En mars-avril 2021, les équipes de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP ont transformé un restaurant du personnel en unité de soins critiques de courte durée, pour répondre au potentiel afflux de patients nécessitant des soins de réanimation lors de la 3ème vague du Covid-19. Cette initiative a fait l’objet d’un article coordonné par le Dr Marie Borel publié le 16 septembre 2021 dans les Annales Françaises de Médecine d’Urgence.
En mars 2021, l’Île-de-France a connu une nouvelle vague de Covid-19. Face à une projection épidémique faisant craindre un dépassement des capacités, la cellule de crise de l’Assistance Publique–Hôpitaux de Paris a validé la mise en œuvre du projet Météor. Les travaux ont duré cinq jours, du 1er au 6 avril 2021. L’unité était prête à accueillir de premiers patients dès le 14 avril 2021.
Météor a consisté en la transformation d’un restaurant du personnel de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière – AP-HP en réanimation d’accueil et d’orientation de patients Covid-19 avant qu’ils ne soient adressés à des réanimations plus pérennes. Cette démarche n’ayant jamais été pensée auparavant, tout était à construire. Une équipe projet composée d’un cadre de santé, d’un médecin, d’un ingénieur et d’un directeur a piloté sa mise en œuvre. Dans un contexte de forte tension des services de soins critiques en IDF en raison de l’épidémie de Covid, Météor a été conçu pour permettre aux patients nécessitant des soins critiques de bénéficier au plus vite de soins de réanimation, dans une structure transitoire. Ce projet modulable s’adapte en fonction du besoin : zone de soins et de transit avant accès à la réanimation, unité de soins critiques en cas de débordement des capacités disponibles, unité de post-réanimation permettant de libérer des places en réanimation, zone d’accueil d’une réanimation en cas d’incapacité (incendie, panne électrique, inondation…) à vocation régionale, voire extrarégionale.
Le critère d’admission était la nécessité de délivrer des soins critiques à un patient fortement suspect ou confirmé de Covid-19 et un délai de régulation supérieur à une heure.
Météor a nécessité une zone de grande taille (700m²), non occupée par une activité de soins et pouvant être reliée à l’ensemble des fluides (oxygène, air comprimé médical, vide) et réseaux nécessaires (électricité, téléphonie, internet). Le lieu devait par ailleurs être facile d’accès pour les ambulances.
Un des restaurants du personnel de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP a ainsi été retenu pour accueillir 43 lits de soins critiques organisés par plots de 4 lits ainsi qu’une zone d’accueil. Un poste de soins doté de consoles de rappel des scopes était positionné à l’entrée de la salle. Des murs techniques démontables ont été installés en quelques jours.
L’ensemble des lits étaient équipés de manière standardisée avec un respirateur, un moniteur multiparamétrique, quatre pousse-seringues électriques. Météor était par ailleurs doté d’une machine à gazométrie artérielle délocalisée, d’une machine de diagnostic rapide pour la Covid, d’un portable de radiographie et d’un échographe. L’ensemble du matériel standard que l’on peut trouver dans une unité de soins critiques était à disposition : dispositif d’oxygénothérapie haut débit et de ventilation non invasive, respirateur de transport, ECG, fibroscope, échographe, matériel d’intubation difficile… L’organisation des soins a été standardisée au maximum pour que chaque personnel puisse, si besoin, y assurer sa mission en sérénité malgré un contexte et des lieux inhabituels.
[EN VIDEO] Météor à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière – AP-HP : retour sur la transformation d’un restaurant du personnel en unité de soins critiques de courte durée pour des patients Covid-19 >> voir la vidéo
L’unité n’a finalement pas été activée ; l’ouverture de lits conventionnels supplémentaires dans les structures publiques et privées ayant permis de passer le pic.
Référence : M. Borel, P. Lhermite, N. Fleury, M.-A. Ruder, C. Fazilleau, E. Boudon, T. Lemarec, J. Mayaux, J.-M. Constantin, M. Raux. Annales Françaises de Médecine d’Urgence.
DOI : 10.3166/afmu-2021-0344