Les personnes infectées par le VIH développent plus fréquemment des cancers du poumon, sous des formes graves et mécomprises. Une étude récente, IDeATIon, montre que le VIH altère l’immunité antitumorale, notamment des lymphocytes-T CD8, essentiels contre les tumeurs. Ces résultats pourraient expliquer le pronostic sombre de ces cancers et appuient l’intérêt thérapeutique de vaccins anticancéreux dans ce contexte. Cette étude résulte d’une collaboration entre Sorbonne Université, la Fondation Sorbonne Université, l’AP-HP, l’Inserm et le réseau CANCERVIH, dont les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Thoracic Oncology.
Les cellules cancéreuses se caractérisent par la présence de mutations dans leur ADN, qui peuvent engendrer la production de molécules anormales, appelées antigènes tumoraux. Celles-ci deviennent des cibles potentielles pour le système immunitaire dans sa lutte contre le cancer. Le cancer du poumon est l’un des plus fréquents et présente un pronostic particulièrement défavorable chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Cependant, les mécanismes sous-jacents à cette aggravation restent mécompris. Identifier les facteurs influençant la fréquence et la sévérité de ce cancer dans cette population pourrait permettre d’améliorer et de personnaliser sa prise en charge et ses traitements.
Dans cette étude, les caractéristiques génomiques et immunitaires de 27 cancers du poumon (issus de 15 PVVIH et de 12 patients sans immunodéficience) sont comparées. Pour ce faire, une combinaison d’analyses génomiques à large spectre, immunologiques et bio-informatiques est utilisée pour étudier les mutations tumorales, prédire les types antigènes produits et évaluer les réponses immunitaires dirigées contre eux.
Les mutations tumorales et les antigènes tumoraux détectés sont globalement similaires dans les deux groupes. Cependant, les réponses immunitaires diffèrent de manière significative. Chez les PVVIH, la réponse immunitaire se limite à certains antigènes tumoraux, tandis que chez les patients sans immunodéficience, elle est plus variée et implique un plus large éventail d’antigènes. En particulier, les lymphocytes T CD8, considérés comme des acteurs clés de la réponse antitumorale, semblent moins actifs contre les antigènes tumoraux chez les patients infectés par le VIH.
Il s’agit de la première étude montrant l’impact du VIH sur les caractéristiques immuno-génomiques du cancer du poumon. Ces résultats montrent que les mutations tumorales sont similaires entre les PVVIH et les patients sans immunodéficience, mais que la présence du VIH affaiblit la réponse immunitaire contre certains antigènes tumoraux. Ce travail apporte une potentielle explication au pronostic défavorable du cancer du poumon chez les PVVIH et ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. En effet, ces résultats suggèrent que des traitements immunitaires ciblant spécifiquement ces antigènes tumoraux pourraient améliorer la prise en charge des PVVIH.
Cette étude a rassemblé Sorbonne Université, la Fondation Sorbonne Université, l’AP-HP, l’Inserm, le Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses de Paris (Inserm / CNRS / Sorbonne Université), la plate-forme bioinformatique CinBioS-UMS PASS (Sorbonne Université / Inserm) et le réseau CANCERVIH (labellisé et financé par l’Institut national du Cancer). Elle est promue par l’AP-HP et est financée par le fonds de dotation MSDAvenir et la fondation ARC pour la recherche sur le cancer.
Pour en savoir plus :
Le lien vers l’article de Journal of Thoracic Oncology.
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