La prise en charge du cancer du sein à l’AP-HP garantit aux patientes et aux femmes à haut risque des rendez-vous, des soins spécifiques, et un accompagnement dans ses hôpitaux. À l’occasion d’Octobre rose 2024, les équipes de l’AP-HP et les associations se mobilisent. Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent : il a touché près de 61 214 femmes en 2023 en France et, plus rarement, des hommes. Le progrès médical a permis d’immenses améliorations dans sa prise en charge, d’autant plus efficace qu’elle est effectuée à un stade précoce de la maladie. Ainsi, il peut être guéri dans près de neuf cas sur dix s’il est détecté tôt.
L’AP-HP est un acteur majeur de la cancérologie en Île-de-France. Elle assure la prise en charge du cancer du sein dans ses hôpitaux, du dépistage aux différentes thérapeutiques : traitements médicaux (chimiothérapie, hormonothérapie, thérapies ciblées et immunothérapie), interventions chirurgicales permettant par exemple l’ablation de tumeurs (avec si nécessaire une reconstruction mammaire) et radiothérapie.
5 963 patientes ont été prises en charge en hospitalisation en 2023 dans les hôpitaux de l’AP-HP pour un cancer du sein dont 3 999 nouvelles patientes.
L’AP-HP s’inscrit pleinement dans la stratégie cancer décennale nationale lancée en février 2021 par le Président de la République et la thématique cancérologie est ainsi prioritaire pour la stratégie 3-5 ans de l’AP-HP dans le cadre de ses « 30 leviers ».
De plus, l’AP-HP est engagée dans la démarche de certification européenne de l’OECI (Organisation of European Cancer Institute) et dans la démarche européenne de réseaux de
« comprehensive cancer center » portée par l’INCa.
L’AP-HP propose également à ses patientes, quel que soit leur niveau de revenu, un diagnostic rapide dans chacun de ses GHU et réalise, dans neuf hôpitaux autorisés, les actes chirurgicaux d’exérèse tumorale et de reconstruction mammaire proposée sans dépassement d’honoraire. Tous sont en mesure de proposer des interventions en ambulatoire, et très souvent dans des unités dédiées. Aujourd’hui, plus de 50% des patientes sont prises en charge en ambulatoire à l’AP-HP.
Les patientes peuvent aussi bénéficier de soins spécialisés de pointe en cancérologie comme la chimiothérapie, les thérapies ciblées, l’immunothérapie, la radiothérapie mais également d’un accompagnement personnalisé.
Ces dernières années, l’AP-HP a développé des parcours de soins spécifiques, notamment pour les patientes enceintes (coordination du réseau national cancer et grossesse à l’hôpital Tenon) et pour les patientes obèses et en surpoids (prise en charge complète et pluridisciplinaire avec suivi pendant tout le traitement, séances d’activité physique et ateliers diététiques à l’hôpital européen Georges-Pompidou).
Dans un souci d’accompagnement de l’après cancer, chaque établissement de l’AP-HP prenant en charge des cancers propose aussi des soins de support afin d’améliorer la qualité de vie et de prise en charge des patientes, en complément des traitements anti-cancéreux : séances de pratique physique adaptée et de réhabilitation par le sport.
Un accès à une consultation de préservation de la fertilité, est également possible en 48 heures, 365 jours par an. Un numéro vert à destination des professionnels de santé hospitaliers ou de ville est désormais mis en place : 0800 45 45 45.
Les hôpitaux universitaires, grâce à leurs activités de recherche, facilitent par ailleurs l’accès aux dernières innovations médicales ou chirurgicales. Le développement de thérapies ciblées permet notamment aujourd’hui de traiter chaque patiente au plus près des particularités de son cancer (mise au point de nouvelles molécules pour traiter des cancers hormono-sensibles, « triple négatif » jugés très agressifs, héréditaires, etc.).
SIX CENTRES DE DIAGNOSTIC RAPIDE DU CANCER DU SEIN A L'AP-HP
Au cœur de la stratégie de lutte contre les cancers de l’AP-HP, les centres de diagnostic rapide (CDR) ont pour vocation d’accélérer le diagnostic en proposant aux patientes quel que soit leur niveau de revenu un circuit personnalisé, multidisciplinaire et adapté à la gravité de leur pathologie.
Ces centres se situent dans les hôpitaux Henri-Mondor, européen Georges-Pompidou, Jean-Verdier, Pitié-Salpêtrière, Saint-Louis, et Tenon.
Un numéro de téléphone et une adresse mail dédiés à chaque CDR permet au patient et au médecin généraliste de solliciter un rendez-vous dans les sept jours et un diagnostic dans les 15 jours.
LA RADIOTHÉRAPIE HYPO-FRACTIONNÉE DANS LE CANCER DU SEIN par le Dr Sophie Guillerm - Hôpital Saint-Louis AP-HP
La radiothérapie hypo-fractionnée consiste à diminuer le nombre de séances pour alléger le traitement de radiothérapie des patients. Depuis de nombreuses années, l’équipe médicale du service de radiothérapie de l’hôpital Saint-Louis AP-HP a développé la radiothérapie hypo-fractionnée dans plusieurs types de cancers et notamment dans le cancer du sein. Ainsi, de nombreuses femmes voient leur nombre de séances diminuer, améliorant ainsi le confort du traitement (moins de fatigue liée aux allées et venues) tout en maintenant une efficacité et une tolérance identiques au traitement conventionnel.
Actuellement, pour les patientes à faible risque de rechute, un hypo-fractionnement dit « extrême » peut même être proposé, c’est-à-dire, une radiothérapie étalée sur seulement cinq jours, à raison d’une séance par jour, basé sur les résultats d’un essai anglais publié en 2020. En effet, deux essais réalisés par des radiothérapeutes anglais ont montré qu’il était possible, chez des patientes avec un faible risque de rechute, de réduire le protocole de radiothérapie selon deux schémas :
- Le schéma de l’essai « FAST », paru en 2011 puis en 2020 avec un recul de 10 ans, qui proposait une séance par semaine, sur 5 semaines[1].
- Le schéma de l’essai « FAST Forward », paru en 2020 avec un recul de 5 ans, qui proposait une séance par jour sur 5 jours[2].
Ces deux approches ont démontré le même résultat thérapeutique que les protocoles avec fractionnement classique, tout en réduisant l’impact du traitement sur la vie des patientes et en améliorant leur qualité de vie. À l’hôpital Saint-Louis AP-HP, le protocole FAST FORWARD a été mis en place et s’adresse aujourd’hui à des patientes de plus de 70 ans, sans risque élevé de récidive, nécessitant une radiothérapie du sein seul, sans atteinte ganglionnaire. Cela permet aux patientes éligibles de réaliser l’ensemble de la radiothérapie sur une seule semaine, leur permettant ainsi de poursuivre leurs activités habituelles en parallèle. Une étude clinique en partenariat avec l'Institut Gustave Roussy est en cours afin d'évaluer l'impact socio-économique et la qualité de vie des patientes recevant cette radiothérapie courte.
Par ailleurs, au congrès européen de l’ESMO en septembre 2024, l’étude française HYPO G01menée par le Dr RIVERA de l'Institut Gustave Roussy, a montré que la radiothérapie hypo-fractionnée était aussi possible en cas de radiothérapie du sein et des aires ganglionnaires.
IMMUNOTHÉRAPIE ET ANTICORPS CONJUGUÉS DANS LES CANCERS DU SEIN par le Pr Luis Teixeira - Hôpital Saint-Louis AP-HP
Les dernières années ont été marquées par des progrès importants dans la prise en charge des patientes en situation localement avancée et métastatique. Les progrès de l’immunothérapie, actuellement représentée par l’utilisation d’inhibiteurs de points de contrôle (check-point inhibitors) en combinaison avec la chimiothérapie.
Ces traitements permettent le « réveil » du système immunitaire qui peut alors attaquer la maladie tumorale et potentialiser l’effet de la chimiothérapie. En effet, dans le cadre du cancer du sein dit « triple négatif », le plus immunogène, l’addition de pembrolizumab (un anti-PD1) à de la chimiothérapie classique a pu montrer :
- Une augmentation de l’efficacité des traitements en situation néoadjuvante avec une augmentation du taux de réponse complète histologique, une diminution des récidives et une augmentation de la survie globale ;
- En situation métastatique, une amélioration de la survie globale pour les patientes éligibles à ces traitements.
Des résultats d’études récentes semblent confirmer l’intérêt de l’immunothérapie en situation néoadjuvante dans certains cancers hormonodépendants.
Le second progrès, ouvrant probablement une nouvelle voie thérapeutique, est l’avènement des anticorps conjugués dans l’arsenal thérapeutique. Les anticorps dits conjugués sont des anticorps monoclonaux auxquels on a lié des molécules de chimiothérapie. Ces traitements permettent une augmentation de l’index thérapeutique en permettant un meilleur ciblage des cellules à éliminer et un traitement cytotoxique délivré dans les cellules cibles.
Dans le cancer du sein surexprimant HER2, le trastuzumab-Deruxtecan est en train de prendre toute sa place. Ces anticorps sont si puissants que l’on redéfinit les classifications en faisant apparaitre le groupe des HER2-low (expression faible d’HER2) et maintenant Ultra-Low. Ces anticorps conjugués ont montré une efficacité supérieure à la chimiothérapie standard avec moins de toxicités, y compris dans ces situations de moindre expression d’HER2. Dans le cancer triple négatif aussi, l’avènement des anticorps conjugués dirigés contre une molécule TROP2 ont montré une efficacité importante avec une amélioration de la survie globale. Les dernières études étendent les indications de ces anticorps conjugués qui font mieux que la chimiothérapie, y compris dans des cancers du sein hormonodépendants lorsque l’hormonothérapie ne fonctionne plus. Les études en cours visent à combiner les anticorps conjugués à l’immunothérapie afin d’améliorer encore le pronostic des patientes. Enfin, ces anticorps conjugués sont testés en situation néoadjuvante avec de réelles chances de modification des pratiques.
Ces avancées majeures sont en cours d’essai en situation localement avancée afin de diminuer le nombre de rechute et ainsi augmenter le nombre de patientes guéries.
PRÉSERVATION DE LA FERTILITÉ, UN ACCÈS GARANTI À UNE CONSULTATION EN MOINS DE 48H par la Pr Nathalie Chabbert-Buffet – Hôpital Tenon AP-HP
L’AP-HP garantit à tout patient concerné, adultes et enfants, un accès dans les 48h qui suivent le diagnostic, 365 jours par an, à une consultation de préservation de la fertilité. Dans certaines maladies, et notamment le cancer du sein, le traitement peut agir sur la capacité biologique à avoir des enfants.
Pour les jeunes femmes diagnostiquées avec une tumeur mammaire, l’impact de la maladie sur la fertilité future se fera par plusieurs biais : d’une part la toxicité directe d’une éventuelle chimiothérapie sur le fonctionnement des ovaires et la production d’ovules ; et d’autre part, le report d’un éventuel projet de grossesse du fait des traitements qui aboutira pour la femme à un vieillissement ovarien physiologique conduisant lui-même à une réduction de la fertilité.
L’AP-HP est au cœur du dispositif de prise en charge des jeunes patientes atteintes de cancer du sein, avec une offre attractive et de pointe en termes de préservation de la fertilité féminine. Elle a, au cours des dernières années, énormément investit ce champ. L’AP-HP est le premier centre de préservation de la fertilité féminine en France avec ses cinq centres (Cochin – Port-Royal, Jean-Verdier, Tenon, Bichat et Antoine-Béclère/Bicêtre) qui proposent toutes les techniques actuellement disponibles de préservation. Elle a mis en place une plateforme, avec numéro vert, à destination des professionnels de santé hospitaliers ou de ville, qui permet d’aiguiller les patientes vers le centre de préservation de la fertilité le plus proche de leur domicile et faciliter leur accès aux soins.
Un numéro vert à destination des professionnels de santé hospitaliers ou de ville est désormais mis en place : 0800 45 45 45.
L’ACCOMPAGNEMENT APRÈS LE CANCER DU SEIN, UN ENGAGEMENT CONTINU par le Dr Johanna Wassermann – Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP
Grâce aux avancées dans le dépistage et la prise en charge, de nombreuses femmes surmontent le cancer du sein, mais le chemin vers le rétablissement ne s'arrête pas à la fin des traitements. Cinq ans après le diagnostic, une femme sur deux déclare une qualité de vie physique dégradée, et une sur trois ressent des impacts sur sa santé mentale. Fatigue, douleurs, anxiété et d'autres séquelles prolongées font de la phase "après-cancer" un parcours parfois plus difficile que la phase initiale du traitement. S'ajoute à cela la réintégration parfois complexe dans la vie sociale et professionnelle. Afin de soutenir et d'accompagner efficacement les femmes ayant fait face au cancer du sein dans leur processus de rétablissement, les centres de l'AP-HP ont mis en place des parcours de soins dédiés.
Ces parcours intègrent la coordination avec les structures médicales en ville et les associations de patientes, et comprennent des étapes essentielles telles que la consultation de fin de traitement et l'établissement d'un Programme Personnalisé de l'Après-Cancer (hôpital Henri-Mondor AP-HP) ainsi qu’une consultation de rétablissement axée sur les besoins individuels (hôpitaux Cochin – Port-Royal / européen Georges-Pompidou AP-HP). Des hôpitaux de jour (hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP) et des espaces dédiés aux soins de support (hôpital Avicenne AP-HP) permettent une prise en charge dans un temps et un lieu dédié. Une filière dédiée cancer et emploi (hôpitaux Cochin – Port-Royal /Hôtel-Dieu AP-HP) et des programmes d'éducation thérapeutique (hôpital Tenon AP-HP) sont également déployés pour renforcer la prise en charge globale. Cette approche multidisciplinaire englobe également de nouveaux acteurs, notamment les infirmières en pratiques avancées (IPA) ainsi que les patientes partenaires (Université des patients et Sorbonne Université), qui jouent un rôle essentiel dans le processus. Octobre rose est l'occasion de rappeler que le combat contre le cancer du sein ne s'arrête pas à la fin des traitements, mais continue dans le soutien et l'accompagnement des femmes. Ensemble, nous travaillons à améliorer la qualité de vie physique et mentale de toutes les femmes touchées par cette maladie et à faciliter leur réintégration dans la société.
LES PRINCIPALES RECHERCHES EN COURS SUR LE CANCER DU SEIN
L’AP-HP, premier centre hospitalier et universitaire (CHU) d’Europe, est un acteur majeur de la recherche appliquée et de l’innovation en santé. Dans le cancer du sein, plusieurs études ont été publiées et actuellement trois sont en cours pour lesquelles l’AP-HP est promoteur :
- L’étude PRIMIDIEP, coordonnée par le Dr Sarra Cristofari, service de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique de l’hôpital Tenon AP-HP, a pour objectif d’évaluer le « préconditionnement ischémique mécanique » dans le cadre d’une reconstruction mammaire suite à une mastectomie. Cette technique consiste à préparer le greffon au stress de la privation de sang qui surviendra au moment de la section du tissu graisseux au niveau du ventre. Un pré-conditionnement est réalisé de façon mécanique par de courtes séquences d’ouvertures/fermetures successives sur des vaisseaux du tissu graisseux avant sa mise en place au niveau du sein à reconstruire.
- Le projet AdDePi_KS, porté par la Pr Catherine Uzan, service de chirurgie et cancérologie gynécologique et mammaire de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, porte sur l’adhésion au dépistage du cancer du sein et à l’amélioration du respect des mesures de prévention proposées dans le « plan personnalisé de prévention » du ministère de la santé et de l’accès aux soins. L'objectif de cette étude est d'évaluer l'impact de la consultation à long terme, notamment sur le respect des méthodes de suivi recommandées et sur les facteurs de risque personnels « actionnables ». Cela permettra de suivre au fil du temps comment la notion de risque est perçue et comment cela pourrait influencer les comportements de prévention primaire.
- L’étude EPIONE-01, coordonnée par la Pr Barbara Hersant, service de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique de l’hôpital Henri-Mondor AP-HP, a pour but de démontrer l’efficacité des traitements de l’atrophie vulvo-vaginale chez des patientes ayant été atteintes d’un cancer du sein. Ce trouble, caractérisé par l’affinement de la muqueuse du vagin entraîne divers symptômes et particulièrement des douleurs (pendant les rapports sexuels). Souvent traitée par hormonothérapie, cette option est néanmoins contre-indiquée pour ces patientes. À l’heure actuelle, plusieurs alternatives existent (traitement par gel d’acide hyaluronique, injection...), cependant aucune étude comparative n’a encore été menée pour identifier le traitement le plus efficace.
Le registre des essais cliniques de l’AP-HP est accessible ici.
Par ailleurs, l'hôpital Bicêtre AP-HP, pilote en pathologie numérique, s'est positionné comme précurseur dans le cancer du sein en testant "RlapsRisk® BC", une solution d'intelligence artificielle (IA) innovante conçue pour aider les médecins à évaluer le risque de rechute des patientes atteintes du cancer du sein. Ce projet pilote, mené par la Pr Catherine Guettier, a permis à l'hôpital Bicêtre AP-HP d'essayer l'outil et de fournir des retours d'expérience à Owkin, avec qui l’AP-HP vient de renouveler son partenariat. L'objectif est que cet outil puisse, à terme, aider les pathologistes et oncologues à élaborer des plans de traitements personnalisés, à surveiller la survenue de récidives et le taux de survie à un stade précoce, et finalement à améliorer les résultats globaux pour les patientes. L'augmentation des capacités d'analyse de la pathologie grâce à l'IA pourrait permettre une meilleure adéquation des traitements à chaque patiente.
IA ET CANCER DU SEIN par la Pr Isabelle Thomassin-Naggara - Hôpital Tenon AP-HP et présidente de la Société d’imagerie de la Femme (SIFEM)
L’intelligence artificielle a connu l’une de ses premières applications en imagerie pour le diagnostic du cancer du sein en mammographie. Un modèle de deep learning doit être entraîné sur au moins un million de mammographies pour commencer à être pertinent pour le diagnostic de cancer du sein et doit ensuite être testé en conditions de routine pour évaluer son impact sur l’activité du quotidien. Ceci permet de mieux comprendre pourquoi la mammographie, examen ne comprenant que quatre clichés et permettant de découvrir l’un des cancers les plus fréquents, ait été l’un des premiers domaines développés en imagerie.
Aussi, avec le recul, nous avons pu observer en 2023 la publication dans des revues majeures des premières études prospectives randomisées qui ont toutes démontré l’intérêt de l’IA pour trier les mammographies et définir les cas simples et négatifs pour lesquels une simple lecture par un radiologue expert a la même efficacité d’un dépistage avec une double lecture, standard actuel dans la plupart des pays d’Europe. Qu’il s’agisse de la double lecture sur clichés mammographiques numériques ou de l’utilisation de l’IA par des radiologues experts, la dématérialisation doit s’accélérer pour permettre le déploiement de ces innovations.
En France, d’autres enjeux se rajoutent de par les spécificités françaises de l’organisation de la campagne de dépistage organisé :
- Connaître l’impact d’une solution d’IA comme compagnon du quotidien d’un ou d’une radiologue pour diagnostiquer le cancer du sein : si les performances de certains radiologues sont améliorées en détectant des cancers subtils, d’autres (notamment moins experts) voient leur performance dégradée notamment en raison de la présence d’images qu’il faut être en mesure de négativer. Ceci rend nécessaire un apprentissage rigoureux des plus jeunes pour être capable de gérer les résultats d’un logiciel d’IA. Les programmes d’enseignement du Collège d’enseignement de radiologie français (CERF) ont été adaptés en conséquence pour que les radiologues gardent la maîtrise des outils qu’ils utilisent au quotidien, car ils en sont in fine les seuls garants.
- Connaître les performances des solutions d’IA sur les acquisitions de tomosynthèse et la mammographie synthétique reconstruite à partir des coupes de tomosynthèse. Cette technique d’acquisition mammographique en coupes, a été validée par la Haute Autorité de santé en 2023 pour être utilisée en remplacement de la mammographie pour le dépistage du cancer du sein. Or, peu d’études ont été conduites sur les performances des logiciels d’IA et raison du peu de données disponibles.
L’autre application de l’IA en imagerie mammaire est le développement de modèles non supervisés appliqués sur la glande mammaire pour définir des biomarqueurs de risque de chaque femme et ainsi adapter le type et le rythme du dépistage de cancer du sein. Ces modèles sont basés sur l’analyse de la densité, du rehaussement matriciel (en angiomammographie ou en IRM) ou sur de nouveaux critères spécifiques, invisibles à l’œil nu des radiologues telle que la complexité du parenchyme. Les études sont prometteuses et permettraient de définir des groupes à risque différent dans la population générale et favoriseraient une évolution vers un dépistage plus personnalisé. Ainsi, l’intelligence artificielle pourrait aller bien au-delà de ce que sait faire l’œil humain et pourrait prolonger son analyse en offrant des perspectives beaucoup plus larges.
On pourrait ainsi définir des profils de tumeurs permettant de prédire les bonnes / mauvaises répondeuses à un traitement systémique ou des environnements tumoraux favorables ou non à l’apparition de métastases…
Ainsi, l’intelligence artificielle pour le dépistage du cancer du sein est une technologie pleine de promesses, que le radiologue doit façonner à son image pour la rendre utile aux femmes et aux patientes porteuses d’un cancer du sein. À l’AP-HP, et notamment à l’hôpital Tenon AP-HP, nous travaillons avec plusieurs logiciels d’IA en mammographie pour la détection des cancers mais également pour l’appréciation du risque. Un partenariat avec les développeurs permet au quotidien de modeler ces solutions à une utilisation optimisée pour les femmes françaises dans les conditions du dépistage à la Française. De belles perspectives s’ouvrent et il faudra savoir se les approprier dans l’intérêt de toutes.
L’HOSPITALISATION À DOMICILE DANS LA PRISE EN CHARGE DU CANCER DU SEIN par le Dr Jérémie Zerbit - HAD
L’hospitalisation à domicile de l’AP-HP (HAD) intervient en soutien des patients atteints de cancer, notamment du sein, en collaboration avec les équipes hospitalières et de ville. Grâce à des équipes pluridisciplinaires (médecins, infirmiers, pharmaciens, psychologues, diététiciens, kinésithérapeutes, etc.), elle assure des soins 24 h/24, 7 j/7, dans le Grand Paris, en lien avec de nombreux hôpitaux, y compris les centres de lutte contre le cancer (CLCC) et hôpitaux militaires.
En post-opératoire, par exemple après mastectomie, nos équipes prennent en charge la gestion des pansements, des drains, ainsi que de la douleur, et offrent un accompagnement psychologique pendant l'attente des résultats post-chirurgicaux. Elles s’occupent aussi de nombreuses patientes traitées par une chimiothérapie et/ou une immunothérapie, tel que le paclitaxel hebdomadaire ou le trastuzumab seul ou associé au pertuzumab, avec une prise en charge à domicile pour l’administration des traitements. Ces 12 derniers mois, l'HAD AP-HP a administré 763 traitements anticancéreux injectables à 88 patientes atteintes de cancer du sein, âgées de 30 à 94 ans.
L'HAD AP-HP innove au rythme du progrès médicale : elle propose l’administration à domicile des traitements récents, comme ceux par anticorps conjugués, le sacituzumab govitecan ou le trastuzumab deruxtecan. Elle propose également un suivi entre les traitements et une prise en charge des effets indésirables, avec une approche éducative pour renforcer l’autonomie des patientes, en collaboration avec leurs proches dans l’univers familier de leur domicile.
Depuis 2024, l’HAD AP-HP propose un programme ambitieux (ACODOM) de suivi personnalisé des patients traités par traitements anticancéreux oraux, directement depuis leur domicile, qui montre des effets en termes de sécurité des soins et notamment de gestion des effets indésirables.
Lorsque la maladie progresse, les équipes HAD AP-HP accompagnent les patientes dans des démarches palliatives, en utilisant des techniques comme l’activation de la conscience (TAC). L’hospitalisation à domicile permet alors pour les patients d’éviter des déplacements à un moment de fragilité, et favorise la qualité de vie tout en garantissant une sécurité des soins optimale.
L'HAD AP-HP complète ainsi l’hospitalisation classique tout en facilitant l’accès aux soins pour les patientes et leurs familles. Elle anticipe un avenir où, grâce aux progrès technologiques (télésurveillance, livraison de matériel et médicaments), un nombre croissant de patientes pourra être soigné à domicile. Cette nouvelle page qui s’inscrit dans l’histoire du soin, l'HAD AP-HP l’écrit avec les patientes, dans une démarche d'expérience patient portée par l'ensemble de la gouvernance médicale, soignante et administrative.
LES HÔPITAUX DE L'AP-HP MOBILISÉS POUR OCTOBRE ROSE
À l’occasion d’octobre rose, plusieurs actions sont prévues dans les hôpitaux de l’AP-HP, découvrez leur programme.
GHU AP-HP. Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis
07/10 – Hôpital René-Muret – 10 h 30 à 13 h 30 :
- Infos et échanges sur le dépistage avec le CRCDC 93, centre régional de coordination des dépistages des cancers sur le parcours de soins dans les hôpitaux Jean-Verdier et Avicenne avec l’Espace Soins & Vie Martine Midy et le service de santé au travail de René-Muret.
- Atelier de sensibilisation à l’autopalpation.
10/10 – Hôpital Avicenne – 10 h 30 à 16 h 30 :
- Échanges avec les équipes soignantes des parcours cancers et les partenaires associatifs & institutionnels du territoire.
- Plusieurs conférences autour des enjeux du dépistage précoce, de l’hérédité du cancer du sein, de sa reconstruction et des nouveautés dans la prise en charge.
- Ateliers : sensibilisation à l’autopalpation, thérapie sportive, nutrition, relaxation et sophrologie, initiation à la musicothérapie, modelage du dos, approche Snoezelen, prothèses mammaire et capillaire, soins des mains dans la bulle bien-être.
15/10 – Hôpital Jean-Verdier – 10 h 00 à 15 h 00 :
- Échanges avec les équipes soignantes des parcours cancers et les partenaires associatifs & institutionnels du territoire.
- Visites du mammographe.
- Ateliers : sensibilisation à l’autopalpation, thérapie sportive, nutrition, prothèses mammaire et capillaire.
GHU AP-HP. Sorbonne Université
08/10 - Hôpital Tenon – 10 h 30 à 16 h 30 :
Stands d’information, animations et conférence « Prise en charge du cancer du sein : un parcours global et intégré » avec la participation de professionnels de santé de l’hôpital et d’associations.
10/10 - Hôpital Pitié-Salpêtrière – 10 h 30 à 16 h 30 :
- Stands de prévention, ateliers découvertes des soins de supports et cycle de conférences « Cancer du sein : un parcours personnalisé pour chaque femme » avec des professionnels de santé et partenaires pour sensibiliser et informer au mieux sur la maladie.
- Une bulle « bien-être » sera également proposée avec des ateliers de socio-esthétique et de bien-être.
GHU AP-HP. Université Paris-Saclay
08/10 - Hôpital Ambroise-Paré – 11 h 30 à 15 h 30 :
Stands de sensibilisation au dépistage du cancer du sein en partenariat avec le service santé de la ville de Boulogne-Billancourt, le DAC 92 (Dépistage des cancers – Centre de coordination Île-de-France site des Hauts-de-Seine) et l’ASDES (Accès aux soins, aux droits et à l’éducation en santé.
09/10 - Hôpital Antoine-Béclère – 09 h 00 à 15 h 00 :
Organisation de stands sur l’autopalpation, les modalités des examens de mammographie et d’échographie et l’identification des facteurs de risques et prévention avec les professionnels de l’hôpital, mais aussi un stand d’information sur les soins de support et éducation thérapeutique avec le DAC 92 et l’unité territoriale d’éducation thérapeutique du patient.
18/10 - Hôpital Bicêtre – 09 h 00 à 16 h 00 :
Organisation de stands de dépistage avec palpation mammaire et possibilité d’une mammographie/écho à l’issue si nécessaire et « buste d’autopalpation » avec Roche pour apprendre les gestes. Une ambassadrice (patiente) d’Amoéna sera également présente pour présenter les prothèses mammaires externes et lingerie, et des quizz seront proposés.
Des stands de la CPAM 94 et des associations Vivre comme avant, Jeune et Rose et Europa Donna seront également présents.
GHU AP-HP. Hôpitaux Universitaires Henri-Mondor
03/10 - Hôpital Henri-Mondor – 10 h 00 à 16 h 00 :
- Organisation de stands par Elite, les laboratoires Roche, les associations Patients en réseau et Mondorphine, la CPAM 94, la Mutuelle complémentaire des agents publics ainsi que les équipes du centre des maladies du sein Henri-Mondor, du centre coordination cancérologie et de la plateforme Calipsso.
- Animations autour de « L’art et la sénologie : une aide au service de la prise en charge globale des patientes » : ateliers participatifs et art thérapie avec l’artiste Marso Savaro et le fonds de dotation Artcurhope, découverte de la musicothérapie avec l’association Musique Sans Frontières.
- Une bulle « bien-être » avec séances de relaxation et massages de la plateforme Calipsso.
Du 01/10 au 04/10 - Hôpital Georges-Clémenceau :
- Ateliers créatifs et sportifs, proposant socio-esthétique et sophrologie animés par les professionnels de l’hôpital.
- Stands d’information et de sensibilisation autour de la prévention et de la palpation mais aussi atelier de sensibilisation avec la participation de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers, la Mutuelle complémentaire et la médiathèque.
GHU AP-HP. Centre-Université Paris Cité
07/10 - Hôpital européen Georges-Pompidou – 11 h 00 à 15 h 00 :
- Stands d’informations avec La Ligue contre le cancer, MIS Cancérologie, MNH et les associations Rosa Mouv, Reconstruction Sein Infos, Europa Donna, Elles dansent, Rendez-leur le sourire, Patients en réseau, Le Vent Bleu et onCOGITE.
- Ateliers de prévention et de soins avec le laboratoire Daiichi Sankyo et La Roche Posay.
- Conférence « l’après-cancer » autour des idées reçues, du parcours de soins et des innovations.
Hôpital Cochin - Port-Royal :
Stands d’information et de prévention avec autopalpation sur mannequin.
Hôpital Necker-Enfants malades :
Lancement d’une campagne de communication interne pour rappeler à toutes les professionnelles, la possibilité de réaliser leurs mammographies de contrôle dans l’unité de sénologie du service de radiologie de l’hôpital.
15/10 - Hôtel-Dieu – 12 h 00 à 15 h 00 :
Stands d’information et de prévention de Paris Après Cancer, filière Cancer et travail avec les équipes du service pathologies professionnelles et environnementales, mais aussi un atelier broderie avec la Fondation Cognacq Jay et des crêpes berbères.
GHU AP-HP. Nord - Université Paris Cité
09/10 – Hôpital Louis-Mourier – 09 h 30 à 16 h 00 :
- Échanges avec les équipes médicales et paramédicales de la PAM (plateforme ambulatoire médico-chirurgicale) et tests de connaissances à l’aide d’une roue.
- Présence de nombreuses associations et partenaires avec des stands d’informations (Ligue contre le cancer, La Roche Posay, INCa, ELITE), des stands bien-être tenus par l’association Evoleoz, un stand make-up ainsi qu’un stand orienté sur la pratique sportive dans la prise en charge oncologique par les associations Cami et Rose Pilate.
- Exposition photo de la mairie de Colombes.
09 et 12/10 – Hôpital Saint-Louis :
- 09/10 de 10 h 00 à 16 h 00 : dans le hall de l’hôpital Saint-Louis : village associatif, stands d’information et de discussion avec l’équipe du sénopôle, chorale des patientes et du sénopôle, représentation de danse, bulle de bien-être pour les patientes ou encore challenge vélo « pédalez contre le cancer du sein ! ».
- 12/10 de 09 h 00 à 14 h 00 : marche collective de Saint-Louis au parc des Buttes Chaumont puis évènement en extérieur avec des défis sportifs, concerts et tombola.
10/10 – Hôpital Bichat – 11 h 00 à 15 h 00
- Échanges autour du dépistage avec les professionnels des services de gynécologie, de diététique et de la Ligue contre le cancer, mais aussi autour du sport et de la beauté avec la Cami Sport&Cancer, Championnet Sport, Siel bleu, la Galerie des turbans, ANY d’AVRAY, CRLAB et BAHAN Paris.
- Ateliers de sophrologie, de réflexologie plantaire et massage des mains à l’huile, et spectacle et démonstration de danse afro caribéenne avec l’association Elles dansent.
Pour en savoir plus sur ces journées de mobilisation, consultez les sites internet des hôpitaux.
ENSEMBLE POUR AMÉLIORER L'HOSPITALISATION DES PATIENTES ATTEINTES DU CANCER DU SEIN
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[1] Brunt AM, Haviland JS, Sydenham M, Agrawal RK, Algurafi H, Alhasso A, Barrett-Lee P, Bliss P, Bloomfield D, Bowen J, Donovan E, Goodman A, Harnett A, Hogg M, Kumar S, Passant H, Quigley M, Sherwin L, Stewart A, Syndikus I, Tremlett J, Tsang Y, Venables K, Wheatley D, Bliss JM, Yarnold JR. Ten-Year Results of FAST: A Randomized Controlled Trial of 5-Fraction Whole-Breast Radiotherapy for Early Breast Cancer. Clin Oncol. 2020
[2] Murray Brunt A, Haviland JS, et al. ; FAST-Forward Trial Management Group. Hypofractionated breast radiotherapy for 1 week versus 3 weeks (FAST-Forward): 5-year efficacy and late normal tissue effects results from a multicentre, non-inferiority, randomised, phase 3 trial. Lancet. 2020 May 23;395(10237):1613-1626. doi: 10.1016/S0140-6736(20)30932-6.