourrissons dépendant du personnel, parents à risque d’infection car soignants continuant à se déplacer). Le mode de garde en crèche, dans ces conditions, ne semble pas être responsable d’un sur risque pour les enfants et le personnel qui les a en charge.
La fréquence de la présence des anticorps contre le coronavirus SARS-CoV-2 (la séroprévalence) a pu être étudiée entre le 4 juin et le 3 juillet 2020 chez les enfants qui avaient été accueillis pendant le premier confinement national du 15 mars au 9 mai 2020. Elle a permis d’estimer rétrospectivement le nombre d’infections antérieures. Le résultat de leur test sérologique rapide réalisé sur quelques gouttes de sang a également été communiqué aux parents en moins de 15 mn.
Parmi les 22 crèches étudiées, on trouve 20 crèches franciliennes et 2 crèches situées à Rouen et Annecy, dans des régions à moindre circulation virale. Douze crèches étaient hospitalières (dont 7 à l’AP-HP) et 10 étaient gérées par la Ville de Paris ou le Département de la Seine-Saint-Denis. 327 enfants et 197 personnels des crèches ont participé à cette étude.
La séroprévalence chez les enfants était faible : 4,3% (14 enfants positifs de 13 crèches différentes sur 327 enfants inclus).
La séroprévalence chez le personnel des crèches était également faible : 7,7% (soit 14 membres du personnel de crèche positifs sur 197) et similaire à celle d’un groupe de 164 personnels hospitaliers non exposés professionnellement aux patients et/ou aux enfants.
L’ensemble des PCR SARS-CoV-2 réalisées chez les enfants en juin 2020 se sont révélées négatives (197 prélèvements naso-pharyngés et 261 prélèvements de selles).
L’analyse exploratoire complémentaire réalisée suggérait que les enfants séropositifs étaient plus susceptibles d'avoir été exposés au domicile à un adulte avec une infection confirmée au COVID-19 (43% contre 6%) et d’avoir au moins 1 parent séropositif.
L’hypothèse d’une contamination intra-familiale reste plus plausible qu’une transmission au sein des crèches. Ce mode de garde, dans ces conditions, ne semble en effet pas être responsable d’un sur risque pour les enfants et le personnel qui les a en charge.
L’extrapolation de ces résultats à d’autres situations ou d’autres périodes de circulation virale ne peut être faite sans études complémentaires mais ils sont cohérents avec les connaissances sur la place des très jeunes enfants dans la circulation du SARS-CoV-2.
L’étude COVIDOCRECHE, promue et financée par l’AP-HP, a été réalisée avec l’appui méthodologique de l’unité de Recherche Clinique des Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis et de l’Institut Pierre Louis d'Épidémiologie et de Santé Publique de Sorbonne Université, ainsi que le soutien de la Ville de Paris et du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.
Référence : SARS-CoV-2 transmission among children and care staff in daycare centres during lockdown: a cross-sectional, multicentre seroprevalence study in France.
Eric Lachassinne, MD; Loïc de Pontual , PhD; Marion Caseris, MD; Mathie Lorrot, PhD; Carole Guilluy, MD; Aurélie Naud, MD; Marie-Aliette Dommergues, MD; Didier Pinquier, MD; Evelyne Wannepain, MD; Elisabeth Hausherr, MD; Camille Jung, MD; Vincent Gajdos, PhD; Robert Cohen, PhD; Jean-Ralph Zahar, PhD; Ségolène Brichler, PhD; Romain Basmaci, PhD; Pierre-Yves Boelle, PhD; Coralie Bloch-Queyrat*, PhD; Camille Aupiais*, PhD.
* Contributed equally to this work
DOI : https://doi.org/10.1016/S2352-4642(21)00024-9
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