Le groupe de recherche en réanimation respiratoire du patient d’oncohématologie (Grrr-OH) de l’hôpital Saint-Louis AP-HP, a mesuré l’utilisation de corticoïdes chez des patients immunodéprimés atteints de pneumocystose sévère pour évaluer leur taux de survie et les complications de cette maladie. Cette étude, coordonnée par le Dr Virginie Lemiale et le Pr Elie Azoulay du service de réanimation médicale et de l’université Paris Cité, permet d’apporter de nouvelles données en faveur de l’utilisation des corticoïdes pour renforcer les pratiques médicales face à cette infection qui demeure fréquente, avec des complications graves en réanimation.
Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication parue le 10 juillet 2025 dans la revue Lancet Respiratory Medicine.
La pneumocystose (Pneumocystis jirovecii pneumonia) est une infection causée par un champignon qui ne se développe que chez les patients immunodéprimés. La contamination se fait par voie aérienne. Généralement localisée dans les poumons, cette affection peut aussi être extra-pulmonaire chez les patients atteints de VIH. Elle est associée à une mortalité élevée (30 % à 50 %) pour les patients en réanimation. Si les corticoïdes améliorent la survie chez les patients atteints de VIH, leur bénéfice n’avait pas encore été démontré dans la population des patients non-VIH.
L’étude PIC visait ainsi à évaluer l’effet d’un traitement adjuvant par corticoïdes sur la mortalité et les complications chez des patients immunodéprimés non-VIH atteints de pneumocystose sévère.
Menée dans 27 centres français du Grrr-OH entre 2017 et 2024, elle a inclus 226 patients avec une pneumocystose sévère. Il s’agissait d’évaluer un traitement par corticoïdes pendant 21 jours, en comparaison avec un placebo.
A 28 jours de l’essai, dans le groupe ayant été traité par corticoïdes, le taux de mortalité n’a pas significativement baissé (21,5 %), contrairement au groupe placebo où le taux était de 32,4 %. En revanche, la mortalité à 90 jours a été réduite dans le groupe corticoïdes (28 %) par rapport au groupe placébo (43 %). Les autres critères de jugement secondaire (taux d’intubation, taux d’infection, durée de ventilation invasive) sont tous en faveur du groupe corticoïdes.
Bien que le taux de mortalité à 28 jours ne soit pas significativement différent entre les deux groupes, cette étude est en faveur de l’utilisation des corticoïdes dans la prise en charge de la pneumocystose sévère chez les patients immunodéprimés non-VIH. Elle permet, ainsi, d’apporter des données solides pour renforcer les pratiques médicales face à une infection qui demeure fréquente avec de graves complications en réanimation.
Références : Virginie Lemiale, Matthieu Resche-Rigon, Yoann Zerbib, Djamel Mokart, Nicolas De Prost, Florent Wallet, Pierre Perez, Achille Kouatchet, Laurent Argaud, Maxens Decavèle, Frédéric Pène, Amelie Seguin, Bruno Megarbane, Laure Calvet, Muriel Picard, Guillaume Rigault, Eric Mariotte, Lila Bouadma, Igor Theodose, Fabienne Tamion, Kada Klouche, Gwenhael Colin, Martine Nyunga, Anne-Sophie Moreau, Elie Azoulay. - Lancet Respiratory Medicine
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