L’AP-HP a récemment mis en place une mesure de l’empreinte carbone sur l’ensemble de ses activités et sur des parcours de patients. L’objectif est de permettre aux soignants de l’AP-HP de pouvoir calculer l’empreinte carbone du parcours de leurs patients afin d’envisager des pratiques d’écoconception des soins qui soient bénéfiques à la fois pour le patient et pour son environnement. Les premiers résultats de ce Bilan Carbone® montrent que cinq postes d’émissions concentrent plus de 80% de l’empreinte carbone de l’AP-HP.
Le secteur de la santé est responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre françaises, avec 46 millions de tonnes de CO2e par an.
Afin d’identifier précisément ses leviers d’actions, l’AP-HP a fait le choix de mesurer les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) en 2019 de l’ensemble de son activité à partir d’une méthode Bilan Carbone® adaptée au secteur de la santé. L’AP-HP a intégré au calcul de ses émissions directes et indirectes une méthodologie spécifique liée au soin, comprenant notamment des facteurs d’émissions d’une soixantaine de références de médicaments, au-delà du ratio monétaire utilisé habituellement.
En 2019, l'empreinte carbone de l’AP-HP s’élevait à 1,1 million de tonnes de CO2e, soit une moyenne de 182 kgCO2e ramenée à la journée d’hospitalisation et de 173 kgCO2e par milliers d’euros de budget de fonctionnement, en cohérence avec les estimations du secteur.
Le profil des émissions de GES est différent selon l’activité de l’hôpital. En effet, l’impact carbone du soin est prépondérant dans les hôpitaux pluridisciplinaires (MCO), là où les hôpitaux avec une activité d’unités de soins de longue durée (USLD) et de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) ont un profil d’émissions plus homogène entre les différents postes.
Au global, cinq postes d’émissions concentrent plus de 80% de l’empreinte carbone de l’AP-HP :
• 60% pour le soin (production et achats de médicaments, dispositifs médicaux, usage unique lié au soin, gaz anesthétiques, …)
• 12% pour l’énergie (production, acheminement, consommation de tous types d’énergies)
• 6% pour la mobilité (déplacements domicile-travail)
• 5% pour l’alimentation (production des aliments, contenants alimentaires, …)
• 2% pour les déchets (collecte et traitement des déchets produits)
Parallèlement, en lien avec la Commission Médicale d’Etablissement (CME), l’AP-HP a lancé des travaux de recherche destinés à disposer d’estimations des émissions de GES par parcours patient, ce dernier étant la somme de segments distincts.
Trois parcours sont en cours d’analyse :
• Maladie longue et chirurgie lourde : parcours d’un patient atteint d’un cancer colorectal subissant une colectomie et traité par chimiothérapie
• Chirurgie ambulatoire :
o Parcours d’un patient adulte subissant une ethmoïdectomie
o Parcours d’un patient enfant subissant une amygdalectomie
• Maladie chronique : parcours d’un patient atteint de diabète
L’ensemble de ces travaux vont permettre de déterminer une trajectoire de réduction de notre empreinte sur les prochaines années à partir de plans d’actions répartis par sites hospitaliers et postes d’émissions.
A travers cette méthode, l’AP-HP se place comme moteur des enjeux de transition écologique dans la santé et propose une méthodologie qui pourrait contribuer à définir une référence sectorielle.