La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes : L’AP-HP s'engage pour une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences

1. Les Maisons des femmes de l’AP-HP

Cinq Maisons des femmes sont aujourd'hui actives au sein de nos hôpitaux : Bichat – Claude-Bernard, Hôtel-Dieu, Pitié-Salpêtrière, Bicêtre et Antoine-Béclère. En 2024, environ 300 femmes ont été accueillies dans chacune des Maisons des femmes de l’AP-HP, soit une hausse d’environ 21 % de notre file active par rapport à l'année précédente.

Ces femmes, âgées de 18 à 81 ans, dont près de 80 % étaient victimes de violences conjugales, ont bénéficié d’un accompagnement pluridisciplinaire adapté à leur situation.

2. Le dépôt de plainte facilité

Depuis 2023, une convention signée entre l’AP-HP, la Préfecture de police et les parquets de Paris, Créteil, Bobigny et Nanterre permet aux victimes de violences conjugales de déposer plainte dans l’ensembles des services d’urgences de l’AP-HP. Cette convention vise à l’amélioration de l’accueil et de l’accompagnement médical, social et juridique des victimes, et favorise la détection dans les établissements de santé des situations de violences et leur signalement. Une ligne téléphonique directe entre l'AP-HP et les commissariats des départements du 75, 92, 93, 94 a été créée.

3. Le recueil de preuves sans dépôt de plainte préalable

Dans la continuité de ces actions, en octobre 2024, l’AP-HP, le parquet de Paris et la Préfecture de police ont signé une convention relative au recueil de preuves sans dépôt de plainte préalable pour les femmes victimes de violences sexuelles, lorsque la victime ne peut pas ou ne souhaite pas déposer plainte immédiatement après les faits, pour quelque motif que ce soit.

Ce dispositif permet ainsi de respecter la temporalité de la victime et de lui faire bénéficier d’un temps de réflexion dans le cadre d’un accompagnement pluridisciplinaire, tout en préservant ses droits et en évitant un classement sans suite, une relaxe ou un acquittement faute d’éléments matériels. 

Ce renforcement se poursuit en 2025 avec la diffusion, en septembre, d’un protocole médical dédié aux suspicions de soumission chimique à l’ensemble des chefs de service des urgences de l’AP-HP. Ce nouveau dispositif s’inscrit dans la lignée du plan « 10 engagements pour nos patients », avec l’ambition d’une meilleure prise en charge globale des personnes victimes de violences, tant sur le plan médical que médico-légal.

Dans ce prolongement, le 19 novembre 2025, une nouvelle étape est franchie au tribunal judiciaire de Bobigny avec la signature de deux conventions entre l’AP-HP, le parquet de Bobigny et la Préfecture de police, représentés par Nicolas Revel, Eric Mathais et Adeline Poletto. 

La première, relative au recueil de preuves sans plainte, reprend le modèle signé à Paris en 2024 et encadre la réalisation de prélèvements, notamment ADN, par un médecin-légiste en amont de toute procédure pénale, officialisant une pratique déjà mise en place à l’hôpital Jean-Verdier depuis 2014. 

La seconde, consacrée au prélèvement d’organes en situation d’obstacle médico-légal, vise à faciliter les prélèvements d’organes tout en garantissant le bon déroulement des enquêtes judiciaires. Ces deux conventions renforcent la coordination entre magistrats, forces de l’ordre et équipes hospitalières et contribuent à sécuriser des dispositifs essentiels au service des victimes et de la santé publique.

4. Un lien fort entre l'UAPED et Maison des femmes de l’hôpital Antoine-Béclère

Depuis l'ouverture de la Maison des femmes de l'hôpital Antoine-Béclère en mars 2025, les deux structures travaillent ensemble au quotidien.

Pour chaque nouvelle patiente rentrant à la maison des femmes, une attention toute particulière est portée à ses enfants. Une évaluation peut être réalisée à la demande de la Maison des femmes par l'équipe de l'unité d'accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED), ce qui permet, en équipe, de s'assurer de la sécurité non seulement des femmes, mais aussi de leurs enfants. Et ainsi d'organiser une prise en charge pluridisciplinaire des enfants, notamment du point de vue social et psychologique. Les dossiers sont discutés au cas par cas, de manière collégiale et les familles sont recontactés en fonction des situations.

De même, l'UPAED oriente si nécessaire des mères de famille victimes de violence vers la Maison des femmes.

5. Les unités médico-judiciaires (UMJ), un rôle majeur dans la prise en charge des victimes 

Les unités médico-judiciaires prennent en charge sur réquisition judiciaire les personnes majeures et mineures victimes de violences physiques, sexuelles et conjugales. L'AP-HP en compte trois, situées à l'Hôtel-Dieu et dans les hôpitaux Jean-Verdier et Raymond-Poincaré. 

Près de 1 900 consultations pour des personnes victimes de violences sexuelles et 3 000 consultations pour des victimes de violences conjugales ont été prises en charge dans les UMJ de l’AP-HP en 2024. 

Par ailleurs, la compréhension publique et professionnelle de l’anatomie génitale féminine demeurant limitée, l'UMJ de l'Hôtel-Dieu et la plateforme PRIM3D de l'AP-HP ont conçu des modèles de vulve et d’hymen imprimés en 3D, modulaires et démontables, déclinés en versions prépubère et adulte. Les modèles sont utilisés lors de consultations cliniques pour soutenir le consentement éclairé, puis pour expliquer aux victimes de violences sexuelles la localisation d'éventuelles blessures. Ils sont également une ressource dans l’enseignement médical et juridique pour illustrer la variabilité anatomique et déconstruire les mythes ; et dans les tribunaux afin d’aider juges et jurés à comprendre les preuves médico-légales.