L’étude ORIGAMI (pour « ObseRvatoire Infections Gpip Activ des Mycoplasmes hospItalisés ») a permis une surveillance des infections à Mycroplasma pneumoniae (Mp) chez les enfants hospitalisés. Mp est responsable de pneumonies chez les enfants et les jeunes adultes, et se transmet par voie aérienne. Après une diminution des infections pendant la pandémie de COVID-19, une augmentation des cas a été constatée dans plusieurs pays après la levée des mesures barrières. L’objectif de cette étude, ayant fait l’objet d’une publication dans la revue Lancet Infectious Diseases le 19 novembre 2025, était de caractériser le tableau clinique, biologique et microbiologique des infections à Mp chez les enfants hospitalisés en France en 2023-2024.
Pilotés par le Dr Anais Chosidow, du service de pédiatrie du CHIV, ces travaux ont également impliqué les équipes de l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (ACTIV), qui les a financés, le Groupe de pathologies infectieuses pédiatriques (GPIP), le service de pédiatrie générale du CHIC, les services de pédiatrie générale et maladies infectieuses, et de dermatologie pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, ainsi que les 37 hôpitaux ayant inclus des enfants de moins de 18 ans hospitalisés pour une infection à Mp entre 2023 et 2024.
L’étude ORIGAMI, menée entre septembre 2023 et septembre 2024, est une étude observationnelle, nationale, multicentrique, rétrospective et prospective. Les caractéristiques cliniques, biologiques, microbiologiques, radiologiques, les traitements et l’évolution à court terme ont été décrits et analysés chez 969 enfants et adolescents hospitalisés pour une infection à Mp. Une pneumonie a été diagnostiquée chez 628 (soit 87%) des 726 patients présentant une atteinte respiratoire, et des manifestations cutanées ont été retrouvées chez 132 (14%) des 969 patients inclus dans l’étude, dont 56 (42%) avaient un érythème polymorphe.
Parmi les 931 patients ayant reçu une antibiothérapie, 884 (soit 95%) avaient reçu des macrolides, principalement de l'azithromycine (563/884 (64%)). Une résistance aux macrolides a été détectée chez 5% des échantillons testés. Au total, 57 des 969 patients inclus (soit 6%) ont été admis en unité de soins intensifs pédiatriques et quatre (soit < 1 %) sont décédés. Les facteurs significativement associés à l'admission en unité de soins intensifs pédiatriques étaient l'âge supérieur à 11 ans, l'asthme, la présence d'autres pathologies sous-jacentes et l'érythème polymorphe.
Cette épidémie de pneumonie à Mp en France a entraîné de nombreuses hospitalisations en pédiatrie. Bien que les cas graves aient été rares, les enfants de plus de 11 ans, ceux aux antécédents d'asthme, avec d’autres comorbidités et ceux avec un érythème polymorphe présentaient un risque accru d'admission en unité de soins intensifs pédiatriques. Ces résultats soulignent l’importance d’une surveillance continue et des stratégies de prise en charge ciblées pour faire face à de futures épidémies.
Source :
Post-COVID-19 resurgence of Mycoplasma pneumoniae infections in French children (ORIGAMI): a retrospective and prospective multicentre cohort study Anaïs Chosidow, Zoha Maakaroun-Vermesse, Vichita Ok, Cécile Delecroix, Pascal Le Roux, Marie-Aliette Dommergues, Justine de Larminat, Eric Jeziorski, Pauline Ronjat, Léa Jaume, Anne Welfringer-Morin, Cécile Bébéar, Maud Gits-Muselli, Delphine Viriot, Charles-Joris Roux, Stéphane Bechet, Anne-Sophie Romain, Mathie Lorrot, Robert Cohen, Corinne Levy, Jérémie F Cohen, on behalf of the ORIGAMI Study Group*
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