Les plans de gestion des pleurs du nourrisson visent à prévenir les traumatismes crâniens non accidentels, également appelés syndrome du bébé secoué. Une étude nationale menée par l’Université Paris Cité, l’Inserm, l’AP-HP, Santé Publique France et le CHU de Nantes, et publiée dans la revue Child Abuse & Neglect, a révélé que le plan de gestion des pleurs du nourrisson est remis à seulement une mère sur deux en maternité en France.
Les pleurs du nourrisson sont considérés comme le principal déclencheur du syndrome du bébé secoué (maintenant appelé traumatisme crânien non accidentel), une forme grave de maltraitance pouvant entraîner décès ou séquelles neurologiques sévères chez les nourrissons. Parce que le syndrome du bébé secoué survient le plus souvent dans les premières semaines et mois de vie des nourrissons, de nombreuses autorités de santé dans le monde, dont la Haute Autorité de Santé (HAS) en France, recommande la diffusion de « plans de gestion des pleurs » visant à rappeler le caractère fréquent et transitoire des pleurs du nourrisson, et à proposer des stratégies pour aider les parents à faire face au stress que ces pleurs peuvent engendrer pour réduire les risques de maltraitances.
La moitié des mères sans information
Une étude nationale menée par l’Université Paris Cité, l’Inserm, l’AP-HP, Santé Publique France, le CHU de Nantes, et la start-up Kastafiore montre qu’en mars 2021, lors de l’Enquête nationale périnatale (ENP) conduite sur l’ensemble des maternités de France pendant deux semaines, seule une mère sur deux rapportait avoir reçu un plan de gestion des pleurs.
L’étude repose sur les données de l’Enquête nationale périnatale 2021 qui a inclus plus de 13 000 femmes ayant accouché en France. Parmi les 7 139 mères ayant répondu à l’enquête à deux mois du post-partum, 50,1% ont déclaré ne pas avoir reçu de plan de gestion des pleurs depuis la naissance de leur enfant.
Les résultats, publiés dans la revue Child Abuse & Neglect, mettent en évidence d’importantes disparités dans la transmission de cette information essentielle et soulignent la nécessité de renforcer sa diffusion auprès de toutes les familles.
« Informer les parents sur la gestion des pleurs est un élément clé de prévention du syndrome du bébé secoué », souligne Luc Goethals, premier auteur de l’étude et chercheur à l’Inserm.
Des déterminants multiples
L’étude a permis d’identifier plusieurs facteurs associés à une moindre réception d’un plan de gestion des pleurs du nourrisson : un âge maternel élevé (≥ 30 ans), avoir déjà des enfants, l’absence de participation à des séances de préparation à la naissance et à la parentalité, l’absence de visite à domicile par une puéricultrice après la naissance et la privation récente de sommeil chez les mères participantes.
Les auteurs interprètent ces facteurs comme pouvant refléter des biais implicites. Certaines mères, notamment plus âgées ou déjà parents, peuvent être moins bien informées en raison d’une moindre priorité perçue par les soignantes et soignants, d’un manque de structuration nationale des séances pré- et post-natales, et d’une période périnatale trop riche pour une bonne assimilation des messages.
« Nos résultats montrent qu’il reste une marge importante pour améliorer la diffusion de ces informations. Cela suppose de mieux structurer et prioriser la remise de ces plans dans les parcours périnataux, afin que toutes les familles puissent y avoir accès, de manière équitable, partout en France. », conclut Luc Goethals.
À l’issue de ces travaux, les auteurs proposent plusieurs recommandations visant à renforcer la diffusion de ces plans de gestion des pleurs auprès de toutes les familles en France.
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