Mis à jour le 09/10/2025

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Psychiatrie : Comment l'AP-HP répond aux défis d'aujourd'hui et de demain?

À L’AP-HP, UNE OFFRE DE SOINS D’EXCELLENCE EN PSYCHIATRIE

L’AP-HP dispose d’une offre de soins d’excellence en psychiatrie, couvrant l’ensemble des âges de la vie, toutes les pathologies, et répondant aux situations cliniques les plus diverses. Forte de plus de 2 000 professionnels – médecins, soignants, psychologues, rééducateurs – l’AP-HP place la santé mentale au cœur de son engagement et de ses priorités avec pour objectif premier de garantir une prise en charge de qualité pour ses patients.

Cette prise en charge s’appuie sur une organisation hospitalière structurée : plus de 600 lits d’hospitalisation complète, de nombreux hôpitaux de jour, des équipes mobiles, des consultations spécialisées et des dispositifs innovants, répartis au sein de 13 services de psychiatrie adulte et sept services de psychiatrie infanto-juvénile. Ces services développent des coopérations étroites avec les autres spécialités médicales, garantissant une approche globale, coordonnée et individualisée des soins.

La psychiatrie à l’AP-HP couvre tous les moments-clés de la vie. Elle débute dès la période périnatale, avec des équipes présentes dans toutes les maternités, attentives à la santé mentale des femmes enceintes et à la relation parents-enfant. Elle se prolonge à travers une attention constante aux urgences psychiatriques permettant la prise en charge des situations aiguës et décompensées des patients, avec des dispositifs d’intervention 24h/24 et des solutions alternatives à l’hospitalisation. Elle s’inscrit aussi dans une dynamique de prise en charge globale, grâce à des équipes de psychiatrie de liaison dans les services somatiques et des consultations dédiées aux personnes en situation de handicap.

Chez l’enfant et l’adolescent, les équipes de psychiatrie infanto-juvénile offrent un accompagnement spécialisé, expert et précoce. Elles s’appuient sur des centres de référence maladies rares, des plateformes de diagnostic, sur un institut hospitalo-universitaire, l’Institut Robert-Debré du Cerveau de l’Enfant, et le projet IDEAL, qui illustrent l’ambition scientifique et clinique de l’AP-HP dans ce domaine.

Chez l’adulte, l’AP-HP offre une prise en charge complète des troubles psychiatriques à travers ses quatre secteurs spécialisés. Son offre va de l’hospitalisation aux consultations, en incluant dispositifs mobiles et centres experts labellisés. Elle pilote aussi le seul centre francilien dédié aux troubles du neurodéveloppement adulte. Investie dans des thématiques comme le psychotrauma, la prévention du suicide ou les nouvelles addictions, l’AP-HP développe une approche innovante, en lien avec l’addictologie et les services somatiques. Elle accorde également une attention particulière à la santé mentale des personnes âgées, avec une offre de soins adaptée, innovante et de proximité.

Enfin, dans une logique de continuité des soins, les secteurs de psychiatrie adulte et infanto-juvénile assurent le suivi au long cours des pathologies mentales, avec des dispositifs de transition innovants entre adolescence et âge adulte, adaptés aux enjeux de l’insertion scolaire, universitaire et professionnelle. 

LES CHIFFRES CLÉS DE LA PSYCHIATRIE À L’AP-HP EN 2023

  • 60000 Patients pris en charge

  • 70000 Passages aux urgences

  • 230000 Consultations

  • 13 Services adultes

  • 7 Services infanto-juvénile

Le rôle déterminant des urgences psychiatriques pré‑hospitalières (SAMU de Paris)

Face à l’augmentation continue des besoins en santé mentale qui peuvent mettre en tension les services d’accueil des urgences (SAU) de l’AP-HP, le SAMU de Paris a mis en place un dispositif pré-hospitalier gradué, structuré et coordonné. Un modèle d’intervention permettant de stabiliser, évaluer et orienter rapidement les patients pour limiter les passages évitables dans les SAU, sécuriser les parcours de soins et mieux mobiliser les ressources hospitalières.

Le SAMU Psy, dispositif dédié à la régulation et à l’intervention en psychiatrie d’urgence, incarne cette nouvelle approche. Grâce à une équipe spécialisée (psychiatres, infirmiers) intégrée à la régulation du 15, les appels font l’objet d’une évaluation clinique approfondie qui permet d’améliorer la réponse qualitative aux urgences psychiatriques et limiter l’orientation systématique vers les SAU. En 2024, plus de 5 000 dossiers ont été traités, soit une hausse de 41 % par rapport à 2023, avec un taux de recours aux SAU réduit à 33 %, contre plus de 80 % avant la mise en place du dispositif.

En parallèle, l’AP-HP est en première ligne pour la prise en charge des traumatismes psychiques en contexte collectif, à travers la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) de Paris. Mobilisée lors d’événements majeurs (attentats, accidents, catastrophes), la CUMP assure un soutien médico-psychologique immédiat en coordination avec les urgences et les établissements de santé. En 2024, plus de 2 000 personnes ont été prises en charge, en intervention d’urgence ou dans le cadre d’un suivi programmé.

Pour les patients confrontés à des troubles psychotraumatiques complexes, le centre régional du psychotraumatisme Paris Centre & Sud (CRPPCS) propose une prise en charge spécialisée, pluridisciplinaire et coordonnée, intégrant la thérapie EMDR, thérapies cognitivo-comportementales, et approches psychodynamiques. Cette structure, adossée à un réseau hospitalier et associatif couvrant plusieurs départements franciliens, a permis la réalisation de plus de 9 000 consultations au sein de l’AP-HP en 2024, et 37 000 consultations sur l’ensemble du territoire couvert.

Enfin, la plateforme 3114, numéro national de prévention du suicide, constitue un point d’entrée essentiel pour les personnes en détresse, leurs proches ou les professionnels. Opérée par l’AP-HP au sein du SAMU de Paris, cette ligne fonctionne 24h/24 et 7j/7. Elle permet d’évaluer les situations de crise suicidaire, de désamorcer les passages à l’acte et de proposer une orientation immédiate, évitant des hospitalisations d’urgence lorsque cela n’est pas nécessaire.

Ensemble, ces dispositifs constituent un écosystème pré-hospitalier cohérent, piloté et structuré par l’AP-HP. Ils contribuent activement à désengorger les urgences, à renforcer la qualité de la réponse en santé mentale et à optimiser l’organisation des soins sur le territoire. Ce modèle, aujourd’hui reconnu, constitue un levier stratégique majeur pour répondre aux enjeux actuels et à venir de la psychiatrie d’urgence à l’échelle nationale.

Le service d’accueil des urgences : le point d’entrée dans la filière psychiatrique

Les SAU sont identifiés et conçus pour faire face à l’urgence vitale 24h/24 et 7j/7 et pour favoriser l’accès aux dispositifs de santé spécialisés lorsque survient une problématique aiguë. Ainsi les SAU de l’AP-HP constituent le premier contact avec la psychiatrie pour 30 à 50% des patients, le plus souvent suite à un état de crise (tentative de suicide, crise d’angoisse, état d’agitation, état délirant aigu, etc.). L’AP-HP assure quotidiennement la prise en charge psychiatrique d’un patient sur 20 qui franchit le seuil des urgences. Ainsi, chaque année, les équipes psychiatriques de l’AP-HP consacrent leurs compétences et leurs expertises à évaluer, accompagner et orienter près de 50 000 patients dont plus de 4 000 pour tentative de suicide. 

La crise sanitaire liée au Covid-19 a amplifié les enjeux déjà identifiés de longue date par les professionnels de la psychiatrie et a permis de mettre lumière les besoins croissants en santé mentale. Environ 20 % des personnes présentent des symptômes anxieux ou dépressifs, et près de 7 % déclarent avoir déjà effectué une tentative de suicide. Par ailleurs, les délais d’accès aux consultations ambulatoires tendent à s’allonger, accentuant le rôle central des SAU comme point d’entrée dans la filière psychiatrique.

Plusieurs SAU de l’AP-HP ont structuré des espaces dédiés à la prise en charge des urgences psychiatriques (hôpitaux Henri-Mondor et Lariboisière-Fernand-Widal AP-HP) et ont constitué des équipes pluridisciplinaires spécialisées. L’orientation des patients à risque suicidaire a également été renforcée grâce à l’ouverture de lits de centre renforcé d’urgence psychiatrique et à la coordination régionale assurée par la cellule de régulation de l’offre de soins en suicidologie. Malgré un contexte marqué par de fortes tensions, l’AP-HP a su maintenir et développer des dispositifs d’accueil psychiatrique sans rendez-vous pour les enfants et les adolescents, et implanter des lits de post-urgence en pédopsychiatrie, notamment au sein de l’hôpital Bichat AP-HP.

Engagée sur les grands enjeux de la psychiatrie, l’AP-HP a activement contribué aux travaux de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de la commission parlementaire dédiée. Sa mission de veille sanitaire psychiatrique s’est traduite par le développement d’un outil numérique facilitant le signalement systématique des patients suicidants aux cellules VigilanS, chargées de les accompagner, et par l’animation de la cellule VigilanS 92-94. Dans cette dynamique, le plan de formation de l’AP-HP intègre un module spécifique à la psychiatrie d’urgence, renforçant l’acculturation des professionnels à ces situations complexes.

Alors que les besoins en psychiatrie d’urgence demeurent importants, le fait que l’AP-HP prenne en charge 40 % des urgences psychiatriques en Île-de-France – pour 30 % des urgences générales – témoigne de son engagement structurant dans l’organisation et la coordination des parcours de soins psychiatriques aigus. Forte de ce rôle, l’AP-HP entend poursuivre le développement de dispositifs innovants au service des territoires et des patients.

Un enjeu majeur de santé publique

La psychiatrie périnatale constitue un champ en pleine expansion, à l’interface entre la santé mentale, l’obstétrique, la néonatologie et la pédopsychiatrie. Elle recouvre la prévention, le dépistage et la prise en charge des troubles psychiques des parents survenant au cours de la grossesse et de l’année suivant l’accouchement, mais également l’accompagnement du lien Parents-enfant et le soutien au bon développement des bébés. Cette période, caractérisée par des bouleversements hormonaux, psychologiques et sociaux, représente une fenêtre de vulnérabilité majeure mais aussi une opportunité privilégiée d’intervention précoce. 

Les troubles psychiatriques périnataux sont fréquents : environ 10 à 20 % des femmes présentent un trouble dépressif au cours de la période périnatale. Le suicide est aujourd’hui la première cause de mortalité maternelle en France. Les troubles psychiatriques chroniques (bipolarité, schizophrénie) sont également à risque élevé de rechute en post-partum. Au-delà de la mère, ces troubles affectent l’enfant, le partenaire, et plus largement la cellule familiale.

Les conséquences pour la mère sont multiples : risque suicidaire accru, diminution de l’adhésion au suivi obstétrical, complications liées à la consommation de substances, mais aussi retentissement fonctionnel important dans la vie quotidienne. L’enfant est exposé à des troubles du développement cognitif, émotionnel et social et à une augmentation du risque de troubles psychiatriques ultérieurs. 

Une réponse adaptée à la diversité des troubles et structurée à l’échelle régionale

Pour répondre à ces enjeux, la prise en charge en psychiatrie périnatale doit être adaptée à la diversité des troubles et au moment du parcours périnatal. Elle repose sur une palette de modalités de soins qui doivent être mobilisées de façon souple et coordonnée :

  • Des consultations ambulatoires dès le projet de grossesse afin d’anticiper et d’accompagner au mieux les femmes,

  • Des soins conjoints mère-enfant (en consultation, hôpital de jour, unités mère-bébé) pour évaluer et soutenir la relation parentale,

  • Des équipes mobiles permettant d’aller-vers les femmes les plus vulnérables,

  • Des partenariats étroits avec les services d’obstétrique, de néonatologie, de médecine de ville et les acteurs sociaux pour mieux dépister et sensibiliser les familles.

La réussite de cette organisation repose sur une pluridisciplinarité effective et une continuité des parcours de soins. Les réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) régionales sont devenues un levier structurant pour élaborer des stratégies de prise en charge concertées, mutualiser l’expertise et favoriser la montée en compétence des professionnels. La première RCP régionale a été mise en place depuis le mois de janvier 2025, grâce aux services du Dr Romain Dugravier, pédopsychiatre au GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, et la Pr Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier AP-HP. Elle réunit chaque mois plus de 50 professionnels en pluridisciplinarité, autour de deux situations cliniques complexes. 

L’AP-HP joue un rôle de premier plan dans ce domaine grâce à la multiplicité de ses équipes spécialisées, implantées sur l’ensemble du territoire francilien. Ce maillage territorial permet un rayonnement régional, une diffusion des bonnes pratiques, et un accès renforcé aux soins pour les femmes, les enfants et les familles les plus exposés. 

Mieux comprendre les troubles psychiques complexes

Les troubles psychiques complexes désignent des pathologies psychiatriques (schizophrénie, troubles de l’humeur, troubles anxieux, troubles du neurodéveloppement comme l’autisme, le TDAH ou les troubles DYS…) caractérisées par une évolution complexe et une résistance aux traitements standards. Environ 40 % des patients ne répondent pas aux traitements initiaux, ce qui nécessite des approches thérapeutiques souvent longues avant de trouver une solution efficace.

Ces troubles sont souvent associés à d'autres pathologies dites comorbides : addictions, maladies somatiques, autres troubles psychiatriques. Ils s’inscrivent fréquemment dans des contextes de grande vulnérabilité sociale ou environnementale : précarité, isolement, violences intra-familiales, logement indigne, rupture professionnelle ou éducative…

Les centres experts en psychiatrie : un maillon essentiel dans la prise en charge de ces troubles

Pour répondre à ces situations complexes, l’AP-HP a mis en place un réseau structuré de centres experts, permettant d’avoir une offre de recours spécialisé qui se veut structurée autour de centres experts labellisés FondaMental et d’unités reconnues dans de nombreux domaines : 

  • Les centres de la Fondation FondaMental, répartis sur plusieurs sites de l’AP-HP, pour les troubles psychiatriques majeurs,

  • Les centres Psychotrauma relevant des Centres Régionaux du psychotrauma Paris Centre et Sud, et Nord pour la gestion d’événements traumatiques, 

  • Le centre des troubles de la personnalité des hôpitaux Corentin Celton et Cochin – Port-Royal,

  • Le centre de neuropsychopharmacologie des hôpitaux Lariboisière - Fernand-Widal et Bicêtre,

  • Les centres des addictions complexes des hôpitaux Lariboisière - Fernand-Widal et Paul-Brousse,

  • Le centre des troubles des conduites alimentaires des hôpitaux Paul-Brousse et Cochin (Maison de Solenn),

  • Les centres de psychiatrie de liaison, présents sur l’ensemble des sites de l’AP-HP.

  • Les centres de référence des troubles du langage et des apprentissages,

  • Les centres de référence maladies rares (ex. maladies rares à expression psychiatrique, Pitié Salpêtrière).

  • Centre de diagnostic et d’évaluation – autisme : trois centres enfants (Necker-Enfants malades, Pitié-Salpêtrière, Robert-Debré) et un centre adulte (Pitié-Salpêtrière, centre du neurodéveloppement adulte).

Ces centres offrent un niveau d’expertise unique, couvrant tous les âges de la vie (enfants, adolescents, adultes et personnes âgées), pour affiner les diagnostics, proposer des traitements spécialisés et coordonner les parcours de soins. Notre file active (nombre de patients pris en charge dans l’une ou l’autre de nos modalités d’accueil) est de 60.000 patients.

Ils ne se substituent pas aux soins de premier ou deuxième recours, mais interviennent en appui dans les situations où les soins conventionnels sont en échec ou en impasse. Ils permettent :

  • Un accès à des ressources thérapeutiques spécialisées peu disponibles ailleurs telles que l’électroconvulsivothérapie, les thérapies cognitivo-comportementales individuelles ou en groupe, la psychoéducation et la remédiation cognitive.

  • Une prise en charge coordonnée des comorbidités, qu’elles soient psychiatriques, addictives ou somatiques.

  • Une expertise pour redéfinir un projet thérapeutique adapté, en lien avec les professionnels de proximité.

Des centres experts en neuropsychiatrie

À l’interface entre neurologie et santé mentale, la neuropsychiatrie concerne des pathologies complexes. Depuis plus de dix ans, l’AP-HP est engagée dans une dynamique de reconstruction de cette expertise en développant une approche innovante et intégrée des pathologies à l’interface de la neurologie et de la psychiatrie, en s’appuyant sur des centres experts. 

Ces structures réunissent des spécialistes de haut niveau pour une prise en charge diagnostique et thérapeutique coordonnée de patients complexes, souvent en errance. Pionnières, des unités comme l’unité de neurologie comportementale de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, l’unité troubles neurologiques fonctionnels (TNF) de l’hôpital Avicenne ou la future NePDiT à l’hôpital Lariboisière - Fernand-Widal incarnent cette dynamique. Ce dispositif hospitalier unique permet d’optimiser les parcours de soins, en particulier pour des patients âgés et vulnérables, en favorisant un accès facilité aux ressources spécialisées et un meilleur accompagnement du vieillissement.

Une articulation essentielle avec les dispositifs de soins classiques

Les centres experts fonctionnent en étroite coordination avec les structures de soins de niveau 2, c’est-à-dire les dispositifs de psychiatrie conventionnels (centre médico-psychologique, hôpitaux de jour, unités d’hospitalisation, etc.). Cette logique partenariale est indispensable pour assurer la continuité et la fluidité des parcours, en particulier pour les patients les plus vulnérables.

Ils ont vocation à s’inscrire pleinement dans des parcours de soins coordonnés, en collaboration avec les acteurs de terrain. L’un des défis majeurs à venir reste la structuration de ces partenariats, pour garantir à chaque patient, même dans les situations les plus complexes, un accès à des soins continus, adaptés et de haute qualité.

La santé mentale dès l’enfance : un enjeu pour demain et des défis majeurs pour la pédopsychiatrie

La santé mentale des enfants et des adolescents est un enjeu majeur de santé publique. Selon l’organisation mondiale de la santé, un enfant sur cinq est concerné par un trouble psychique au cours de son développement. Troubles du neurodéveloppement, troubles des apprentissages, troubles anxieux, dépressions précoces : les problématiques sont nombreuses, souvent complexes, et en constante augmentation. La précocité de la détection et de la prise en charge est déterminante pour éviter une aggravation des troubles et favoriser une trajectoire de vie.

L’AP-HP, premier acteur en Île-de-France de l’hospitalisation en pédopsychiatrie, s’engage pleinement pour répondre à ces défis en développant une offre complète, structurée, accessible et innovante. Elle déploie des dispositifs complémentaires et coordonnés autour de quatre axes principaux :

  • Le dépistage précoce pour détecter au plus tôt les difficultés du développement et les troubles mentaux grâce à nos centres d’excellence spécialisés dans les troubles du neurodéveloppement, les troubles des apprentissages ou encore les troubles de l’adolescence. 

  • La prise en charge des crises en proposant des consultations sans rendez-vous et des consultations d’urgence dans plusieurs hôpitaux de l’AP-HP (Necker-Enfants malades, Pitié-Salpêtrière, Robert-Debré, Louis Mourier) pour répondre rapidement aux situations aiguës, en complément des prises en charge dans les services d’accueil des urgences. 

  • Un soutien aux familles en développant des programmes d’éducation thérapeutique (ETP), de guidance parentale ou encore de psychoéducation. L’AP-HP propose un renforcement des compétences parentales avec le déploiement de programmes validés tels que Triple P, Barkley, PACT ou ABC.

  • Des partenariats renforcés avec les services de pédiatrie, l’Éducation nationale, les structures médico-sociales et la justice pour garantir un repérage précoce et un parcours de soins global.

L’AP-HP soutient également l’innovation et la recherche en pédopsychiatrie avec : 

  • Le déploiement de Clepsy.fr : plateforme numérique dédiée à la santé mentale de l’enfant pour mieux accompagner les familles dans leur quotidien en leur mettant à disposition des outils pratiques et accessibles à tous. 

  • La création de l’institut des pathologies du développement de l’enfant et de l’adolescent (IDEAL) : un projet phare pour la pédopsychiatrie à l’échelle européenne pour renforcer l’accès précoce au repérage et au diagnostic, développer la recherche et la formation et améliorer la coordination des parcours de soins. La première pierre a été posée le 24 septembre 2025 à l’hôpital Armand-Trousseau AP-HP.

  • Le lancement de l'institut hospitalo-universitaire, l'institut Robert-Debré du Cerveau de l’Enfant, depuis 2024 : cet institut réunira représentants des enfants et des familles, chercheurs, médecins, soignants et acteurs économiques pour mieux comprendre la biologie du cerveau en développement et comment il apprend dans le but d’agir sur les trajectoires développementales atypiques.

Une prise en charge de proximité grâce aux centres médico-psychologiques (CMP)

Pour assurer une prise en charge de proximité, l’AP-HP a mis en place un réseau de centres médico-psychologiques (CMP) pédiatriques, implantés dans les 12e, 15e, 18e et 20e arrondissements de Paris.

Ces CMP réunissent des équipes pluridisciplinaires composées de pédopsychiatres, psychologues, infirmiers, psychomotriciens, orthophonistes, éducateurs spécialisés et assistants sociaux. Ils travaillent en collaboration étroite avec des professionnels de la petite enfance (PMI), des établissements scolaires, des plateformes de coordination et d’orientation, des pôles de diagnostic de l’autisme, ainsi que des associations de familles.

Des contraintes structurelles qui freinent encore l’accès aux soins

Malgré une organisation renforcée, des contraintes structurelles persistent. En Île-de-France, un poste de pédopsychiatre sur cinq reste vacant, selon les données du ministère de la santé (2023). Un impact direct sur la prise en charge : une capacité d’accueil des structures limitée et des délais d’accès aux soins rallongés, notamment dans certaines disciplines comme l’orthophonie où l’attente peut dépasser 12 mois selon la Fédération Nationale des Orthophonistes (2024).

Le manque de structures spécialisées est également une problématique à soulever : les centres d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), les services d'éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) ou encore les instituts médico-éducatifs (IME) sont en nombre insuffisant pour répondre à la demande croissante des besoins.

Enfin, les parcours de soins demeurent complexes et fragmentés, malgré la mise en place de nombreux dispositifs d’inclusion scolaire et médico-sociale (ULIS, AESH, UEMA, UEEA, DAR…). Ces dispositifs, bien que précieux, peinent encore à compenser l’insuffisance de coordination et à garantir une continuité de prise en charge adaptée pour chaque enfant.

La prise en charge des troubles psychiques et psychiatriques dès le plus jeune âge constitue ainsi une priorité de santé publique qui appelle à renforcer la prévention, à soutenir les structures innovantes, à outiller davantage les parents et à garantir une réponse plus rapide et coordonnée pour chaque enfant et sa famille.

Troubles du neurodéveloppement : vers une prise en charge renforcée

Les troubles du neurodéveloppement (TND) concernent aujourd’hui près d’une personne sur six. Ils regroupent différents troubles, parmi lesquelles le trouble du spectre de l’autisme (TSA), le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (dits « troubles DYS »), le trouble du développement intellectuel (TDI) et les troubles moteurs. Ils apparaissent dès l’enfance et perdurent tout au long de la vie, et ont un retentissement majeur sur la qualité de vie, la scolarité, la vie familiale, sociale et professionnelle. On estime que 70 à 80 % des personnes concernées par un TND développeront également un ou plusieurs troubles psychiatriques secondairement. Face à cet enjeu, l’AP-HP se mobilise pour améliorer le repérage, le diagnostic et l’accompagnement des personnes concernées. 

Le diagnostic est à la fois catégoriel, fonctionnel et étiologique : il est posé grâce à une collaboration étroite avec les autres disciplines, comme la pédiatrie, la génétique ou la neurologie. L’AP-HP s’appuie sur un maillage riche de centres d’expertise sur l’ensemble des TND : les centres de diagnostic et d’évaluation autisme enfant et adulte, le centres de référence des troubles du langage et des apprentissages, les consultations spécialisées TDAH, les centres de référence maladies rares et leurs filières. Ils sont coordonnés entre eux et constituent un élément moteur de la dynamique régionale en lien avec le centre ressources autisme Île-de-France (CRAIF) à la Maison de l’Autisme. 
 

 L’AP-HP mobilisée pour une prise en charge structurée, innovante et coordonnée

Alors que l’offre de diagnostic et de soins concernant l’autisme a pu se structurer ces dernières années sous l’impulsion de la stratégie nationale dédiée aux troubles du neurodéveloppement, la dynamique en cours est celle d’une structuration de l’offre concernant l’ensemble des TND. L’AP-HP est résolument engagée dans cette voie. Cela va par exemple de la formation des professionnels des plateformes de coordination et d’orientation, au co-pilotage du projet régional de centre ressource TDAH. L’offre de diagnostic et de soins de l’AP-HP et la coordination des expertises permettent une approche holistique des TND, dont les différents troubles sont fréquemment associés entre eux mais aussi à d’autres troubles (comme l’épilepsie ou les troubles psychiatriques). Le diagnostic étiologique est également fondamental. Si ces troubles sont fréquents, leurs causes sont multiples et rares, avec des facteurs de risques communs. La compréhension des mécanismes étiologiques et des trajectoires développementales de la période anténatale à l'âge adulte est au cœur du dynamisme des structures de l’AP-HP grâce à des technologies de pointe (imagerie, neuroanatomie ou encore accès au séquençage à haut débit).

Afin de renforcer la diffusion de connaissances sur les troubles du neurodéveloppement, l’AP-HP s’engage également à promouvoir une information fiable et accessible, en lien avec la Maison de l’Autisme, à destination des professionnels et du grand public (séminaires, formations universitaires, webinaires, etc.). Elle déploie, par ailleurs, une offre de formation conséquente à destination des professionnels. Chez l’adulte, la mise en place de groupes d’intervision et de dispositifs de télé-expertise, permettent de coordonner les parcours, en lien avec la médecine de ville et la filière médico-sociale, et de réduire les délais d’attente.

Le diagnostic et l’évaluation n’ont pour objectif principal que de favoriser l’accompagnement des personnes concernées et d'améliorer leur insertion scolaire, socioprofessionnelle, leur qualité de vie et permettre leur autodétermination. Les équipes de l’AP-HP travaillent ainsi en forte synergie avec les familles, le milieu associatif, la médecine de ville, le médico-social et les autres structures de soins régionales pour assurer un accompagnement de qualité. Les projets en cours, tels que ceux axés sur l’accompagnement de l’adolescence à l’âge adulte chez les jeunes avec TND, ou encore sur les soins pluridisciplinaires aux adultes ayant les formes d’autisme les plus sévères ou complexes (Handi-TND), ont pour but de fluidifier davantage les parcours de soins. 

 L’AP-HP, l’un des premiers moteurs nationaux dans la recherche

La recherche occupe aussi une place centrale dans la mobilisation de l’AP-HP sur les TND. En plus de la création des deux instituts Robert-Debré du Cerveau de l'Enfant et IDÉAL, l’AP-HP affirme son engagement dans le domaine du neurodéveloppement chez l’adulte aux côtés de l’Institut du Cerveau. De nombreuses initiatives témoignent de cette dynamique, dont récemment une Summer School dédiée à l’autisme.

La recherche regroupe de nombreuses thématiques, qu’il s’agisse de recherche fondamentale, de recherche clinique (cohorte longitudinale, essais thérapeutiques innovants, travaux de recherche de génétique et d’imagerie, etc.) ou de développement de nouveaux outils pragmatiques, comme des dispositifs facilitant la communication ou de nouveaux outils de repérage des troubles chez l’adulte.

Ces instituts regroupant des expertises multiples - soins, recherche, sciences fondamentales, cognitives, et sociales - ont pour ambition de mieux comprendre la biologie du cerveau en développement, de faciliter sa compréhension, d’enrichir ses compétences cognitives et affectives, y compris en situation de vulnérabilité (prématurité, pauvreté, maladie, etc.), et d’accompagner la trajectoire de vie de chaque personne.

Troubles somatiques fonctionnels : des défis médicaux et organisationnels

On appelle troubles somatiques fonctionnels (TSF) un ensemble de troubles, parfois qualifiés de
« symptômes médicalement inexpliqués », dans lesquels le patient souffre de symptômes physiques pénibles et invalidants, alors même que les examens cliniques et paracliniques sont normaux ou ne suffisent pas à expliquer ces manifestations. Parmi ces troubles, les troubles neurologiques fonctionnels sont caractérisés par des symptômes d’allure neurologique (mouvements anormaux, paralysies, crises non épileptiques) mais sans lésion neurologique identifiable. Il est essentiel de souligner que ces troubles ne sont pas imaginaires et encore moins feints, mais nécessitent une prise en charge adaptée.

Les TSF constituent un enjeu de santé publique, par leur fréquence, l’errance diagnostique des patients et l’invalidité générée. Ils concernent 9 % des adultes en Europe et motivent 15 à 40 % des consultations chez les médecins généralistes et jusqu’à 50 % des premières consultations en médecine interne. La fréquence élevée des TSF s'explique par leur présence dans toutes les spécialités médicales, sous des formes variées telles que l’intestin irritable, la fibromyalgie ou les troubles neurologiques fonctionnels. Ils sont parfois attribués à une cause physique unique (électrosensibilité, maladie de Lyme chronique) mais la recherche montre que des facteurs cognitifs et comportementaux jouent un rôle majeur. Faute de reconnaissance et de formation, la prise en charge des TSF reste difficile, laissant professionnels de santé démunis et patients en errance médicale, malgré leur fréquence et leur impact considérable sur la qualité de vie. L’offre de soins dédiée aux TSF est très rare en France. 

Le projet CRÉATIF : un parcours innovant structuré pour un plan de soins personnalisé

Porté par l’AP-HP, le projet CRÉATIF (Centre Ressource d’Évaluation et d’Appui à la prise en charge des Troubles somatiques dits « Inexpliqués » ou Fonctionnels) vise à combler cette lacune. Ce projet propose un parcours de prise en charge innovant, structuré autour de deux unités au fonctionnement similaire mais complémentaire :

  • L’unité CASPer (Circuit Ambulatoire d’évaluation et de prise en charge Symptômes Persistants), située à Hôtel-Dieu AP-HP, est consacrée aux TSF en général.

  • L’unité troubles neurologiques fonctionnels, située au sein de l’hôpital Avicenne AP-HP.

Ces deux unités, uniques en France, servent de plateforme de diagnostic, d’orientation et de prise en charge pour les patients souffrant de symptômes persistants inexpliqués. L’évaluation repose sur un hôpital de jour pluridisciplinaire où chaque patient bénéficie, sur une courte période, d’une évaluation globale de ses symptômes et de son parcours médical par divers professionnels : internistes, neurologues, psychiatres, spécialistes de médecine du sport, psychologues, kinésithérapeutes. Cette approche holistique permet d’établir un diagnostic positif (plutôt que d’exclure uniquement les maladies les unes après les autres) et de proposer au patient un plan de soins personnalisé, pouvant associer activité physique adaptée, thérapie cognitive et comportementale, remédiation cognitive, kinésithérapie.

Grâce à l’appui de l’AP-HP, du fond d’innovation opérationnel en psychiatrie (FIOP 2024), et du soutien financier de l’ARS Île-de-France, le projet CRÉATIF réunit des professionnels de disciplines diverses autour d’un objectif commun : améliorer la reconnaissance et la prise en charge des TSF. Des travaux sont en cours pour évaluer l’impact de ce dispositif, afin d’en assurer la pérennisation. Mettant en lien médecin traitant, centre expert de diagnostic, réseau de professionnels de santé en ville et recherche clinique, cette mobilisation exemplaire illustre la volonté de l’AP-HP d’innover pour répondre à un besoin de santé publique jusque-là négligé. Il offre l’espoir d’un parcours de soins plus fluide, plus humain et plus efficace pour les patients. 

A propos de l'AP-HP : Premier centre hospitalier universitaire (CHU) d’Europe, l’AP-HP assure un service public de santé pour tous 24h/24. C’est pour elle à la fois un devoir et une fierté. L’AP-HP accueille chaque année plus de 8 millions de patients à tous les âges de la vie : en consultation, en urgence, lors d’hospitalisations programmées ou en hospitalisation à domicile. Elle est le premier employeur d’Île-de-France avec près de 100 000 personnes – médecins, chercheurs, paramédicaux, personnels administratifs, techniques et ouvriers, et peut compter sur plus de 2 000 bénévoles auprès des patients et des familles. Ses 38 hôpitaux sont organisés en six groupes hospitalo-universitaires (AP-HP. Centre - Université Paris Cité ; AP-HP. Nord - Université Paris Cité ; AP-HP. Sorbonne Université ; AP-HP. Université Paris-Saclay ; AP-HP. Hôpitaux universitaires Henri-Mondor et AP-HP. Hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis), conventionnés avec sept universités franciliennes. Lieu de formation de plus de 22 000 étudiants et internes, l’AP-HP est aussi au premier rang de la recherche clinique en France. À ces missions, s’ajoute une action déterminée en matière de transformation écologique et de partage d’expérience à l’international. L’AP-HP s’engage pour demain.
www.aphp.fr