Cette première mondiale est intervenue sur un patient qui avait déjà bénéficié en 2010 d’une greffe de face et qui présentait un rejet chronique. Trois mois après l’intervention, le patient, toujours hospitalisé, a pu bénéficier d’une première sortie, et sa sortie définitive est prévue à court terme.
Pendant l’été 2016, le patient greffé de la face une 1ère fois en 2010, a commencé à présenter des signes cliniques de rejet chronique. Il a été réinscrit sur la liste nationale d’attente de greffe gérée par l’Agence de la biomédecine en octobre 2017. La gravité du rejet a nécessité une exérèse complète de la face fin novembre 2017. Le patient, hospitalisé en réanimation, a reçu pendant plusieurs semaines des soins quotidiens, rendus particulièrement complexes par l’absence de visage et l’état infectieux et immunologique lié au rejet.
Cette intervention complexe a démarré à l’hôpital européen Georges-Pompidou-AP-HP le lundi 15 Janvier 2018 en début d’après-midi et s’est terminée mardi 16 janvier 2018 en début de matinée.
Pour la première fois au monde, elle démontre que dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main), une retransplantation est possible en cas de rejet chronique.
Le patient a toutefois dû subir un traitement immunologique lourd pour éviter le rejet de cette deuxième greffe avec en particulier des séances de plasmaphérèse (changement du plasma sanguin) afin d’éliminer les anticorps susceptibles de provoquer un rejet. Le patient a également bénéficié de soins locaux et généraux pour faciliter sa cicatrisation, d’un support psychologique et d’une rééducation orthophonique qui devra se poursuivre pendant de nombreux mois.
Le suivi des greffes de face a montré qu’elles avaient une évolution similaire à toute greffe d’organe et que la durée de vie de l’organe greffé peut être limitée par des phénomènes de rejet chronique pouvant entraîner au final la destruction de l’organe : http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)31138-2/abstract
Cette nouvelle greffe réalisée à l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, dont les détails techniques et immunologiques feront l’objet d’une publication scientifique, permet de répondre aux questions de risque et de bénéfice à long terme.
La réactivité de l’Agence de la biomédecine, de l’Agence nationale de la sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), des équipes de coordination de don d’organe, des équipes médicales et paramédicales de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, ainsi que celle de la famille du donneur, a permis de réaliser cette greffe dans des délais particulièrement courts.
Par son geste altruiste, la famille du donneur a permis que cette greffe puisse avoir lieu. Il est primordial de rappeler qu’il n’y a pas de greffe sans don et sans la mobilisation quotidienne des équipes de coordination et de prélèvements d’organes.