Mis à jour le 13/11/2025
Réseaux sociaux et santé mentale : près de 600 000 cas supplémentaires de dépression chez les adolescents français selon une étude
Une étude des équipes de psychiatrie de l’hôpital Corentin-Celton révèle qu’un usage excessif des réseaux sociaux serait associé à 590 000 cas supplémentaires de dépression.
Les équipes du service de psychiatrie de l’hôpital Corentin-Celton AP-HP, de l’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’Institut de psychiatrie et neuroscience de Paris, ont développé un modèle de micro-simulation pour évaluer l'impact des réseaux sociaux sur le risque de dépression chez les adolescents en France. Cette étude révèle qu’un usage excessif des réseaux sociaux serait associé à 590 000 cas supplémentaires de dépression chez les jeunes nés entre 1990 et 2012.
En France, la prévalence annuelle de la dépression caractérisée chez les adolescents a fortement augmenté ces dernières années, passant de 2 % en 2014 à 9 % en 2021, une tendance particulièrement marquée chez les adolescentes. Cette évolution s’accompagne d’une augmentation rapide du temps passé sur les réseaux sociaux, estimé à 2 h 12 par jour en moyenne en 2021.
Les chercheurs ont développé une approche innovante de modélisation avec un modèle de micro-simulation inédit fondé sur les données démographiques françaises de 18,6 millions d’adolescents nés entre 1990 et 2012 et suivis entre 2000 et 2022. Ce modèle intègre 95 paramètres, tels que les habitudes d’utilisation des réseaux sociaux et les facteurs de risque classiques de dépression (adversités durant l'enfance et l'adolescence, pathologies chroniques, inactivité physique, obésité ou usage de substances). La validation de ce modèle a été réalisée sur des données américaines prospectives indépendantes.
Les résultats de ces simulations montrent que l’usage excessif des réseaux sociaux serait associé, chez cette génération d’adolescents, à :
590 000 cas supplémentaires de dépression au cours de leur vie ;
799 décès par suicide supplémentaires ;
137 000 années de vie en bonne santé perdues ;
3,94 milliards d’euros de coûts économiques et sociaux liés à ces troubles.
Ces chiffres soulignent l’enjeu majeur de santé publique que constitue l’impact des médias sociaux sur la santé mentale. A partir de ces résultats, les chercheurs ont testé plusieurs pistes concrètes de prévention :
la limitation de l’usage des réseaux sociaux à 1 heure par jour ;
le remplacement de 30 minutes de réseaux sociaux par 30 minutes d’activité physique ;
l’arrêt complet des réseaux sociaux.
À noter, toutefois, que cette micro-simulation ne permet pas d’établir un lien causal direct et repose sur des mesures d'exposition basées uniquement sur la durée d'utilisation, sans capturer le type de contenu consulté ou la nature de l'interaction entre utilisation active et passive. Elle représente néanmoins le plus haut niveau de preuve scientifique accessible pour étudier cette question, les essais cliniques randomisés à long terme n'étant pas réalisables pour des raisons éthiques et logistiques.
Les résultats suggèrent fortement que l’usage excessif des réseaux sociaux a contribué de manière substantielle à la hausse récente de la dépression chez les jeunes en France et qu’il est essentiel de renforcer l'information et les mesures de prévention ciblées pour les enfants et adolescents, particulièrement ceux à risque de dépression.
Pour en savoir plus : lire le communiqué de presse