Une analyse complète des données de l’étude RespiStim-SLA, promue par l’AP-HP, a démontré qu’une stimulation diaphragmatique précoce ne contribuait pas à ralentir l’atteinte respiratoire de patients suivis pour une sclérose latérale amyotrophique (ou maladie de Charcot). Ces travaux font l’objet d’une publication mardi 11 octobre 2016 dans la revue Lancet Neurology.
La SLA est une maladie dégénérative qui atteint notamment les muscles respiratoires. Les malades sont alors pris en charge par une ventilation assistée, généralement administrée par un masque facial ou nasal.
Coordonnée par le Dr Jesus Gonzalez-Bermejo, pneumologue dans le service de pneumologie et de réanimation médicale dirigé par le Pr Thomas Similowski à la Pitié-Salpêtrière AP-HP, l’étude RespiStim-SLA avait pour objectif principal de démontrer que la stimulation phrénique intradiaphragmatique* à faible intensité ralentissait la progression de l'atteinte respiratoire dans la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) et retardait ainsi le recours à l'assistance ventilatoire (ventilation non invasive, VNI).
Depuis juillet 2015, les données recueillies dans le cadre de cette étude, dont la méthodologie était strictement comparable à celle d’un essai médicamenteux, ont fait l’objet d’une analyse exhaustive. Les résultats, publiés mardi 11 octobre 2016 dans la revue Lancet Neurology, ont mis évidence qu’une stimulation phrénique intradiaphragmatique n’entraînait pas pour les patients un allongement de leur survie sans ventilation non invasive.
Cette analyse souligne même une surmortalité significative chez les patients réellement stimulés par rapport à ceux qui ont reçu la stimulation fictive. Dans le groupe stimulé, on constate en effet une accélération de la dégradation fonctionnelle évaluée par le score de référence (ALSFRS-R). Dans la mesure où tous les patients ont été opérés de la même façon pour l'implantation, la cause des effets observés est très probablement la stimulation elle-même. L'hypothèse d'une "excito-toxicité" neuronale est soulevée.
Il ne ressort par ailleurs aucune différence entre les deux groupes concernant la fonction des muscles respiratoires, le sommeil, ou la qualité de vie.
Les études randomisées contrôlées actuellement disponibles (l'étude anglaise DiPALS et l'étude française Respistim-SLA), permettent ainsi de conclure qu'il n'y a pas d'indication à la stimulation phrénique implantée au cours de la SLA, que ce soit au stade précoce (Respistim-SLA) ou en complément d'une assistance ventilatoire pour hypoventilation avérée (DiPALS).
* La stimulation phrénique intradiaphragmatique consiste à mettre en place des électrodes stimulant les deux nerfs phréniques afin de provoquer des contractions musculaires du diaphragme.
Jésus Gonzalez-Bermejo, Capucine Morélot-Panzini, Marie-Laure Tanguy, Vincent Meininger, Pierre-François Pradat, Timothée Lenglet, Gaëlle Bruneteau, Nadine Le Forestier, Philippe Couratier, Nathalie Guy, Claude Desnuelle, Hélène Prigent, Christophe Perrin, Valérie Attali, Catherine Fargeot, Marie-Cécile Nierat, Catherine Royer, Fabrice Ménégaux, François Salachas, Thomas Similowski
Lancet Neurology 2016; 15: 1217–27