Mis à jour le 30/10/2025

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Diagnostic de l’embolie pulmonaire : une approche simplifiée permettrait de réduire de 20 % le recours au scanner

Sous la coordination des Dres Mélanie Roussel (Université de Rouen-Normandie et CHU de Rouen), Héloïse Bannelier (AP-HP) et du Pr Yonathan Freund (Sorbonne Université et AP-HP), les équipes de la fédération hospitalo-universitaire IMPEC, du service d’accueil des urgences de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP – HP, de Sorbonne Université et de l'Unité de Recherche Clinique de l'Est Parisien (URCEST) ont mené une étude pour évaluer une approche simplifiée dans le diagnostic de l’embolie pulmonaire. Réalisée dans 13 services d’urgences français, cette étude, dont les résultats sont parus le 21 octobre 2025 dans le Lancet Respiratory Medicine, montre qu’il est possible de diagnostiquer une embolie pulmonaire de manière plus simple, plus rapide et tout aussi fiable que les méthodes actuelles. Une nouvelle approche qui permettrait de réduire de près de 20 % le nombre d’angioscanners thoraciques réalisés. 

Chaque année, près de 50 000 nouveaux cas d’embolie pulmonaire sont diagnostiqués en France. Ce diagnostic est basé sur l’évaluation de sa probabilité clinique, suivi d’un dosage sanguin (D-dimères)et d’une confirmation grâce à un scanner thoracique. Le seuil classique pour exclure une embolie pulmonaire est d’environ 500 ng/mL. Aujourd’hui, bien que les recommandations autorisent chez certains patients un seuil de D-dimères plus élevé (jusqu’à 1 000 ng/mL) pour limiter le recours au scanner, le diagnostic d’embolie pulmonaire repose encore trop souvent sur cet examen coûteux et contraignant.

L’étude MODS, promue et financée par l’AP-HP, visait à évaluer la sécurité d’une approche simplifiée, consistant à écarter le diagnostic sans imagerie thoracique lorsque l’embolie pulmonaire n’était pas le diagnostic le plus probable et que le taux de D-dimères était inférieur à 1 000 ng/mL. Pour les autres patients, le seuil ajusté en fonction de leur l’âge était appliqué. Le critère de jugement principal de l’étude était le taux d’échec de diagnostic défini par un évènement thrombotique à trois mois de suivi parmi les patients chez qui le diagnostic d’embolie avait été écarté initialement.

Entre janvier et septembre 2024, 1 365 patients adultes présentant une suspicion d’embolie pulmonaire ont été évalués dans 13 services d’urgences français et 1 221 inclus. Pour 80 patients (7%), le diagnostic d’embolie pulmonaire a été posé d’emblée, et pour 997 patients (80%), le diagnostic d’embolie pulmonaire n’était pas considéré comme le plus probable par le médecin. L’utilisation de la stratégie simplifiée a permis de réduire de 20% le recours au scanner sans perte de sécurité. 

En effet, durant les trois mois de suivi, le taux d’échec de diagnostic (critère principal de jugement) a été de 0,00 % (IC95 % 0,00 – 0,34), et aucun des 16 décès recensés n’était lié à une embolie pulmonaire.

En conclusion, l’utilisation de cette stratégie simplifiée, basée sur la probabilité clinique diagnostique et le dosage de D-Dimères, permettrait d’exclure l’embolie pulmonaire en toute sécurité tout en réduisant significativement le recours à l’imagerie thoracique. Cela permettrait également d’accélérer la prise en charge aux urgences et d’alléger la charge de travail des équipes médicales.

  1. Les D-dimères sont des fragments de protéine produits lorsque le corps dégrade un caillot sanguin. Le seuil de D-dimères indique la valeur à partir de laquelle le test est considéré comme anormal.  

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